La banque centrale américaine n'augmentera pas ses taux d'intérêt avant juin et les difficultés économiques de la Chine et de l'Europe devraient inciter la Fed à attendre après l'été avant éventuellement, de resserrer sa politique monétaire. Janet Yellen n'a pas laissé de doute mardi lors de son audition devant une commission du Sénat américain: le loyer de l'argent aux Etats-Unis restera encore très favorable pendant un moment. "Il est peu probable que les conditions économiques autorisent un relèvement" des taux d'intérêt au jour le jour "au cours au moins des deux prochaines réunions" du Comité monétaire de la Fed, a déclaré Mme Yellen, dans le langage prudent qu'affectionnent les banquiers centraux. "Si les conditions économiques continuent de s'améliorer, comme il le prévoit, le Comité commencera à considérer une hausse des taux (...) d'une réunion à l'autre", a ajouté la présidente. Mais il prendra soin de prévenir bien en amont afin de ne prendre personne par surprise et d'éviter tout choc à une reprise économique encore fragile. Pour éviter tout malentendu, Mme Yellen a bien souligné que le fait de changer la manière dont la Fed décrit son orientation de politique monétaire --une indication de ses intentions en matière de taux d'intérêts-- ne veut pas dire qu'elle les augmentera "nécessairement". Les taux d'intérêt aux Etats-Unis sont proches de zéro depuis fin 2008 afin d'aider l'économie à se remettre de la plus grave crise depuis les années 30 et la Fed a mené parallèlement une politique monétaire aussi massive que créative pour relancer la première économie mondiale.
Soutenir l'amélioration de l'emploi Une hausse serait la première en près d'une décennie. "Un haut degré de souplesse monétaire demeure approprié pour soutenir l'amélioration de l'emploi et aider à un retour de l'inflation autour de 2%", a indiqué Mme Yellen. La Fed, contrairement à son homologue de la zone euro, a pour obligation statutaire de contribuer non seulement à la stabilité des prix mais aussi à l'emploi. Soulignant que le taux de chômage est tombé à 5,7%, contre 10% fin 2009, et que le rythme de créations d'emplois est passé à 280 000 par mois au deuxième semestre de 2014 après 240 000 pour la première moitié de l'année, la responsable de la Fed a mis en avant "les progrès considérables" du marché du travail "sur plusieurs plans". Elle a cité le déclin des chômeurs de longue durée, le recul des emplois à temps partiel faute de trouver mieux et l'augmentation du taux de rotation des employés. Mais elle a signalé dans le même temps que l'augmentation des salaires demeurait "faible". Du côté de l'inflation, qui reste anémique notamment du fait de l'effondrement des prix de l'énergie, Mme Yellen a répété qu'elle risquait de décliner encore à court terme. Mais le Comité monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) s'attend à ce qu'elle remonte à moyen terme vers l'objectif de 2% qu'il vise. L'inflation se situe actuellement à 0,8% seulement sur un an, selon l'indice PCE, le plus observé par la Fed. Evoquant la conjoncture à l'étranger, Mme Yellen a reconnu que le ralentissement de la croissance en Chine et la faible reprise assortie d'une inflation "très faible" en Europe pouvait "poser des risques" pour la croissance américaine. Mais il n'est pas exclu, a-t-elle ajouté, qu'en zone euro l'activité économique réponde "mieux que prévu" au stimulus monétaire apporté par la Banque centrale européenne (BCE). Aux Etats-Unis, la chute des prix du pétrole va "probablement représenter un avantage net significatif pour l'économie", a encore signalé Mme Yellen, même si cela implique un déclin d'activité du côté des producteurs d'énergie et "peut-être des pertes d'emplois" dans le secteur.
Baisse du moral des ménages en février Le moral des ménages aux Etats-Unis a fortement baissé en février à 96,4 pour 103,8 en janvier, selon l'indice de confiance des consommateurs américains publié par le Conference Board. L'indice a perdu 7,4 points par rapport à janvier, mois pour lequel le chiffre a été légèrement relevé par rapport au chiffre initial qui était de 102,9 points. Les analystes tablaient sur une baisse moins forte de 3,3 points. "Après une large progression en février, la confiance des consommateurs a reculé en février mais reste néanmoins au-dessus de ses niveaux d'avant la récession", a souligné Lynn Franco, directrice des indicateurs au Conference Board. Elle a souligné que les attentes des consommateurs sur la situation actuelle restaient positives mais que les attentes à court terme ont reculé. Le nombre de consommateurs estimant que les conditions actuelles sont bonnes a baissé de 28,2% en janvier à 26% en février mais le nombre de ceux estimant qu'elles sont mauvaises à également reculé de 17,3% à 17%. Pour les perspectives à court terme, la proportion des consommateurs estimant que les conditions allaient s'améliorer sur les six prochains mois a également baissé de 18,9% en janvier à 16,1% en février alors que ceux jugeant qu'elles allaient se détériorer est passé de 8,2% à 8,7%. Les analystes de BMO Capital Markets ont rappelé que si la confiance des consommateurs avait baissé en février, elle avait atteint des niveaux très élevés le mois précédent, se portant à des sommets depuis août 2007. "Le niveau de février est toujours très haut, le deuxième plus haut depuis septembre 2007 et il ne faut pas trop s'inquiéter de la baisse" de février, a souligné Jennifer Lee, senior économiste chez BMO Capital Markets. "Ce qui est toutefois un peu plus inquiétant est que moins de consommateurs ont indiqué que les emplois étaient abondants, pour la première fois en plusieurs mois, alors qu'un plus grand nombre a estimé qu'ils étaient plus difficiles à obtenir", a-t-elle souligné. L'indice du Conference Board indique que l'optimiste des consommateurs pour le marché de l'emploi s'est tempéré. Le nombre de ceux s'attendant à davantage d'emplois dans les mois à venir a baissé de 14,8% en janvier à 14,3% en février. La proportion de ceux s'attendant à une croissance de leurs revenus à également baissé de 19,5% à 15,1% alors que la proportion de ceux anticipant une baisse est passée de 10,8% à 12%.