Le gouvernement sud-soudanais a annoncé hier que la famine touchait pour la première fois plusieurs zones du Soudan du Sud, ravagé par la guerre depuis plus de trois ans, alors que près de la moitié de la population du pays nécessite une assistance alimentaire. Plusieurs zones de la région d'Unité (nord) sont désormais "classifiées comme étant en famine (...) ou courant le risque d'être en famine", a déclaré à la presse Isaiah Chol Aruai, président du Bureau national des statistiques, se basant sur l'échelle IPC, le standard le plus utilisé pour classifier la sécurité alimentaire. "Les effets à long terme du conflit, couplés aux prix élevés de la nourriture, à la crise économique, à une production agricole réduite et à un accès réduit aux moyens de subsistance" ont pour conséquence que 4,9 millions de Sud-soudanais (sur un total de 11 millions d'habitants) sont désormais classés dans les trois niveaux supérieurs de l'échelle IPC, la famine étant le plus élevé. Un ensemble de critères techniques sont retenus pour définir une situation de famine. Ils sont regroupés dans un "cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire" (IPC), qui est le standard le plus utilisé, notamment par les Nations unies. L'IPC distingue cinq phases possibles dans la situation alimentaire d'un pays, la cinquième étant celle de "catastrophe/famine". Quand plus de 20% de la population d'une région est en "catastrophe", que le taux de mortalité est supérieur à deux personnes pour 10.000 par jour et qu'une malnutrition aiguë touche plus de 30% de la population, l'état de famine est déclaré. Ces dernières années, plusieurs rapports ont indiqué que des dizaines de milliers de Sud-soudanais pouvaient être classifiés comme étant en "catastrophe/famine", mais cette proportion de la population était trop faible pour déclarer une région comme étant en état de famine. Lundi, trois organisations des Nations unies, le Fonds pour l'enfance (Unicef), l'Organisation pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), ont indiqué que 100.000 personnes dans la région d'Unité risquent de mourir de faim sans aide d'urgence. "La plus grande tragédie du rapport publié aujourd'hui... c'est que le problème a été causé par l'homme", a lui regretté Eugene Owusu, coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU pour le Soudan du Sud. Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés, malgré le déploiement de quelque 12.000 Casques bleus.