Après le lancement en 2015 du SUV XC90, Volvo confirme sa volonté d'attaquer de front Audi, BMW et Mercedes-Benz, avec sa nouvelle berline de luxe S90. Volvo n'a jamais semblé avoir autant d'ambitions que depuis son rachat par la Chinois Geely. Auparavant propriété de Ford, le constructeur suédois devait composer avec la présence d'autre marque haut-de-gamme au sein du groupe. La concurrence interne avec Lincoln, mais aussi et surtout Jaguar et Land-Rover limitait clairement son champ d'action, réduit principalement à des familiales et SUV chics et sécuritaires. Maintenant, le nouveau propriétaire a d'autres ambitions. Comme l'Indien Tata a su le faire avec Jaguar et Land Rover, Geely a tenu à conserver le centre de recherche et développement de Volvo là où il a toujours été, à Göteborg en Suède. Ceci au bénéfice de l'image et de l'identité des modèles de la marque, bien sûr, mais aussi et surtout de la gamme Geely, qui commence à récupérer les technologies installées dans les modèles Volvo. Les Suédoises ne deviennent pas Chinoises, c'est bel et bien l'inverse qui se passe. Li Shufu, le P-DG de Geely et fils de riziculteur, tient avec cette marque sa revanche face à l'aristocratie chinoise qui le méprise du fait de ses origines modestes. Il compte ni plus ni moins faire de Volvo l'égale des trois ténors allemands du haut-de-gamme que sont Audi, BMW et Mercedes-Benz. La première étape de cette stratégie de défiance envers un trio qui semble indéboulonnable s'appelle XC90. Le récent SUV remplace certes un modèle déjà existant, mais il a profité du changement de génération pour monter nettement en gamme. Dans le viseur : les Mercedes-Benz GLE, BMW X5 et Audi Q7. Sur les 11 milliards de dollars alloués à Volvo pour sa renaissance par Geely, 8 milliards ont été consommés dans le développement du XC90. Cela ne signifie pas que les modèles suivants, dont la S90 qui nous intéresse aujourd'hui, ont été conçus au rabais. Cela veut simplement dire que le grand SUV est la pierre angulaire technique de la nouvelle gamme Volvo. Celui-ci a en effet inauguré une nouvelle plateforme, une nouvelle famille de moteurs ainsi qu'un système hybride rechargeable, aujourd'hui indispensable pour répondre aux objectifs fixés par l'Union Européenne en termes d'émissions de CO2.
Une berline étroitement dérivée du SUV En toute logique, la nouvelle S90 qui fera sa première mondiale au Salon de Detroit en janvier 2016 fait son marché dans la banque d'organes Volvo nouvellement créée. Elle repose donc sur la plateforme modulaire SPA, bien entendu déclinée sur toute la gamme 90 (qui comprend donc le SUV XC90 et cette berline S90, en attendant un break V90), mais qui servira de base également aux remplaçantes des S60, V60 et XC60. Malgré un empattement plus court que le XC90 (2,94 m contre 2,99 m), la S90 le toise d'un petit centimètre, culminant en longueur à 4,96 m. La largeur de 1,88 m est également généreuse, alors que le volume de coffre est juste moyen pour la catégorie, avec 500 litres. Voilà qui place cette grande berline pile en face des Audi A6, BMW Série 5 et autre Mercedes-Benz Classe E qu'elle veut concurrencer. La bataille avec cette dernière devrait démarrer sur les chapeaux de roues, puisque l'Etoile a également décidé de se dévoiler au Salon de Detroit. Sous le capot également, on retrouve les motorisations du XC90. Ces blocs quatre-cylindres très récents sont issus de la famille Drive-E, spécifique à Volvo. En essence, le T6 qui développe 320 ch est livré d'office avec la transmission intégrale et la boîte automatique à huit rapports Aisin. Couplé à un moteur électrique de 87 ch situé dans le train arrière et une batterie lithium-ion d'une capacité de 9,2 kWh, ce bloc forme un système hybride rechargeable dénommé T8 Twin Engine. Comme le XC90, la S90 peut alors parcourir environ 45 km par la seule force des électrons, tout en promettant un certain dynamisme (performances encore non communiquées), grâce aux 407 ch disponibles. Sur le cycle européen, les émissions de CO2 sont contenues à 44 g/km, ce qui permet de convoiter le bonus maximal pour les hybrides rechargeables. Du côté des Diesel, le quatre-cylindres D4 ouvre le feu avec une puissance de 190 ch et une boîte manuelle à six rapports. Ce même bloc s'appelle D5 lorsque sa puissance passe à 235 ch. Il profite alors de la boîte automatique à huit rapports. Notons que dans la S90, le D5 dispose d'une innovation inédite dénommée Power Pulse. Il s'agit d'une bonbonne d'air comprimée, libérée lors des accélérations franches pour entraîner le turbo compresseur et diminuer son temps de réponse. Si elle reprend bien évidemment tout l'attirail technologique du XC90, la Volvo S90 a tout de même droit à quelques primeurs, à commencer par une évolution du système Pilot Assist. Simple assistant de conduite en embouteillages jusqu'ici, il permet désormais de réguler la vitesse et la direction, jusqu'à une allure de 130 km/h. Par ailleurs, la berline suédoise inaugure un système de détection des grands animaux, ainsi qu'un système de prévention des sorties de route, capable d'agir sur les freins comme sur la direction. Avec ces technologies, le constructeur espère se rapprocher de son objectif de zéro morts en Volvo à l'horizon 2020. Pour l'instant, Volvo n'a pas encore dévoilé les tarifs de sa nouvelle berline, qu'on imagine légèrement inférieurs à ceux du XC90. Cette S90 qui pousse vers la sortie la S80 se révèle donc bien plus ambitieuse, avec une amplitude de gamme plus large, pour aller chercher la concurrence établie. Face à des rivales féroces, le constructeur suédois a également soigné la finition et le style. Inspirée par les derniers concept-cars de la marque (en particulier le Concept Coupé pour la partie arrière), cette berline se veut flatteuse et statutaire. Il ne faut rien laisser au hasard pour séduire une clientèle très exigeante.