La Réserve fédérale relèvera probablement ses taux d'intérêt ce mois-ci puis à nouveau d'ici la fin de l'année, a fortement laissé entendre vendredi Janet Yellen, dont le discours n'a fait que confirmer le scénario anticipé par les investisseurs. La présidente de la Fed a évoqué à l'appui de son propos un contexte économique en partie libéré des craintes qui ont amené la banque centrale américaine à maintenir le coût du crédit à un niveau quasi-nul pendant une décennie. "Lors de notre réunion ce mois-ci, le comité examinera si l'emploi et l'inflation continuent d'évoluer conformément à nos anticipations, auquel cas un nouvel ajustement du taux des fonds fédéraux serait probablement approprié", a dit Janet Yellen devant l'Exécutives Club de Chicago. Ces propos vont dans le sens de ceux tenus en milieu de semaine par plusieurs autres responsables de la Fed, qui ont déjà évoqué une possible hausse de taux lors de la prochaine réunion du comité de politique monétaire les 14 et 15 mars prochains. Pour les observateurs, le doute n'est plus permis et, sur le marché des contrats à terme, les traders estiment désormais à 86% la probabilité d'un resserrement monétaire en mars contre 35% mardi, selon le baromètre FedWatch de CME Group. "Je pense qu'une hausse de taux fait bien plus que figurer sur la table. Je pense que c'est une affaire entendue", dit Chuck Carlson, directeur général d'Horizon Investment Services. Janet Yellen a aussi déclaré que le rythme du resserrement monétaire aux Etats-Unis devrait être plus rapide cette année qu'en 2015 et 2016, deux années au cours desquelles la Fed n'a à chaque fois relevé ses taux qu'à une seule reprise. Lors de son dernier tour de vis monétaire en décembre 2016, la Fed avait évoqué trois hausses de taux cette année.
La fed ne se détermine pas encore en fonction de Trump Les déclarations de Janet Yellen ont à peine fait réagir les marchés actions mais, comme elles ne font que confirmer le scénario déjà prévu, elle ont en revanche affaibli le dollar, victime de prises de bénéfices. Le billet vert a cédé environ 0,7% face à un panier de devises de référence (.DXY) et il est remonté à 1,06 dollar pour un euro. "Il y a beaucoup d'éléments positifs désormais intégrés dans les valorisations sur le marché et je pense que nous allons probablement assister à des prises de bénéfices. Je pense donc que nous allons voir le dollar faiblir à partir de maintenant", commente Douglas Borthwick, directeur exécutif chez Chapdelaine Foreign Exchange. Janet Yellen a souligné que l'objectif de la Fed en termes d'emploi était largement atteint et que l'inflation se redressait. "Dans l'ensemble, les perspectives en faveur d'une poursuite de la croissance économique modérée semblent encourageantes, particulièrement parce que les risques émanant de l'étranger semblent s'être quelque peu amenuisés", a-t-elle dit. Les chiffres de l'inflation publiés mercredi montrent que les prix à la consommation ont enregistré en janvier leur plus forte progression mensuelle en quatre ans, avec une hausse de 1,9% sur un an quand l'objectif de la Fed est de 2%. Le prochain rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis sera publié le 10 mars. Les dernières données placent le taux de chômage à 4,8%. Les responsables de la Fed ont constaté un renforcement de l'optimisme des entreprises et des investisseurs depuis la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle du 8 novembre aux Etats-Unis. Janet Yellen a déclaré vendredi que la Fed se déterminait pour l'instant en fonction de l'état de santé de l'économie américaine et non pas des éventuelles mesures que prendra le nouveau président américain, qui a promis baisses d'impôts, dérégulation et relance budgétaire. "Pour le moment, il y a beaucoup d'incertitudes sur les changements de politique qui seront mis en œuvre (...) Nous devrions faire preuve de patience pour attendre de voir ce qu'il se passe", a dit la présidente de la Fed.
L'activité des services au plus haut depuis 2 ans La croissance du secteur des services a été plus soutenue qu'on ne s'y attendait en février aux Etats-Unis, alors que les économistes anticipaient une stagnation, montrent vendredi les résultats de l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM) auprès des directeurs d'achats. L'indice ISM des services est ressorti à 57,6 le mois dernier contre 56,5 en janvier et alors que les économistes interrogés par Reuters attendaient en moyenne un indice de 56,5. L'indice est au plus haut depuis octobre 2015. Le sous-indice de l'activité dans les services est en hausse, à 63,6 contre 60,3 en janvier, au plus haut depuis février 2011, et celui de l'emploi progresse légèrement, à 55,2 contre 54,7. L'indice des nouveaux contrats s'est lui aussi amélioré, passant à 61,2 contre 58,6 en décembre, au plus haut depuis août 2015, alors que la composante des prix payés par les prestataires de services a fléchi à 57,7 contre 59,0 en janvier, ce qui était son plus haut niveau depuis avril 2014. Par ailleurs, l'indice PMI Markit du secteur des services est ressorti en baisse en février, à 53,8 en version définitive, contre une première estimation à 53,9 et 55,6 en janvier.