Le feuilleton de la privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) rebondit à la faveur d'une conjoncture financière internationale qui, pourtant, ne touche pas directement le marché bancaire algérien. Dans la foulée, ce sont les milieux financiers français qui se sont montrés beaucoup plus inquiets quant à la suite du processus de privatisation du CPA. Désormais, la crainte sur les places financières internationales est exacerbée par la crise suscitée par les "subprimes", qui a tendance à se propager comme une contagion depuis quelques mois. En effet, les milieux français ne semblent pas apprécier les arguments avancés par le gouvernement algérien quant aux raisons qui ont motivé le report de l'opération de privatisation du CPA. Tel que rapporté par le TSA, hier, les Français qui, de surcroît, tiennent activement à la prise de participation dans le capital de la première banque algérienne à privatiser, établissent désormais un lien direct entre la décision du gouvernement pour reporter la privatisation du CPA et la crise des subprimes et même le scandale qui vient de surprendre la Société Générale. De ce fait, les proches des banques françaises, qui sont au nombre de quatre à briguer le capital du CPA (Crédit agricole, Société Générale, BNP Paribas et Natixis banque populaire), estiment que l'argument avancé par le gouvernement algérien pour le report de la privatisation du CPA est peu convaincant. Ils estiment, en fait, que la crise de la Société Générale, non seulement n'est pas directement liée à la crise des "subprimes" évoquée par Mme Mentouri (ministre algérienne déléguée à la Réforme financière, ndlr) pour justifier le report de cette privatisation, mais elle pourrait avoir des conséquences importantes sur l'avenir du CPA et de tout le système bancaire algérien. Une version qui a eu pour conclusion : "le gouvernement aurait été mieux inspiré de vendre le CPA en novembre dernier". En effet, a-t-on encore expliqué, affaiblie par le scandale financier dont elle a été victime, la Société Générale pourrait se faire racheter par l'une de ses concurrentes françaises, probablement BNP Paribas. Si un tel scénario venait à se produire, la nouvelle entité issue de la fusion se retrouverait en position de force sur le marché algérien, avec plus d'une centaine d'agences déjà opérationnelles et un portefeuille de clients entreprises de bonne qualité. Dans ce cas, le rachat du CPA ne constituerait plus une opération stratégique pour le nouvel ensemble, à moins que le gouvernement algérien décide d'appliquer des règles de concurrence en obligeant par exemple BNP Paribas à céder une partie de ses agences en Algérie. Mais, dans la réalité, rien ne contraint le gouvernement algérien à céder le CPA selon les convenances des banques internationales, qu'elles soient françaises ou autres. La réponse, d'ailleurs, a été donnée, hier, par le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, qui a déclaré que "ce qu'il faut savoir c'est que le CPA n'a pas été touché par la crise des subprimes mais nos partenaires étrangers si, parce qu'ils sont présents sur les marchés mondiaux", avant de reconnaître que "la notion de créances non performantes est universelle. Elles existent dans toutes les banques du monde". Pour Karim Djoudi, la messe est donnée.