Un policier afghan gagné à la cause des talibans a retourné son arme contre ses collègues, tuant onze d'entre eux à un point de contrôle dans le Helmand, ont indiqué mardi des responsables de cette province instable du sud. L'incident est intervenu tard lundi, alors que les policiers dormaient dans leur baraquement à Lashkar Gah, capitale du Helmand, la province du pavot où les insurgés sont très implantés. "Un policier lié aux talibans a tiré sur onze de ses collègues, les tuant tous," a indiqué un responsable provincial sous couvert de l'anonymat. "Il a ensuite fui la zone, emportant toutes les armes et munitions". Les talibans ont revendiqué cette attaque. Les corps ensanglantés des policiers jonchaient le sol, nombre d'entre eux abattus à bout portant, a indiqué Shir Mohammad, un policier en poste à proximité. Les attaques dites "de l'intérieur", dans lesquelles des policiers ou soldats afghans retournent leurs armes contre leurs collègues ou contre les troupes internationales, surviennent régulièrement dans ce conflit en cours depuis plus de 15 ans. La précédente attaque similaire d'ampleur, en septembre, avait fait 12 morts parmi les soldats d'une caserne, tués dans leur sommeil par deux de leurs camarades à Kunduz, dans le nord. Les forces de sécurité afghanes, à la peine face à des talibans en pleine extension ne peuvent prévenir de telles attaques, d'autant qu'elles sont déjà fragilisées par des pertes record et des désertions massives. Lashkar Gah, l'une des dernières zones sous contrôle gouvernemental dans le Helmand, a été la cible d'offensives répétées des talibans. Les talibans contrôlent désormais de fait dix des quatorze districts du Helmand. Les insurgés y prélèvent l'essentiel de leurs revenus grâce aux taxes imposées à la culture du pavot. Pendant des années, la province a été le tombeau des soldats américains et britanniques qui y ont perdu des centaines d'hommes. Alors que la fin de l'hiver approche, les autorités redoutent un regain de violence après les échecs répétés de toute tentative de négociation avec les talibans. Les forces américaines en Afghanistan ont réclamé "quelques milliers d'hommes supplémentaires" pour faire face aux offensives et regagner le terrain perdu par l'armée afghane. Le Pentagone a notamment annoncé le déploiement de 300 Marine dans le Helmand au printemps, dans le cadre de l'opération de l'Otan Resolute Support de soutien aux forces gouvernementales.
L'Afghanistan n'est une menace pour aucun pays D'autre part, le président afghan Ashraf Ghani a indiqué lundi que son pays était indépendant et ne serait utilisé contre aucune nation. "Notre pays, l'Afghanistan, est un pays indépendant, et restera toujours indépendant. L'Afghanistan n'est une menace pour aucun pays", a déclaré M. Ghani dans un discours prononcé lors d'une cérémonie organisée à l'aéroport militaire de Kaboul pour marquer la Journée nationale des forces de sécurité et de défense. "Ceux qui veulent faire de l'Afghanistan un champ de bataille mourront avec leurs esprits vicieux", a martelé le président, dénonçant le militantisme qui prévaut actuellement dans son pays en proie aux rébellions, le considérant comme une des conséquences de l'ingérence étrangère. Saluant le courage des forces de sécurité, non seulement dans la lutte contre les rebelles, mais également dans leurs efforts pour assurer la paix et la sécurité dans le pays, M. Ghani a affirmé que les forces afghanes avaient déjoué de nombreuses tentatives d'attaques ennemies. "Nous voulons vivre dans un Afghanistan pacifique, prospère et stable", a souligné le président Ghani.