Si le plumage du nouveau Q5 illustre à merveille le conservatisme prudent d'Audi, l'évolution de son ramage répond aux souhaits des clients : davantage de confort et de sobriété, ainsi qu'une somme de gadgets à rendre jaloux le Mercedes GLC. Après la berline A4 en 2015 et dans la foulée du coupé et du cabriolet A5 présentés à l'automne dernier, le SUV Q5 est la troisième Audi à venir grossir les rangs des modèles que l'on peine à distinguer de leurs prédécesseurs. Triste privilège aux dires de certains, réussite enviable à en croire les autres. Les jaloux feront remarquer que l'Audi Q5 (né en 2008) n'aurait probablement pas aussi bien résisté au poids des ans s'il n'avait été porté par l'explosion de la demande pour les véhicules de loisirs. Cette déferlante aura permis au Q5 comme au Volkswagen Tiguan et au Volvo XC60 (Cliquez pour lire nos premières impressions à bord du nouveau Volvo XC60 dévoilé au Salon de Genève 2017) d'échapper à cette règle qui veut qu'un modèle voit la courbe de ses ventes piquer du nez à l'approche du quatrième anniversaire de sa naissance. Pour preuve, l'Audi Q5 peut se targuer d'avoir systématiquement battu son record de ventes année après année. En France, l'Audi Q5 n'aura abandonné au profit du Mercedes-Benz GLC la première place du segment des SUV premium qu'en toute fin d'année 2016, lorsque les clients ont préféré attendre l'arrivée de son remplaçant présenté au Mondial de l'Automobile de Paris. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne seront pas dépaysés. Un peu de Q7 et beaucoup d'A4 dans l'Audi Q5 Les admirateurs de la constance avec laquelle Audi dessine ses carrosseries feront remarquer que même la berline Audi A4 se contente d'évoluer par petites touches. Alors qu'elle bataille sur un segment du marché en baisse où la concurrence fait rage. C'est qu'il existe de bonnes raisons pour les designers Audi d'user de ce conservatisme prudent. En évitant de démoder trop rapidement le modèle sortant, ils lui épargnent l'infamie d'une décote trop rapide sur le marché de l'occasion. Ce qui encourage le client à rester fidèle à la marque. Tout le monde est gagnant. "On ne reproche pas à un Range Rover de ressembler à un Range Rover", résume avec malice Xavier Benoît, Responsable Relations publiques Audi France. "Pourquoi dès lors, vouloir tenir rigueur à l'Audi Q5 de vouloir rester fidèle à lui-même ?" C'est le futur Audi Q8 qui apportera du neuf l'an prochain avec sa calandre octogonale plus qu'hexagonale qu'il imposera progressivement au reste de la gamme (cliquez découvrir l'Audi Q8 Sport Concept présenté au Salon de Genève). Robe familière mais équipements nouveaux A l'intérieur, les choses évoluent plus sensiblement. Là encore, c'est précisément ce que les propriétaires de Q5 exigent. Autant l'idée d'être vus au volant d'un véhicule connu et reconnu leur plaît, autant ils réclament que la présentation intérieure se maintienne à la pointe de la mode. Ce qui implique, en cette ère du tout-numérique, de réviser à la hausse la taille et la résolution des écrans. Pas question de déchoir face au tout récent Mercedes-Benz GLC. Sans surprise, l'Audi Q5 adopte à son tour l'inévitable Audi Virtual Cockpit vu pour la première fois sur le coupé Audi TT en 2014. A l'heure où cette dalle de 12,3 pouces de diagonales'invite sur le SUV Kodiaq de la marque sœur Skoda (réputée plus humble), il paraîtrait normal qu'Audi le fournisse d'office sur tous ses Q5. Ce n'est pas encore le cas : la version d'entrée de gamme en est dépourvue. Mesquin. Quant à l'écran central posé au-dessus des aérateurs, il n'est toujours pas tactile (puisque la très ergonomique molette MMI reprend du service), il s'étale sur 8,3 pouces. Ou bien sur 7 maigres pouces seulement, pour le cas où vous ne travailleriez pas assez dur. Côté tarifs, l'Audi Q5 ne fait toujours pas de cadeau D'une génération à l'autre et à motorisation équivalente, l'Audi Q5 voit ses tarifs augmenter : de 1.500 euros en moyenne selon le constructeur mais parfois de plus de 5.000 euros dans le cas de la finition Avus. On ne trouve rien à moins de 40.000 euros. Officiellement, cette hausse est plus que compensée par l'enrichissement de l'équipement. Cela n'empêche pas le Q5 de continuer de facturer en sus ce que des véhicules de marques moins prestigieuses fournissent de série. Si tous les Audi Q5 ont désormais droit à l'accès mains-libres, au hayon motorisé, à la banquette arrière en trois parties (40/20/40) et aux très convoités feux de direction à défilement, le système d'amortissement piloté et l'affichage tête-haute figurent encore au rang des options. Maigre consolation, leur prix baisse (1.190 euros, l'un et l'autre). Comme sur l'A4, la technologie des phares au xénon disparaît définitivement au profit des diodes mais le chargeur de téléphone par induction est en option à 430 euros sur les deux premiers niveaux d'équipement. Alors qu'on le trouve dans une modeste Seat Leon. La différence ? Sur le Q5, il coulisse dans l'accoudoir pour révéler tantôt le porte-gobelet, tantôt un vide-poche. Habitabilité en hausse. De peu Le recours à la plateforme MLQ Evo à trains roulants tout-aluminium étrennée par l'Audi A4 permet au nouvel Audi Q5 de compenser l'influence néfaste sur sa masse d'une course à l'équipement qu'il serait bien en peine de ralentir. Officiellement, la version la plus modeste pèse 90 kilogrammes de moins que sa devancière, alors que la carrosserie s'allonge de 3,40 centimètres et s'étire sur un empattement accru de 1,20 centimètres. Voilà qui profite aux passagers arrière qui - une fois la banquette coulissante optionnelle (à 420 euros) reculée au maximum - pourraient se croire l'espace d'un bref instant à l'arrière du grand frère Audi Q7. L'espace aux genoux augmente de 10 millimètres et la garde-au-toit de 16 millimètres par rapport à l'ancien Q5. Le coffre à bagages profite de cette modularité. Dossier relevé, le volume de chargement varie de 550 à 610 litres (+ 10 litres par rapport à l'ancien Q5) en fonction de l'avancement de la banquette. Lorsque ce dernière est rabattue, le Q5 engouffre officiellement 1.550 litres de bagages. Plus agile (un peu) et plus confortable (de beaucoup) Pour la première fois, l'Audi Q5 peut être équipé d'une suspension entièrement pneumatique, au lieu de la combinaison plus ordinaire entre ressorts métalliques et amortisseurs à loi variable. De quoi survoler les chemins cahoteux et justifier son prix de 2.350 euros. Même sans cette suspension sophistiquée, le nouvel Audi Q5 fait oublier les inconvénients traditionnels d'un véhicule lourd au centre de gravité élevé : le gros SUV vire avec davantage d'entrain et tolère mieux les changements brusques de cap. Néanmoins le Porsche Macan paraît plus dynamique et plus incisif, alors qu'il repose sur la plateforme du précédent Q5. Audi a volontairement privilégié le confort et la stabilité en choisissant une direction très démultipliée, même si passer en mode sport la rend un peu plus directe. La cure d'amaigrissement et la finesse aérodynamique de l'Audi Q5 n'expliquent pas à elles seules la réduction annoncée de l'appétit des trois moteurs Diesel et du seul moteur à essence proposés au lancement. A l'instar du Q7 ou bien de la Porsche Panamera (lire notre Essai de la Porsche Panamera), l'Audi Q5 adopte un régulateur de vitesse qui sait interpréter la cartographie du GPS pour anticiper les ralentissements (virage, entrée de village, croisement) et tirer le plein avantage de la fonction roue libre intégrée à la boîte de vitesses automatique. Ce même régulateur de vitesse est suffisamment intelligent dorénavant pour gérer seul les arrêts et les démarrages incessants qui rendent si pénible la circulation dans les embouteillages de 0 à 65 km/h. Jusqu'à 3 km/h, le conducteur est même autorisé à retirer ses mains du volant. Cette fonction devrait connaître un certain succès en concession. Car outre le fait qu'on y prend vite goût, elle offre au client l'occasion d'épater ses amis et de moucher les propriétaires de Mercedes GLC. Au contraire du freinage d'urgence ou de la détection des piétons et des cyclistes qui n'émeuvent plus grand monde.