L'opposition au président socialiste du Venezuela, Nicolas Maduro, appelle à une nouvelle manifestation aujourd'hui en faveur d'élections générales anticipées, l'objectif central de près d'un mois de mobilisations au cours desquelles 24 personnes ont été tuées. Accusant les institutions contrôlées par le gouvernement d'être "complices du coup d'Etat", le député d'opposition Miguel Pizarro a appelé à marcher en direction de l'une d'elles, dans le centre de Caracas, sans préciser encore laquelle pour ne pas donner à l'exécutif "72 heures pour se préparer". Lundi, trois hommes ont été tués dans l'ouest du pays et sept personnes blessées, selon le parquet et les autorités. Deux hommes sont morts dans la ville de Mérida et un autre dans la ville de Barinas, toutes deux dans l'ouest du pays. La nouvelle journée de mobilisation s'était pourtant déroulée dans le calme, des milliers d'opposants bloquant les routes du pays pour réclamer des élections générales anticipées. Seuls quelques heurts ont été observés quand la police a dispersé avec du gaz lacrymogène des manifestants qui lui jetaient des pierres sur une autoroute de la capitale. "Cela a été une manifestation pacifique en faveur d'élections générales. Fini la répression pour le peuple qui veut un changement", a lancé le député d'opposition Luis Florido. Assis ou debout sur la chaussée, sous un soleil intense, des milliers de manifestants, pour la plupart vêtus de blanc, ont occupé pendant des heures l'autoroute Francisco Fajardo, voie d'accès à Caracas, ainsi que les principales routes du pays. "Nous bloquons (les routes) pour que Maduro comprenne qu'il doit partir. Avec lui, nous avons faim. Je ne trouve pas de lait pour mon bébé de 16 mois", expliquait Amalia Duran, une femme au foyer de 41 ans. Dans ce pays pétrolier dont l'économie s'est effondrée avec la chute des cours du brut, la majorité des aliments et médicaments sont introuvables. Lassés, sept Vénézuéliens sur dix souhaitent le départ de Nicolas Maduro, selon un sondage Venebarometro. "Je suis venu parce que je suis fatigué", témoignait ainsi Yorwin Ruiz, manifestant de 26 ans, avant de raconter son calvaire: "J'ai fait le tour de plus de 20 pharmacies pour acheter un simple antibiotique. J'espère qu'au moins nous obtiendrons des élections." Esperanza Cadavid et Leonor Pérez, deux nonnes colombiennes de 83 et 79 ans, se sont jointes au mouvement. Au cours des décennies passées au Venezuela, "je n'ai jamais vu ça, alors que je suis arrivée à l'époque de Pérez Jimenez, une période très sombre, mais vous trouviez à manger et du travail", assure Mme Pérez, se référant à la dernière dictature au Venezuela dans les années 1950. "Plus de répression!", a plaidé pour sa part le footballeur Tomas Rincon via son compte Twitter. D'autres footballeurs vénézuéliens, comme Salomon Rondon et Adalberto Peñaranda ont fait part de leur "douleur" et appelé à un pays "LIBRE ET EN PAIX". Après quasiment un mois de manifestations, les antichavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013) maintiennent la pression en faveur d'élections générales anticipées, avant la fin du mandat de M. Maduro en décembre 2018.
Nous n'allons pas nous rendre Depuis le 1er avril, la vague de manifestations a fait 23 morts, les rassemblements étant marqués par des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Gouvernement et opposition s'accusent mutuellement de ces violences au cours desquelles plus de 600 personnes ont été arrêtées, selon l'ONG Foro Penal. "Le Venezuela se lève contre la dictature (...) malgré la répression. Nous n'allons pas nous rendre", a promis Freddy Guevara, vice-président du Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition. "Des élections oui, je veux des élections maintenant", a lancé dimanche à la télévision M. Maduro mais en se référant aux scrutins régionaux - qui devaient se tenir en décembre dernier mais ont été reportés sine die - et municipaux prévus cette année. L'un des hauts dirigeants du chavisme, Diosdado Cabello, a d'ailleurs précisé lundi qu'"il n'y aura pas d'élections générales, en aucun cas (...). Nicolas ne va partir". M. Maduro a invité l'opposition à reprendre le dialogue gelé depuis décembre, appelant le pape François à "accompagner" ces discussions. Une précédente médiation sous l'égide du Saint-Siège avait échoué l'an dernier. Le chef de l'Etat a rencontré lundi soir l'ex-président de la République dominicaine Leonel Fernandez, déjà partie dans les précédentes négociations. Onze pays latino-américains ainsi que les Etats-Unis plaident pour des élections. La crise politique, née de la victoire de l'opposition de centre droit aux législatives de fin 2015, s'est enflammée début avril: la Cour suprême, réputée proche de Maduro, s'est arrogée les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l'a poussée à renoncer 48 heures après. L'opposition dénonce un "coup d'Etat". Une précédente vague de manifestations en 2014 avait fait officiellement 43 morts