La sécurité alimentaire de l'Afrique australe est aussi menacée par la sécheresse et l'invasion d'une chenille vorace sur les champs de maïs. Les agences des Nations unies (l'Unicef, la FAO et le PAM) lancent depuis Rome la sonnette d'alarme, alors que le Sud-Soudan vient de déclarer l'état de famine. Mais cette prise de conscience tardive du gouvernement passe à côté de ses propres responsabilités. Car la sécheresse sévit en Afrique australe. Aucune goutte de pluie n'est tombée dans une partie du Kenya, de Somalie, d'Ethiopie depuis trois ans. Mais au Sud-Soudan les caprices du climat ont trouvé une situation déjà rendue critique par la guerre que se livrent armées et milices pro ou anti-pouvoir depuis plus de trois ans. Le tout sur fond d'antagonismes ethniques entre les Nuer, ethnie du vice-président limogé Riek Machar, et les Dinka, communauté d'appartenance du président Salva Kiir. L'ONU parle de quelque 100.000 personnes en danger de mort et même de risque de génocide. Il faut une aide d'urgence à des populations qui ne sont pas en sécurité dans les camps de déplacés que tentent de gérer le PAM et d'autres agences d'aide. Il s'agit de plus de 3 millions de déplacés qui y sont à risque malgré le déploiement sur le terrain de quelque 12.000 Casques bleus. Après avoir pratiqué une stratégie de déni, le gouvernement de Juba vient de déclarer l'état de famine au Sud-soudan. L'Unicef, la FAO et le PAM estiment tardif ce réveil. Car, déclarent-elles, " lorsqu'on déclare officiellement l'état de famine, cela veut dire que les gens ont déjà commencé à mourir de faim. Cette situation alimentaire est la pire depuis le début des combats, il y a plus de trois ans ". " Les effets à long terme du conflit, couplés aux prix élevés de la nourriture, à la crise économique, à une production agricole réduite et à un accès réduit aux moyens de subsistance " ont pour conséquence que 4,9 millions de Sud-soudanais (sur un total de 11 millions d'habitants) sont désormais en situation précaire grave, affirment les experts. " Le problème a été causé par l'homme ", a déploré Eugene Owusu, coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU pour le Soudan du Sud, regrettant par ailleurs que le travail des agences humanitaires soit compliqué par le conflit (réserves pillées, travailleurs humanitaires attaqués, etc). M. Owusu a appelé " le gouvernement, les belligérants et tous les acteurs à soutenir les humanitaires et leur fournir l'accès nécessaire pour qu'ils puissent continuer à fournir les services vitaux à la survie de ceux qui sont dans le besoin ". Un autre expert, Serge Tissot, représentant de la FAO au Soudan du Sud, fait noter que " la population est constituée principalement de fermiers et la guerre a perturbé l'agriculture. Les gens ont perdu leur bétail, même leurs outils agricoles. Depuis des mois, les gens dépendent entièrement des plantes et des poissons qu'ils peuvent trouver ". La situation est donc critique au Soudan du Sud où les agences humanitaires appellent à l'aide pour sauver d'une mort certaine les Sud-Soudanais. Mais l'Afrique australe est guettée par une menace qui pourrait, à terme, fragiliser davantage sa sécurité alimentaire à grande échelle. Il s'agit de l'invasion de chenilles légionnaires qui détruisent déjà les plantations de céréales de plusieurs pays d'Afrique australe et qui pourraient rapidement se propager dans toute la région, menaçant aussi bien la sécurité alimentaire que le commerce. Les agriculteurs d'Afrique du Sud, de Zambie, du Zimbabwe, d'Afrique du Sud mais aussi du Ghana sont déjà victimes des ravages de cette larve. La chenille légionnaire d'automne s'attaque au maïs, blé, millet ou riz, qui constituent des aliments de base dans une région déjà affectée par la sécheresse. La Zambie et le Zimbabwe ont distribué des pesticides dans des provinces affectées. Mais les premiers spécimens de cette larve ont été repérés l'an dernier au Nigeria et au Togo