LVMH est en train de finaliser un important projet de plate-forme de e-commerce qui devrait accueillir les multiples marques du groupe de luxe et voir le jour d'ici à l'été, ont déclaré à Reuters des sources proches du dossier. "Cette plate-forme devrait offrir une très importante visibilité aux différentes marques de LVMH", a dit l'une d'entre elles. Elle offrira aussi d'autres marques n'appartenant pas au groupe, a-t-elle ajouté. Le projet est piloté par Ian Rogers, recruté chez Apple en septembre 2015 par LVMH pour accompagner son évolution dans le commerce en ligne et le digital. Interrogé, le groupe LVMH s'est refusé à tout commentaire. Jusqu'ici, la stratégie de LVMH en matière de e-commerce a été très décentralisée, laissant chaque griffe décider de son engagement. Si certaines, comme Louis Vuitton ou Fendi, vendent en ligne depuis déjà longtemps, d'autres comme Céline ne disposent pas de site marchand. Aux Etats-Unis, le site de e-commerce de Sephora, la plus active en termes de ventes en ligne dans un secteur - la cosmétique - de plus en plus digitalisé - est devenue le premier magasin de la chaîne. Les ventes en ligne de LVMH ont totalisé 2,0 milliards d'euros en 2016 (soit 5,3% du chiffre d'affaires), a indiqué le directeur général délégué du groupe Antonio Belloni, à l'occasion des résultats annuels. A l'heure où la croissance du secteur se "normalise" après des années explosives et où les réseaux des magasins des grandes griffes ont atteint leur maturité, l'accélération du e-commerce constitue une nécessité absolue pour une industrie qui a tardivement pris le chemin du digital. En outre, les marques doivent répondre aux nouveaux modes de consommation des jeunes clients du luxe, ultra-connectés et qui achètent de plus en plus via leur mobile. "Toutes les marques de luxe ont fait du digital leur priorité", souligne Luca Solca, analyste d'Exane BNP Paribas. Le e-commerce comptait pour seulement 7% des ventes du luxe en 2015, contre 6% en 2014, alors que le cabinet ContactLab calcule que les clients du "multicanal" dépensent 50% de plus que ceux qui achètent uniquement dans les boutiques. Gucci, la griffe phare de Kering qui connaît un succès foudroyant depuis son changement de cap artistique, a vu ses ventes en ligne grimper de plus de 10% au dernier trimestre de 2016. Chanel, qui avait annoncé le lancement d'un site en 2016, n'a pas encore dévoilé son projet, tandis qu'Hermès a promis une refonte de son site pour cette année. Selon les estimations du Boston Consulting Group, l'industrie du luxe va passer d'un rythme de croissance de 8% à 10% par an au cours des dernières décennies à 2%-5%, au mieux, dans les années à venir.