Les principales Bourses européennes ont ouvert lundi en repli assez net, les investisseurs délaissant les actions au profit d'actifs jugés plus sûrs dans le sillage de l'échec de Donald Trump à faire abroger l'Obamacare. Le revers infligé au président américain pour le premier test législatif de son mandat limite les prises de risques sur les marchés actions tandis que le dollar se replie et que l'or progresse fortement. À Paris, l'indice CAC 40 cède 0,89% (-44,49 points) à 4.976,41 points vers 07h50 GMT. À Francfort, le Dax recule de 0,98% et à Londres, le FTSE perd 0,99%. L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro, le FTSEurofirst 300 et le Stoxx 600 abandonnent chacun autour de 0,9%. La plus forte baisse en Europe est pour les ressources de base, dont l'indice sectoriel perd 1,71%, ArcelorMittal reculant notamment de 3,8%, le plus fort recul du CAC 40 et du Stoxx 600. Les banques accusent également le coup (-1,4%), Société générale et BNP Paribas perdant respectivement 1,8% et 1,6%. Toujours à Paris, l'indice large SBF120 (-0,87%) est presque entièrement dans le rouge, la plus forte d'une poignée de hausses étant pour Zodiac Aerospace, qui prend 1,46% à la faveur de relèvements de recommandation. Donald Trump a dû se résoudre vendredi à annuler le vote sur le projet de loi engageant l'abrogation de l'Obamacare, faute d'avoir pu obtenir une majorité à la Chambre des représentants. Cet échec fait peser des incertitudes sur la mise en oeuvre des réformes les plus attendues par les marchés, concernant la baisse de la fiscalité sur les entreprises, la dérégulation du marché financier et la relance budgétaire. Wall Street a réagi modérément vendredi, les investisseurs s'attendant à ce que le président américain accorde désormais la priorité aux réformes économiques, plus consensuelles dans le camp républicain. "L'optimisme des investisseurs est probablement déplacé s'ils pensent qu'il sera plus facile pour le président Trump de changer de vitesse et de se concentrer sur la réforme fiscale et de mieux s'en sortir qu'il ne l'a fait sur la réforme de l'assurance-santé", observe Michael Hewson, analyste marchés chez CMC Markets. La Bourse de Londres perdait 1,01% lundi en début de séance, inquiète de la capacité du président américain Donald Trump à tenir ses promesses après l'échec de sa réforme de santé vendredi au Congrès. Peu avant 08H00 GMT, l'indice FTSE-100 des principales valeurs cédait 74,32 points à 7.262,50 points. "Les marchés action mondiaux sont en repli, avec les valeurs liées aux matières premières et les valeurs financières les plus touchées, après vendredi", a expliqué Rebecca O'Keeffe, analyste chez Interactive Investor. L'échec de M. Trump à faire abroger l'"Obamacare" comme il l'avait promis "pose question quant à sa gestion des factions du parti Républicain et inquiète sur sa capacité à remplir ses promesses économiques, y compris ses projets fiscaux", a-t-elle ajouté. Les valeurs bancaires étaient particulièrement attaquées à Londres en début de séance, Lloyds Banking Group cédant 2,47% à 66,37 pence, Barclays 1,76% à 222,95 pence et RBS 1,00% à 236,60 pence. Les titres liés aux matières premières étaient aussi nettement dans le rouge, suivant la trajectoire descendante des cours du pétrole et des métaux. Du côté des minières, Glencore s'enfonçait de 2,10% à 313,05pence, BHP Billiton de 1,73% à 1.223,50 pence et Rio Tinto de 1,37% à 3.213 pence. Parmi les majors pétrolières, BP perdait 0,76% à 448,40 pence et Royal Dutch Shell (action "B") 0,99% à 2.158,50 pence. Le géant des télécoms BT cédait pour sa part 1,55% à 230,60 pence. Il a annoncé qu'il verserait une amende de 42 millions de livres et qu'il indemniserait les autres fournisseurs d'internet britanniques à hauteur de 300 millions de livres pour des manquements sur ses réseaux. Babcock International chutait de son côté de 3,87% à 881 pence, subissant la pire performance de la matinée. Le groupe de services a annoncé qu'il mettrait un terme en août 2019 au contrat qui le lie aux autorités britanniques pour le démantèlement d'une douzaine d'installations nucléaires dans le pays, évoquant une quantité de travail exigée bien plus importante que prévue lors de l'appel d'offres initial. Le groupe aérien IAG (compagnies British Airways et Iberia, entre autres) décrochait elle de 3,46% à 530,50 pence. Au sein des valeurs financières, Old Mutual limitait les dégâts en ne cédant que 0,40% à 221,60 pence. Ce groupe de services financiers a annoncé avoir cédé quelque 25% de sa filiale de gestion d'actifs OM Asset Management à une filiale du géant chinois HNA pour près de 450 millions de dollars. Les spécialistes de l'or constituaient les principales hausses de la matinée, soutenus par la bonne tenue du métal jaune: Fresnillo montait de 1,81% à 1.573 pence et Randgold Resources de 2,51% à 7.340 pence. La Bourse de Shanghaï a cédé 0,1% et l'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) recule de 0,17%. Les investisseurs européens, qui attendent pour 08h00 GMT l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne, ont pris connaissance des résultats des élections régionales dans la Sarre, où les chrétiens démocrates (CDU) d'Angela Merkel ont largement remporté un scrutin qui avait valeur de test national à six mois des élections fédérales du 24 septembre. Du côté de la dette, le rendement des obligations allemandes à 10 ans recule à 0,370% selon la plate-forme Tradeweb, à son plus bas niveau depuis le début mars. Celui des emprunts français de même échéance est tombé à 0,951%. Sur le marché des changes, l'euro bondit face au billet vert, autour de 1,0867, à son plus haut depuis le 8 décembre dernier, lorsque la Banque centrale européenne (BCE) avait annoncé une prolongation de son programme d'assouplissement monétaire (QE). L'euro atteignait ses plus hauts niveaux en près de quatre mois face à un dollar qui reculait nettement alors que le président des Etats-Unis Donald Trump a échoué à réunir sa majorité républicaine sur sa réforme de l'Obamacare. Vers 09H00 GMT (11H00 HEC), l'euro valait 1,0857 dollar, contre 1,0798 dollar vendredi vers 21H00 GMT. Vers 07H25 GMT, la monnaie unique a atteint 1,0873 dollar, manquant de dépasser son plus haut niveau depuis décembre 2016. La monnaie unique européenne baissait face à la monnaie nippone, à 119,78 yens pour un euro contre 120,22 yens vendredi soir. Le billet vert baissait nettement face à la devise japonaise, à 110,32 yens pour un dollar, ayant atteint à 07H45 GMT son plus bas depuis plus de quatre mois à 110,12 yens, contre 111,34 yens pour un dollar vendredi. L'euro poursuivait sa hausse face au dollar, le billet vert souffrant du report du vote de la première réforme majeure de Donald Trump, qui visait à abroger l'Obamacare, l'emblématique système de santé de son prédécesseur. "Echouer à faire passer la loi sur le système de santé ne signifie pas que le programme complet de Donald Trump est en miettes, mais il s'agit tout de même d'un important revers, ce que le marché reflète", ont résumé les analystes de Société Générale. "Ne pas réussir à faire passer cette réforme n'est pas de bon augure pour les chances de mesures bien plus cruciales de relance budgétaire", ont explicité les analystes de Rabobank. Tout au long de la journée de vendredi les responsables politiques républicains s'étaient d'ailleurs échinés à distinguer ces deux réformes, à l'image du secrétaire d'Etat au Trésor, Steven Mnuchin, qui a estimé que les changements fiscaux étaient d'une certaine manière "beaucoup plus simples" que la réforme de la santé. L'euro était par ailleurs soutenu par la croissance de l'activité privée dans la zone monétaire. "L'euro a profité de la publication vendredi d'une impressionnante croissance de l'indice PMI composite, qui a atteint un plus haut en six ans", a souligné Phil McHugh, de Currencies Direct. Vers 09H00 GMT, la livre britannique remontait face à l'euro, à 86,39 pence pour un euro, et progressait nettement face au billet vert, à 1,2568 dollar pour une livre, atteignant vers 07H25 GMT son plus haut niveau depuis un mois et demi à 1,2580 dollar. Le franc suisse se stabilisait face à l'euro, à 1,0701 franc pour un euro, et montait face au dollar, à 0,9857 franc pour un dollar, atteignant vers 07H25 GMT 0,9836 franc, à son plus haut depuis quatre mois et demi. La devise chinoise valait 6,8771 yuans pour un dollar, montant à son plus haut depuis près d'un mois à 6,8696 yuans vers 05H00 GMT contre 6,8837 yuans vendredi à 15H30 GMT. L'once d'or valait 1.257,16 dollars, contre 1.247,50 dollars vendredi soir.