L'ancien chef du gouvernement italien Matteo Renzi a repris dimanche la tête du Parti démocrate (PD, centre-gauche), au pouvoir en Italie, avec la légitimité d'une primaire ayant mobilisé davantage que prévu. "C'est une responsabilité extraordinaire, merci de tout cœur à cette communauté de femmes et d'hommes qui croient en l'Italie, en avant ensemble", a lancé M. Renzi, alors que ses deux rivaux le félicitaient pour sa victoire bien avant la fin du dépouillement. Au total, entre 1,9 et 2 millions de personnes ont voté, selon le PD, ce qui représente un net tassement par rapport aux scrutins précédents qui frôlaient les 3 millions, mais bien moindre que ne le laissait redouter une terne campagne et sans grand enjeu. Selon les premières tendances, M. Renzi a recueilli autour de 70% des voix, loin devant Andrea Orlando, actuel ministre de la Justice, et Michele Emiliano, gouverneur de la région des Pouilles (sud), considérés comme plus à gauche. Aux primaires de décembre 2013, il avait été élu avec près de 68% des voix sur plus de 2,8 millions de votants. Toute la journée, des élus du PD, mais aussi les médias ont diffusé des images d'affluence dans les 10.000 bureaux de vote, installés sous des tentes dans les rues, dans des centres culturels ou encore des bars. Le scrutin était ouvert à tous les Italiens munis d'une carte d'électeur, de même qu'à ceux âgés de plus de 16 ans et aux étrangers résidant légalement en Italie. "C'est un festival de démocratie", a salué M. Renzi. "J'espère que les autres en feront un aussi, cela ne fait pas de mal", a-t-il lancé, dans une pique visant le Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste), avec lequel le PD fait jeu égal dans les sondages et qui mène pour sa part ses primaires sur internet.
Une sorte de couronnement "Plus qu'une compétition, nous sommes face à la légitimation, à une sorte de couronnement de Renzi en tant que leader du PD", avait expliqué avant le scrutin Lorenzo De Sio, professeur de Sociologie politique à l'université Luiss de Rome, qui avait fixé le seuil du succès à entre 1,5 et 2 millions de votants. Agé de 42 ans, M. Renzi avait démissionné en décembre de son poste de chef du gouvernement, après son cinglant échec au référendum de la réforme constitutionnelle dont il avait fait son cheval de bataille. Dans la foulée, et face à la contestation de l'aile gauche de son parti, il avait aussi quitté mi-février la tête du PD, avec l'objectif d'obtenir une nouvelle légitimité. "Une histoire toute nouvelle commence", a lancé M. Renzi dans son discours de victoire, assurant qu'il n'était pas question de revanche. "Ce n'est pas la seconde période d'un même match, c'est un nouveau match", après avoir cependant de nouveau dressé la liste de ses réussites au gouvernement. Le prochain objectif ? Les législatives prévues au plus tard début 2018. Selon la presse italienne, il souhaiterait des élections dès l'automne pour tenter de surfer sur la vague pro-européenne qu'il espère en France comme en Allemagne. Après avoir souvent cité le "Yes we can" de l'ancien président américain Barack Obama, M. Renzi a en effet repris à son compte le slogan "En Marche!" d'Emmanuel Macron, le candidat centriste à la présidentielle française. "Nous avons le devoir historique de ne pas abandonner l'Italie dans le marigot", a-t-il lancé. Et "nous voulons changer l'Europe avec humilité et responsabilité. Nous avons besoin d'une Europe qui ait une âme solidaire". Et même s'il s'était dit pendant la campagne prêt à s'allier avec le centre-droit de Silvio Berlusconi, il a répété dimanche vouloir se battre avant pour n'avoir pas besoin de le faire. "Nous voulons faire une grande coalition, mais avec les citoyens, les associations, pas avec des soit-disant partis qui ne représentent qu'eux-mêmes".