Après avoir connu en janvier-mars son meilleur trimestre depuis la fin 2015, Wall Street démarre le deuxième trimestre avec une semaine chargée, qui culminera vendredi avec les chiffres mensuels de l'emploi toujours très suivis par les marchés. Le compte rendu de la réunion monétaire de la mi-mars de la Réserve fédérale, qui s'est soldée par une hausse de taux, sera aussi très attendu mais il ne faudra pas non plus sous-estimer les ventes de voitures lundi, toujours instructives pour les tendances de consommation de la classe moyenne et un secteur clé de l'économie américaine. Wall Street a enchaîné les records depuis l'élection de Donald Trump le 8 novembre dernier, portée par une série de bons indicateurs et par les promesses du nouveau président d'alléger la fiscalité des entreprises, de déréguler et de relancer la croissance par des travaux d'infrastructure. Malgré une consolidation ces dernières semaines, alors que les premières mesures concrètes de la nouvelle administration se font toujours attendre, l'indice Standard & Poor's-500 a bouclé le premier trimestre sur une hausse totale de 5,5%, soit sa meilleure performance trimestrielle depuis la fin 2015. Le Dow Jones a de même pris 4,5%, faisant oublier son repli de 0,31% sur la seule séance de vendredi. Dans l'attente des publications de résultats du premier trimestre, qui débuteront mi-avril, les indicateurs économiques et la politique continueront de dicter la tendance du marché sur les prochains jours. La statistique la plus importante de la semaine sera le rapport d'emploi de mars, publié vendredi avant l'ouverture. Les économistes interrogés par Reuters prévoient en moyenne 180.000 créations d'emplois hors agriculture après les 230.000 annoncées pour février, avec un taux de chômage stable à 4,7%. L'enquête ADP publiée mercredi en donnera un avant-goût : le marché s'attend à ce que le nombre de postes créés dans le seul secteur privé tombe de 225.000 en février à 185.000 en mars. Les indices ISM des directeurs d'achat, dans l'industrie lundi puis dans les services mercredi, feront aussi réagir les investisseurs, tout comme le commerce extérieur et les commandes à l'industrie mardi.
Le marché automobile inquiète Les ventes d'automobiles, considérées comme un indicateur avancé de la consommation des ménages, seront publiées dès lundi et devraient attester du ralentissement de la croissance du secteur depuis le début de l'année. Les économistes tablent encore sur un solide mois de mars, avec plus de 17 millions de véhicules vendus en rythme annualisé, mais loin du pic de 18,4 millions atteint en décembre, qui constituait un plus haut depuis août 2005. Sur 12 mois, le marché automobile devrait ralentir pour le troisième mois consécutif, une tendance qui pousse les stocks à la hausse et les prix à la baisse. Dans une note publiée vendredi, Morgan Stanley estime que l'offre de véhicules neufs et de flottes vendus par les groupes de location atteindra un record cette année, ce qui fera chuter les prix sur le marché de l'occasion. Les cabinets de conseil J.D. Power et LMC Automotive ont calculé qu'un véhicule neuf attend actuellement 70 jours en moyenne avant d'être écoulé, ce qui est le délai le plus long depuis juillet 2009. Soucieux d'écouler leurs stocks, les concessionnaires pourraient être tentés d'accorder trop facilement des crédits au risque de provoquer ensuite des défauts de paiement, a mis en garde Moody's Investors Service. Depuis le début de l'année, l'indice S&P-1500 de la distribution automobile a baissé de 6,5%, avec des reculs à deux chiffres pour des valeurs comme Advance Auto Parts, AutoNation ou Sonic Automotive. Sur le front de la politique, la semaine sera dominée par la visite aux Etats-Unis du président chinois Xi Jinping, que Donald Trump recevra jeudi et vendredi dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride. Trump a prévenu jeudi par son canal habituel, Twitter, que la rencontre serait "très difficile", les Etats-Unis ne pouvant plus tolérer "des déficits commerciaux massifs et des pertes d'emplois".
Les Bourses européennes prudentes Les principales Bourses européennes ont ouvert sans grand changement lundi pour la première séance du deuxième trimestre, avant une série d'indicateurs sur la santé du secteur manufacturier en Europe et aux Etats-Unis. À Paris, l'indice CAC 40, qui a inscrit dans les premiers échanges un nouveau plus haut de 20 mois à 5.132,93, revient à l'équilibre à 5.121,49 points à 07h30 GMT. À Francfort, le Dax gagne 0,36% et à Londres, le FTSE prend 0,05%. L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro est pratiquement inchangé, le FTSEurofirst 300 progresse de 0,18% et le Stoxx 600 de 0,2%. La Bourse de Tokyo, où l'indice Nikkei avait touché vendredi un plus bas de sept semaines, a fini en hausse de 0,39% et le MSCI des marchés asiatiques hors Japon progresse de %. Les marchés de Chine continentale et de Taiwan sont fermés pour cause de jour férié. A New York vendredi, les grands indices ont fini en léger repli, sans remettre en cause une belle progression sur les trois premiers mois de l'année (+5,53% pour le Standard & Poor's 500). L'indice mondial MSCI, qui couvre 46 marchés, affiche quant à lui une hausse de 6,52% sur janvier-mars.. En Europe, le secteur des ressources de base, celui de la chimie et celui du pétrole et du gaz tirent la tendance avec des gain respectifs de 0,84%, 0,63% et 0,54%. Les cours du pétrole restent orientés en légère hausse même si la vigueur du dollar limite leur progression. Le Brent se traite au-dessus de 53,50 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) à plus de 50,60 dollars. Le cuivre, lui, gagne plus de 0,5%. En baisse, le secteur bancaire abandonne 0,36%. A Paris, Schneider prend 0,92% après l'annonce de la vente de sa filiale américaine Telvent DTN pour environ 900 millions de dollars, le produit de l'opération devant financer des rachats d'actions. A Madrid, Banco Popular cède 4,84%, la plus forte baisse du Stoxx 600, après avoir annoncé qu'un audit interne avait révélé des erreurs dans les comptes de plusieurs exercices, qui seront corrigées dans ceux du premier semestre. Sur le plan macroéconomique, si l'indice PMI du secteur manufacturier chinois est ressorti dimanche sous le consensus, il continue de traduire une croissance de l'activité. Les PMI définitifs de la zone euro animeront la matinée en Europe, en attendant l'indice ISM manufacturier américain à 14h00 GMT. Au Japon, l'enquête trimestrielle "tankan" de la Banque du Japon montre pour sa part une amélioration de la confiance des chefs d'entreprise. La semaine qui commence sera dominée par la première rencontre entre le président américain, Donald Trump, et son homologue chinois, Xi Jinping, ainsi que par les chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis. Sur le marché des changes, le dollar s'apprécie légèrement face à un panier de devises de référence et l'euro s'échange autour de 1,0670 dollar.
L'Islande envisage d'arrimer sa couronne à l'euro L'Islande envisage d'arrimer sa devise à une monnaie de référence, vraisemblablement l'euro, afin d'écarter tout risque de surchauffe de l'économie, a déclaré son ministre des Finances. Près de 10 ans après l'effondrement de son système bancaire, l'Islande a retrouvé la santé grâce au tourisme et au dynamisme de sa capitale Reykjavik. Mais sa croissance de 7,2% enregistrée l'an dernier et l'appréciation de quelque 15% de la couronne font craindre un emballement de l'économie susceptible de ruiner les efforts de redressement. Le comité chargé d'évaluer la politique monétaire a proposé de lier la couronne à une autre devise, qui pourrait être le dollar, la livre sterling ou l'euro. Dans un courrier adressé samedi à Reuters, le ministre des Finances Benedikt Johannesson a écrit que l'euro était "la seule option réaliste". Malgré le taux de croissance élevé, l'inflation est restée mesurée dans l'île, contenue par la vigueur de la couronne et la politique monétaire stricte. Le pays a levé en mars les dernières mesures de contrôle des changes, une décision qui a mis fin à plus de huit années de restrictions mises en place après l'effondrement des banques pendant la crise de 2008. Le gouvernement prévoit par ailleurs d'augmenter les taxes sur le secteur en plein essor du tourisme tout en baissant la TVA sur d'autres produits et services, afin de faire baisser encore l'inflation et d'ouvrir éventuellement la porte à une détente de la politique monétaire.