Lorsque le président du Conseil italien avait annoncé ce référendum portant sur la révision de la Constitution, il le voulait comme un plébiscite pour sa personne. Sûr de son charisme, Renzi avait poussé l'audace jusqu'à promettre de «démissionner en cas d'échec» avant de faire marche arrière. Mais le Premier ministre italien n'ignore pas qu'une défaite électorale fragiliserait davantage son pouvoir contesté. Les électeurs italiens, environ 50 millions (dont 4 millions résidant à l'étranger), ont pu se prononcer sur cette réforme constitutionnelle, fortement voulue par le gouvernement Renzi et qui devrait diminuer le pouvoir du Sénat en réduisant au tiers ses membres et en lui ôtant le pouvoir de voter la confiance au gouvernement. La révision constitutionnelle permettra également la suppression des provinces afin de réduire les dépenses du Trésor public. Les bureaux de vote ont fermé tard hier soir, à 23h (heure algérienne), et les prévisions les plus optimistes donnaient le «oui» vainqueur. Si ce suffrage populaire devait aboutir à une victoire pour l'Exécutif dirigé par le Parti démocrate (PD) majoritaire, cela affaiblirait la position de ses détracteurs. Renzi est arrivé au pouvoir par un concours de circonstances et non par la voie des urnes. Son prédécesseur appartenant au même parti, Enrico Letta, avait été poussé à la démission par Renzi lui-même, qui avait guidé une fronde contre son compagnon de parti jusqu'à le pousser à la porte et prendre sa place. Ce manque de légitimité électorale a toujours servi comme un leitmotiv aux opposants au gouvernement pour critiquer Renzi et ses réformes. Les partis de l'opposition — La Ligue du Nord, le Mouvement 5 étoiles, Forza Italia, l'extrême-gauche et un petit courant du PD lui-même — estiment que l'actuel Exécutif n'a pas amélioré le quotidien des Italiens au bout de deux ans et demi de règne et que, pire, il a alourdi la pression fiscale sur le contribuable et fragilisé le statut des salariés avec la réforme du travail. Accusé d'avoir surtout œuvré pour les intérêts des lobbies, des banques et des pouvoirs forts, Renzi se défend avec ses boutades provocantes qui l'ont rendu antipathique, y compris à une partie du PD. «Je suis méchant, arrogant et impulsif !» avoue-t-il lors d'un débat télévisé. Il adopte le même style lorsqu'il s'en prend aux institutions de l'Union européenne qu'il accuse de ne pas soutenir assez l'Italie face aux flux des demandeurs d'asile qui débarquent sur ses côtes méridionale. Et si Renzi a trouvé, à la veille de ce référendum, un soutien précieux en des personnalités politiques influentes, comme l'ancien président de la République Giorgio Napolitano et l'ancien président du Conseil Romano Prodi, il n'en demeure pas moins que d'autres hommes politiques comme Silvio Berlusconi ou Beppe Grillo l'invitent à la cohérence et à se retirer du pouvoir en cas de défaite. Hier vers midi, le taux d'affluence aux centres de vote avait dépassé les 20%, faisant présager une forte participation à ce scrutin crucial. Les partisans du «non» ne se font pas d'illusion, victoire ou défaite, Renzi ne renoncera pas au pouvoir et le président de la République, Sergio Mattarella, n'acceptera pas une démission éventuelle, à la veille de l'adoption d'une loi de finances 2017 décisive pour l'économie du pays.