"23% de la masse monétaire globale, circule en dehors de l'économie formelle" a annoncé le ministre des finances, M. Karim Djoudi. Cela représente plus de 800 milliards de dinars qui échappent au contrôle de l'Etat chaque année. Dans un entretien accordé à nos confrère du "Quotidien d'Oran", le ministre des finance, M. Karim Djoudi, a justifié la circulation fiduciaire, par l'inflation et l'incertitude sociale. Il a noté que le comportement du détenteur du fiduciaire est déterminé par l'effet prix et l'effet social. "C'est-à-dire que lorsque vous avez une montée des prix dans une économie ou vous avez un certain nombre d'incertitudes sociales, il y a une détention plus importante du fiduciaire", a-t-il indiqué. Cependant, il a rappelé que l'économie algérienne a connue des phases de fortes pressions inflationnistes ou les prix sont arrivés à des niveaux au-delà de 30% et d'autres où il y a eu des situations sociales qui ont poussé les gens à détenir des fiduciaires. En effet, le ministre des finances a indiqué que la circulation fiduciaire est de 12 à 13% dans les autres pays et que ce phénomène est en train de se réduire graduellement dans l'économie algérienne. Pour éradiquer ces pratiques, les pouvoir publics exercent un contrôle au niveau des douanes, des produits et au niveau des impôts. M. Karim Djoudi a déclaré qu'"il y a un certain nombre de transactions qui sont plus ou moins en train de rentrer dans l'économie formelle, mais je ne suis pas sûr que la réponse à l'informel soit dans le contrôle uniquement". "Ce dont je suis sûr, c'est qu'au fur et à mesure que nous garantissons une libéralisation des transactions, nous avons une baisse de la pression fiscale et une meilleure couverture des risques est offerte par le marché", a-t-il ajouté. Par ailleurs, le ministre des finances est revenu sur les réformes du système bancaire et financier. Il a déclaré que "la réforme bancaire s'intègre dans un ensemble de la réforme financière", c'est-à-dire qu'elle touche à la fois à la banque, à l'assurance et au marché financier. M. Karim Djoudi a rappelé qu'à la fin 2004, un programme de réforme financière a été lancé par le ministère des finances. Ce programme a d'abord fait constat d'une situation, d'un certain nombre de contraintes et a tracé des objectifs soutenus par un certain nombre d'actions à réaliser. Cependant, le ministre a annoncé qu'il s'agissait d'abord de travailler sur la banque publique en terme de gouvernance, de réorganisation de contrôle interne, de spécialisation et aussi en terme de mise en partenariat pour deux banques, le CPA et la BDL, le partenariat étant un moyen de diffuser le plus rapidement de la modernité. Le second volet était de travailler sur le marché du crédit et l'amélioration de la qualité des clients. Il s'agissait essentiellement de redonner de la capacité d'engagement aux banques par la neutralisation des risques, le renforcement des fonds propres et la diminution des taux d'intérêt. Interrogé sur le soutien des prix des produits de première nécessité par l'Etat, le ministre des finances estiment que cette action est une action d'urgence pour soutenir des prix à l'importation des produits dont les prix ont flambé sur les marchés internationaux. Selon M. Djoudi, "la réponse structurelle à la hausse des prix des aliments de base est une réponse de production et de régulation". "Cela signifie qu'aujourd'hui celui qui produit n'a pas la certitude d'avoir en face de lui une autorité qui assure une stabilité sur le prix et dans le marché et il n'a pas de visibilité pour faire les investissements nécessaires et s'engager de façon permanente sur cette production", a-t-il ajouté. Enfin, interrogé sur les opérations de change effectuées dans le marché parallèle, le ministre des finance a signalé que d'un point de vue légal, il est permis l'ouverture de bureaux de change. Des bureaux qui sont régis par un texte de la Banque d'Algérie qui situe le niveau de rémunération de l'argent. M. Djoudi a souligné que ces bureau de change son uniquement présent au niveau des hôtels et que les opérations de change à Port Saïd sont illégales. Il estime que le taux de change dans le marché informel est alimenté par des opérations fortement réduites. "Il était alimenté surtout par les importations de véhicules d'occasion. C'est donc une portion très limitée des transactions qui se fait sur ce marché", a annoncé le ministre en ajoutant que cette portion doit évidemment rentrer dans la sphère légale.