Lors de la réunion des ministres du Pétrole à Riyad, le cartel estime qu'une hausse de la production ne fera pas baisser les prix. Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a indiqué à Riyad, qu'il n'y a pas d'inquiétudes sur le marché du pétrole du fait que les réserves de l'Opep sont suffisantes pour répondre à la demande mondiale à long terme. “L'étude faite par l'Opep a montré que les réserves de pétrole des pays membres peuvent répondre à la demande mondiale en pétrole pour de longues années encore, mais la question est de savoir comment va évoluer cette demande”, a-t-il déclaré au cours de la réunion ministérielle de l'Opep, entamée mercredi dernier et consacrée à la préparation du sommet des chefs d'Etat des pays de l'Opep, prévu pour aujourd'hui et demain dans la capitale saoudienne. L'Opep “fait toujours de son mieux pour répondre à la demande de pétrole et assurer l'équilibre même dans les périodes les plus difficiles”, a ajouté M. Khelil, rappelant qu'en 2003 et en dépit d'une chute brutale de sa production, l'organisation a su maintenir un certain équilibre pour éviter une hausse spectaculaire des cours. La question de la volatilité des prix du brut figurait en bonne place dans l'agenda de cette réunion ministérielle. Les ministres du Pétrole de l'Opep ont exprimé, à l'ouverture de leur conférence, une réelle préoccupation des douze pays membres à l'égard de la lancinante question de la volatilité des prix qui enregistrent pour l'instant record sur record. Selon les principaux intervenants, la demande en pétrole va augmenter pendant de longues années encore à la faveur des fortes croissances économiques enregistrées notamment en Chine, en Inde et au Brésil. Cette demande peut être satisfaite par l'Opep, mais la question est de savoir à quel niveau l'organisation peut intervenir pour assurer l'équilibre du marché international, a-t-on souligné. Baisse de la demande de brut en 2007 La flambée des prix du pétrole commence à avoir des effets sur la demande mondiale de brut dont la croissance de celle-ci (la demande) sera légèrement plus faible en 2007, a estimé l'organisation dans son rapport de novembre publié jeudi passé. “La croissance de la demande mondiale de brut pour 2007 devrait atteindre 1,2 million de barils par jour, soit 1,42% ce qui représente une révision à la baisse de 100 000 barils par jour” par rapport à la prévision du mois d'octobre, indique l'Opep. Le cartel a expliqué cette révision à la baisse par “l'hiver tardif en Amérique du Nord en parallèle avec les prix élevés du carburant qui semble réduire la consommation régionale de pétrole au 4e trimestre”. L'Opep restait plus que réticente à augmenter ses quotas de production hier à la veille du sommet de ses chefs d'Etat à Riyad, malgré un baril de brut toujours proche des 100 dollars et les risques croissants d'escalade entre les Etats-Unis et l'Iran. Les prix élevés du pétrole ne devraient pas être abordés frontalement, mais les observateurs ont en ligne de mire la réunion ministérielle d'Abou Dhabi prévue le 5 décembre prochain. D'autant plus que les prix de l'or noir, s'ils sont retombés par rapport à leurs sommets de la semaine dernière, restent très soutenus, à plus de 90 dollars à Londres et 93 dollars à New York. Les ministres du cartel semblaient, jeudi, peu enclins à favoriser une augmentation de la production pour faire baisser les prix de l'or noir. “La demande en pétrole va augmenter, en particulier celle du carburant pour les transports, mais les ressources sont suffisantes”, a assuré Chakib Khelil. Les prix du pétrole sont actuellement très volatils. Après avoir approché la semaine dernière les 100 dollars, ils ont perdu plus de sept dollars avant de remonter à nouveau, mercredi dernier, en raison d'inquiétudes sur les stocks de pétrole américains. Ils oscillaient, jeudi, à New York autour de 94 dollars lors des échanges électroniques. Plusieurs pays de l'Opep ont réaffirmé, ces derniers jours, qu'il ne fallait pas attendre du sommet de Riyad une décision sur une éventuelle augmentation de la production. “Tout indique qu'il y a suffisamment de pétrole sur le marché mondial et qu'une hausse de production n'aurait pas d'impact sur le prix mondial du pétrole”, a expliqué le ministre iranien du Pétrole Gholam Hossein Nozari. Interrogé sur la possibilité d'une telle hausse, M. Khelil a répondu : “Je ne pense pas pourquoi devrions-nous le faire ?” Chakib Khelil : “Je doute que les prix aillent au-delà de 100 dollars” Quant aux intentions du cartel à Abou Dhabi, le ministre de l'Energie et des Mines a écarté l'éventualité d'une hausse de production. “Nous l'avions dit lors de la dernière réunion de l'Opep à Vienne le 11 septembre, mais malgré cela, nous avons accepté une hausse de production d'un demi-million de barils par jour et les prix sont en fait montés”, a-t-il argué. L'Opep a notamment revu en baisse, jeudi, ses prévisions de demande pétrolière mondiale pour 2008, tablant sur une baisse de la demande mondiale dans la foulée du ralentissement économique aux Etats-Unis. “Nous ne pensons pas que les prix du pétrole vont monter, ni qu'ils iront au-delà de 100 dollars”, a ajouté M. Khelil. Les prix du pétrole devraient rester, selon lui, à leur niveau actuel jusqu'à la fin du 1er trimestre 2008 environ, puis diminuer ensuite. “Je doute que les prix aillent au-delà de 100 dollars”, a-t-il souligné. Car “il y a abondance de pétrole et des craintes de récession” aux Etats-Unis. Il a aussi noté un affaiblissement de la demande en Chine et aux Etats-Unis, voire une baisse. “Au 2e trimestre, nous attendons un affaissement, voire une baisse des prix à cause d'un repli de la demande”, a poursuivi le ministre. Chakib Khelil a réaffirmé aussi que l'Opep tablait sur une baisse des cours à partir du 2e trimestre 2008. Il juge que la récente flambée des prix a été provoquée par la crise “géopolitique résultant des risques d'invasion turque en Irak et des tensions autour du programme nucléaire de Téhéran”. L'Opep fait tout ce qu'elle peut pour que les prix soient convenables “pour les consommateurs”, a assuré M. Al-Hameli, ministre de l'Energie des Emirats arabes unis. “Mais il est clair que les facteurs (de hausse) sont hors du contrôle de l'Opep”, a-t-il affirmé. “En 2007, les prix augmentent même s'il y a assez d'offre” de pétrole, a souligné le président du cartel, estimant que “des facteurs géopolitiques, le temps, une spéculation agressive et la baisse du dollar” expliquent la hausse. Badreddine KHRIS