Béjaïa a été de tout temps une ville au statut reconnu, elle fut même capitale des Hammadites. Aujourd'hui, ses rues sont anonymes et pourtant, la dénomination des rues est un paramètre d'identification d'une ville.Les natifs de la ville continuent, aujourd'hui encore, à se référer aux anciennes appellations des rues, même celles qui furent, dé baptisées après l'Indépendance. C'est ainsi que la place Gueydon garde son nom pour tous les citoyens malgré le fait, qu'administrativement, elle porte l'appellation de Place du 1er Novembre. Il en est de même pour la rue des Vieillards, Houma Oubazine, la CIFA, Bab El Louze, Bd Biziou, Bd Clémenceau, Place de la Poste, pour ne citer que ces quartiers. D'autres rues restent encore anonymes surtout celles situées dans le périmètre des nouveaux lotissements où seule la rue principale porte le nom du lotissement à l'exemple d'Ighil-Ouazoug, Ihadadene, Dallas, Amriou, quartier Seghir. Les cités, quant à elles, sont dénommées par le nombre de logements: les 1000 logements, les 600, les 24 logements. Cette situation qui ne facilite guère le travail des postiers, encore moins celui des services de l'administration pousse le premier magistrat de la ville de Béjaïa, M. Tahar Hannache à projeter pour un avenir proche, la mise en place d'une commission chargée de la dénomination des rues et des édifices à laquelle prendront part plusieurs organisations et services de l'administration locale afin de pallier à cet état d'anonymat. Toutefois cela ne pourra être entamé qu'après avoir tout d'abord réhabilité les plaques indicatives des rues déjà débaptisées puis recensé les rues anonymes. La réalisation de ce programme est, à lui seul, un indice de l'aspiration des autorités locales à vouloir redonner à Béjaïa son statut de ville et de chef-lieu de wilaya, car une agglomération ne peut prétendre à un statut de ville que si les normes urbaines sont mises en place. A cela s'ajoute le civisme du citoyen qui doit correspondre aux règles établies par la “ citadinité”. Les nouveaux textes de lois relatifs à la construction permettront de consolider les autorités locales dans leurs prérotises. De plus, la délimitation des zones urbaines et rurales permettra d'identifier et inscrire les besoins de l'une et de l'autre et de créer des routes urbaines équipées de tout le mobilier afférent, en commençant par la dénomination des voies de communication et des cités d'habitations. Il faudrait admettre, qu'aujourd'hui nos villes tendent à se ruraliser et non l'inverse : la ville perd ses repères urbains. Il est temps que “ le cours d'eau reprenne son lit ” avant que la crue n'emporte ce qui reste de la ville de Béjaïa.