Hermès a publié des résultats annuels en forte hausse et une rentabilité record, dopés par les brillantes performances de sa maroquinerie dont la croissance pourrait revenir à des niveaux plus "normaux" en 2017. Le sellier, célèbre pour ses sacs Birkin ou ses carrés de soie, a vu son résultat opérationnel grimper de 10% en 2016 à 1,70 milliard d'euros (consensus de 1,69 milliard), pour une rentabilité record de 32,6%, grâce à un impact favorable de couvertures de change et à la contribution de la maroquinerie, première division du groupe dont les ventes ont décollé de 14%. "Les résultats confirment la solidité d'Hermès (...) L'année s'est passée mieux que prévu" s'est félicité Axel Dumas, gérant du groupe, lors d'une conférence téléphonique avec la presse. Ils sont d'autant plus vertueux qu'il y a eu peu d'effets de périmètre et de prix, a-t-il ajouté. Hermès a ouvert trois magasins l'an dernier, au Brésil, en Chine continentale et à Macao, et relevé ses prix de 3% dans la zone euro, sans les augmenter dans le reste du monde. Axel Dumas a reconnu avoir été "surpris" par la dynamique de la demande pour les sacs, avec en particulier une forte montée en puissance de la jeune clientèle chinoise "qui a acquis une connaissance de nos savoir-faire avec une phénoménale rapidité". Après une année exceptionnelle, où les stocks de sacs ont été vidés, la maroquinerie devrait selon lui revenir en 2017 vers des niveaux proches de sa croissance de long terme d'environ 8%. En Chine, où le sellier a été beaucoup plus mesuré que ses concurrents dans l'expansion de son réseau, Hermès va ouvrir son 24e magasin en 2017 et poursuivra ses ouvertures au rythme d'une boutique par an environ. Effets neutres des changes en 2017 Le groupe comptait 315 magasins dans le monde à la fin 2016, un chiffre "à peu près stable depuis cinq ou six ans", selon Axel Dumas. Après des chiffres jugés très solides par les analystes mais conformes aux attentes, le titre Hermès cède 0,46% à 426,5 euros à 13h20, en ligne avec le recul de l'indice SBF120 (-0,49%). La valeur, qui signe une hausse de 10% depuis le début de l'année, se traite sur des multiples de valorisation très élevés de 34,5 fois les résultats estimés pour 2018, contre 20,11 fois pour LVMH et 24,5 fois pour Richemont. Certains analystes comme ceux de Bryan Garnier et d'Aurel-BGC regrettent l'absence de dividende exceptionnel malgré "une très bonne génération de cash et une forte progression de la trésorerie nette, qui atteint 2,32 milliards d'euros". Pour 2017, Hermès dit conserver un objectif "ambitieux" de progression de ses ventes à taux de changes constants. Il avait renoncé, en septembre 2016, à la publication d'objectif de croissance pour se laisser plus de flexibilité face aux incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires. Axel Dumas a seulement indiqué que les effets de couvertures de changes seraient neutres sur la marge en 2017. Il n'a pas souhaité commenter les effets d'une éventuelle hausse des barrières douanières aux Etats-Unis et a confirmé la relance du site de e-commerce pour le courant de l'année. Il a également exclu une diversification dans les lunettes, un métier de licences où Hermès n'a jamais voulu s'engager, alors que Kering vient d'annoncer un partenariat avec Cartier et que LVMH a fait un pas vers le contrôle de la production de ses marques. Le sellier a bouclé une année contrastée pour le secteur du luxe sur une croissance organique de 7,4%, faisant mieux que LVMH, dont la croissance a atteint 6%, mais légèrement moins bien que Kering, dont le pôle luxe a progressé de 7,8% grâce à l'envolée de Gucci et Saint Laurent. Son résultat net consolidé a grimpé de 13%, franchissant la barre du milliard d'euros à 1,10 milliard, et le dividende proposé a été augmenté de 12% à 3,75 euros.
LVMH et De Beers mettent fin à leur coentreprise de distribution Le groupe De Beers a annoncé avoir racheté à LVMH ses parts dans la coentreprise de distribution de joaillerie qu'il détenait depuis 2001 avec le groupe français. Le géant sud-africain du diamant, filiale du groupe minier britannique Anglo American, avait créé à parité avec LVMH une structure baptisée De Beers Diamond Jewellers et dédiée à la distribution. L'entreprise compte aujourd'hui 32 magasins situés dans 17 pays avec notamment des boutiques à Londres, Paris et New York. "En intégrant totalement De Beers Diamond Jewellers au sein du groupe, nous pourrons avoir une offre de diamants plus différenciée, aux côté de notre marque Forevermark", a indiqué De Beers dans un communiqué. A la création de De Beers Diamond Jewellers, les deux groupes avaient dit vouloir y investir 200 millions de dollars chacun sur cinq ans. Mais entre-temps, LVMH a considérablement étoffé son pôle de joaillerie avec le rachat de l'italien Bulgari, en 2011, une acquisition stratégique qui a hissé le groupe parmi les grands acteurs mondiaux du secteur. Selon des analystes, les ventes de la coentreprise sont restées "très limitées" et la sortie de LVMH sans impact matériel sur les comptes du groupe. "LVMH a finalement décidé de se débrancher d'une JV qui avait été créée alors que le groupe n'avait pas de forte présence dans la joaillerie", souligne Luca Solca, analyste d'Exane BNP Paribas. La situation est "très différente aujourd'hui et il semble donc plus approprié de tourner la page et de remiser cette expérience du côté des dossiers qui n'ont pas marché", ajoute-t-il. Le montant des ventes réalisées par la coentreprise et celui de la transaction n'ont pas été rendus publics. Le groupe LVMH s'est refusé à tout commentaire.