Les Bourses européennes ont manqué d'élan jeudi, les investisseurs rechignant à prendre des positions tranchées après la forte hausse des dernières semaines. "Les intervenants attendent encore que les incertitudes entourant les élections législatives (en France) soient levées. Mais au-delà de cet environnement auquel nous étions préparés, c'est du côté des Etats-Unis que les craintes surgissent avec ce que certains appellent déjà le scandale entourant le limogeage du patron du FBI", estime Thierry Claudé, directeur adjoint de Kiplink Finance. L'annonce a entraîné une onde de choc politique, laissant craindre des retards dans la mise en œuvre des réformes promises par M. Trump, en particulier sur la fiscalité. Les indicateurs du jour a priori encourageants n'ont guère animé les Bourses. Les prix à la production ont rebondi plus que prévu en avril aux Etats-Unis, alors que la majorité des économistes jugent nécessaire une reprise durable de l'inflation. Les inscriptions hebdomadaires américaines au chômage ont reculé à la surprise des analystes. En zone euro, la Commission européenne a légèrement relevé à +1,7% sa prévision de croissance en 2017 et à +1,8% pour 2018, malgré l'incertitude liée au Brexit et à la politique économique américaine.
L'Eurostoxx 50 a reculé de 0,61% La Bourse de Paris a fini morose (-0,32%), après la forte hausse des dernières semaines, l'indice CAC 40 cédant 17,04 points à 5.383,42 points dans un volume d'échanges soutenu de 4,23 milliards d'euros. Ipsos s'est envolé (+9,13% à 32,98 euros), dopé par un relèvement d'objectif de cours. Crédit Agricole SA a perdu 0,91% à 14,18 euros, ne profitant pas de la publication d'un bénéfice meilleur qu'attendu. Renault a pour sa part été soutenu par un relèvement de sa recommandation. A Londres, le FTSE-100 a grignoté 1,39 point (0,02%) à 7.386,63 points, réagissant peu à la décision sans surprise de la Banque d'Angleterre de maintenir inchangée sa politique monétaire. Le géant des télécoms BT a fait figure de mauvais élève (-4,50% à 297,85 pence), après l'annonce d'une vaste restructuration et la suppression de 4.000 emplois dans le monde. Le laboratoire pharmaceutique Hikma a chuté (-8,23% à 1.795,00 pence), après le refus des autorités américaines de donner le feu fert à un médicament générique destiné à concurrencer l'Advair Diskus de GlaxoSmithKline. GSK a dans la foulée pris 1,34% à 1.627,50 pence. La banque Barclays a reculé (-1,62% à 206,55 pence). Les spécialistes de l'or ont figuré parmi les hausses: Fresnillo (+5,03% à 1.503,00 pence) et Randgold (+3,62% à 7.150,00 pence). L'indice Dax de la Bourse de Francfort a lâché 0,36% à 12.711,06 points et le MDax des valeurs moyennes a perdu 0,89% à 24.907,430 points. Le groupe immobilier Vonovia s'est hissé en haut du Dax (+2,20% à 35,55 euros), suivi loin derrière par Volkswagen (+0,71% à 143,35 euros). Le numéro un de la dialyse, Fresenius Medical Care, a progressé de 0,39% à 85,75 euros. Le fabricant de logiciels professionnels SAP a pris 0,20% à 93,98 euros, après des informations sur de suppressions de 1.000 postes, dont 250 en Allemagne. Siemens a avancé de 0,15% à 130,70 euros, après l'annonce de la suppression d'environ 1.700 emplois en Allemagne dans les années à venir. Deutsche Telekom s'est replié de 0,83% à 16,72 euros bien qu'il a confirmé ses objectifs pour l'année en cours. Milan a terminé en petit recul, l'indice FTSE Mib cédant 0,33% à 21.482 points. UniCredit a réalisé la meilleure performance, gagnant 3,67% à 16,68 euros, après des résultats trimestriels meilleurs qu'attendu. Bonne performance également pour Leonardo (+1,99% à 15,85 euros) et Hera (+1,43% à 2,84 euros). En revanche, Yoox-Net-A-Porter a été la lanterne rouge de l'indice, perdant 3,04% à 24,92 euros. Séance en berne également pour Generali (-2,94% à 14,84 euros) et Unipol (-2,74% à 4,112 euros). L'indice Ibex 35 de la Bourse de Madrid a reculé de 1,57%, repassant en-dessous des 11.000 points, à 10.861 points, plombé par les mauvais résultats de Telefonica. Le géant espagnol des télécom a perdu 4,02%, à 10,03 euros. Seul le spécialiste des éoliennes Gamesa, promis à Siemens qui doit l'absorber pour créer un géant du secteur, a avancé, prenant 0,73% à 20,68 euros. Abertis (propriétaire des autoroutes Sanef) a perdu 1,01% à 16,16 euros, tout comme ACS (-1,58% à 34,59 euros). Banco Popular, objet de spéculations à la suite des rumeurs de fusion, a chuté de 6,64% à 0,79 euro. A la Bourse suisse, l'indice SMI a cédé 0,27%, à 9.064,88 points. Le laboratoire pharmaceutique Roche, a reculé de 0,07% à 267,40 CHF. Son rival Novartis a lui perdu -0,50% (78,95 CHF). Seul Nestlé a terminé de justesse dans le vert à 80,75 CHF (+0,06%). L'assureur Zurich Insurance, qui a publié un bénéfice inférieur aux attentes, a terminé en petite hausse de +0,21% à 280 CHF. Les bancaires ont terminé dans le rouge: Julius Baer a perdu -1,21% (52,85 CHF), Credit Suisse -0,93% (14,94 CHF) et UBS -1,35% (16,82 CHF). A Bruxelles, l'indice Bel-20 a terminé en baisse de 0,91%, à 4.004,17 points. Parmi les valeurs en hausse, le groupe de métallurgie Umicore a enregistré la meilleure performance: +1,15% à 59,09 euros. Le groupe sidérurgique Aperam était le moins bien loti, dégringolant de 4,61% à 44,07 euros. L'indice AEX de la Bourse d'Amsterdam a clôturé en baisse de 0,27% à 534,24 points. A la baisse, l'assureur Aegon a chuté de 6,59% à 4,59 euros et la banque ABN Amro a perdu 1,70% à 24,54 euros. A la hausse, le leader européen de l'immobilier commercial Unibail-Rodamco a avancé de 0,60% à 236,25 euros. La Bourse de Lisbonne a fini en baisse de 0,38% à 5.231,08 points, pénalisée par le groupe de télécommunications NOS qui a reculé de 1,56% à 5,43 euros. Le distributeur Jeronimo Martins a lâché 0,74% à 16,81 euros et le gestionnaire du réseau électrique REN a cédé 0,42% à 2,87 euros. En revanche, le groupe diversifié Sonae a progressé de 0,99% à 14,29 euros.
Wall Street se replie La Bourse de New York s'est légèrement repliée jeudi, plombée par la chute de Macy's et de Kohl's dont le recul des ventes, plus fort que prévu, a réveillé les inquiétudes des investisseurs au sujet des chaînes de grands magasins et, plus globalement, de la consommation aux Etats-Unis. L'indice Dow Jones a cédé 23,69 points, soit 0,11%, à 20.919,42. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a perdu 5,19 points, soit 0,22%, à 2.394,44. Le Nasdaq Composite a pour sa part fini en recul de 13,18 points (-0,22%) à 6.115,96. Les trois grands indices, portés depuis plusieurs mois par des espoirs de baisses d'impôts aux Etats-Unis et, plus récemment, par les résultats d'entreprise, ont néanmoins fini assez nettement au-dessus de leurs plus bas du jour touchés dans la première partie de séance. "Tout repli du marché, s'il est ordonné, est sain dès lors que les éléments fondamentaux du marché sont solides", a dit Matthew Peterson, chez LPL Financial. Huit des 11 grands indices sectoriels du S&P ont fini dans le rouge, avec un repli particulièrement prononcé pour ceux de la distribution (-1,15%) et des biens de consommation discrétionnaires (-0,6%), affectés tous deux par Macy's et Kohl's, les deux premières chaînes de grands magasins à publier leurs résultats trimestriels. Dans les deux cas, les investisseurs s'attendaient à une nouvelle contraction des ventes en raison de la concurrence du commerce en ligne mais ils ont été surpris par son ampleur.
Coup de frein à la consommation? Macy's a plongé de 17,01%, de loin la plus forte baisse du S&P-500, tombant à un plus bas de cinq ans et demi à 24,35 dollars. Kohl's a pour sa part cédé 7,84% à 37,16 dollars. Sans même attendre la publication de leurs propres résultats, les investisseurs ont aussi sanctionné par anticipation Nordstrom et J.C.Penney, avec des reculs respectifs de 7,60% et de 7,36%. Comme Macy's et Kohl's, Nordstrom a annoncé après la clôture des ventes trimestrielles inférieures aux attentes des analystes en raison de la baisse de fréquentation de ses magasins aux Etats-Unis. Le titre perdait 3,7% supplémentaires dans les transactions hors séance. J.C.Penney publiera ses résultats vendredi. Les investisseurs vont maintenant tourner leur attention vers les chiffres des ventes au détail au mois d'avril, qui seront également publiés vendredi, pour savoir si les Américains privilégient désormais tout simplement les achats sur internet ou s'ils ont mis un coup de frein à leur consommation en ce début d'année. Autre secteur en difficulté ce jeudi, les valeurs financières ont perdu 0,53% dans le sillage de Wells Fargo (-1,79% à 53,74 dollars). La banque californienne a annoncé à l'occasion d'une journée pour les investisseurs que la croissance de son chiffre d'affaires était pénalisée par le scandale de ses comptes fantômes. Autre valeur du jour, Snap s'est effondré de 21,45% à 18,05 dollars, un plus bas depuis son introduction en Bourse début mars, après sa première publication de résultats en tant qu'entreprise cotée. Le groupe, propriétaire de l'application de messagerie Snapchat, a dégagé un chiffre d'affaires inférieurs aux attentes et voit la croissance de son nombre d'utilisateurs ralentir.