Emmanuel Macron, favori pour l'élection présidentielle, a déclaré mardi sur BFMTV qu'il avait en tête un homme et une femme pour occuper le poste de Premier ministre s'il est élu dimanche face à Marine Le Pen. La candidate du Front national, qui a annoncé qu'elle nommerait à Matignon le président du mouvement Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, si elle gagnait, a mis au défi l'ancien ministre de l'Economie d'en faire autant. "Jamais un candidat à la présidence de la République en situation de l'emporter ne relève ce genre de défi ridicule", a répliqué le candidat d'En Marche ! Il a cependant admis avoir plusieurs scénarios en tête et avoir "presque choisi" : "J'ai un ou deux profils en tête". Pressé de dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, il a répondu : "Les deux (...) J'ai plusieurs profils en tête, dont un profil masculin et un profil féminin." Il a précisé qu'il annoncerait le nom de son Premier ministre, s'il est élu, dans les jours suivant l'élection. Il a par ailleurs confirmé que les éventuels candidats pour les législatives venant du Parti socialiste ou des Républicains devraient renoncer à appartenir à leur formation d'origine s'ils voulaient faire partie des candidats En Marche !, mouvement qui sera, a-t-il dit, appelé à se transformer en parti. Il a précisé que cette règle s'appliquerait aussi à l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls, s'il ne voulait pas de candidat d'En Marche ! en face de lui à Evry, près de Paris. "Il ne sera pas au gouvernement, parce qu'il faut renouveler (...) Mais s'il est prêt à participer à cette majorité présidentielle, à quitter le PS et à être partie prenante", il aura la possibilité de le faire, a-t-il ajouté. En revanche, contrairement à des déclarations antérieures, Emmanuel Macron n'a pas exclu de prendre dans son gouvernement des personnalités qui ont déjà été ministres. "Il faut qu'il y ait là aussi une part de renouvellement (...) Il y aura des responsables politiques mais je les choisirai pour leur expérience, leurs compétences, ce qu'ils ont fait, pas pour ce qu'ils représentent ou pour leur poids politique", a-t-il expliqué. "Ça ne sera pas une espèce de consortium de dignitaires politiques." "Ce sera des gens qui ont été ou qui sont des maires importants, des présidents de conseils généraux ou régionaux, qui font des choses ou qui ont parfois été ministres mais qui sauront diriger une administration et conduire une politique publique", a-t-il ajouté.
Vers un renforcement des règles contre les paradis fiscaux D'autre part, Emmanuel Macron a promis mardi de plaider auprès des partenaires européens de la France et à Bruxelles pour un renforcement des règles contre les paradis fiscaux et une augmentation des taxes contre le dumping commercial de pays comme la Chine ou l'Inde. "On ne peut plus avoir un système où les accommodements, les arrangements avec la fiscalité ne sont pas les mêmes selon qu'on est petit ou grand", a déclaré à BFMTV le favori de l'élection présidentielle. "J'irai au bout du travail commencé sur le secret bancaire au sein de l'Union européenne." "Je veux qu'on revoie nos conventions fiscales avec les paradis fiscaux", a-t-il ajouté. "La France en a encore quelques-uns qu'il faut revoir et mettre à plat, et surtout d'autres pays de l'Union européenne en ont encore." L'ancien banquier et ex-ministre de l'Economie entend également plaider, dès son premier Conseil européen s'il est élu, pour une harmonisation de la fiscalité des entreprises au sein de la zone euro et pour une révision de la directive européenne sur les travailleurs détachés, deux dossiers qui sont d'ailleurs en cours d'examen à Bruxelles. Il souhaite dans ce domaine des règles et des contrôles plus stricts et une limitation dans le temps de l'utilisation du travail détaché. "Dans un pays donné, on doit payer les gens pour la même tâche de la même façon", a-t-il ajouté. Il entend par ailleurs demander aux partenaires européens de la France une augmentation massive des droits de douanes anti-dumping "face aux attaques extérieures". "Aujourd'hui, on reste autour de 100-120% de taxe (...) quand il y a du dumping" pour des produits importés de pays hors de l'Europe qui ne respectent pas le droit commercial, par exemple vendus à perte. "C'est ce qu'ont par exemple fait, à un moment, les Chinois et les Indiens : ils avaient trop d'acier, ils l'ont vendu en dessous du cours, à perte", a expliqué Emmanuel Macron. Enfin, il souhaite que les marchés publics européens soient "pour au moins 50%" réservés aux entreprises européennes. "Nous pouvons le faire, comme aux Etats-unis", a-t-il dit. "L'Europe ne doit pas être ouverte à tout vent quand d'autres pays décident de défendre leur industrie."