Pyongyang a procédé lundi à un nouveau tir de missile qui s'est abattu dans la zone économique japonaise, suscitant des condamnations des capitales étrangères dans un contexte de grandes tensions sur la péninsule. Il s'agit du troisième tir nord-coréen en trois semaines et du 12e depuis le début de l'année, alors que de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU interdisent à Pyongyang de poursuivre ses programmes balistique et nucléaire, et que Washington menace Pyongyang d'une intervention militaire. Il est intervenu deux jours après que les dirigeants du G7, réunis à Taormina, en Italie, ont qualifié samedi les tests nucléaires et de missiles nord-coréens de "menace grave". L'armée américaine a affirmé que le missile de courte portée avait volé six minutes, et Tokyo a précisé que le missile était tombé dans la zone économique exclusive (EEZ) japonaise, une zone maritime qui s'étend jusqu'à 200 milles marins (environ 370 km) des côtes nippones. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a aussitôt condamné ce tir et souhaité une "réaction concrète" avec les Etats-Unis. "Nous ne tolèrerons jamais que la Corée du Nord continue ses provocations et ignore les avertissements répétés de la communauté internationale", a déclaré M. Abe à des journalistes. "Comme agréé lors du sommet du G7, le problème nord-coréen est la première priorité de la communauté internationale", a-t-il ajouté.
Une guerre 'catastrophique La Corée du Nord a nettement accéléré ses efforts pour se doter de missiles intercontinentaux susceptibles de porter le feu nucléaire sur le territoire américain. Des programmes destinés selon elle à développer sa dissuasion face à la menace américaine. C'est la deuxième fois cette année qu'un missile nord-coréen s'abat dangereusement près du Japon. Séoul a affirmé que ce missile de type Scud avait parcouru 450 km. En dépit des déclarations très fermes de Donald Trump, qui se dit prêt à régler seul le problème nord-coréen, son secrétaire à la Défense James Mattis a estimé lors d'une interview diffusée dimanche, avant le dernier tir, qu'une guerre avec Pyongyang serait "catastrophique". "Le régime nord-coréen a des centaines de pièces d'artillerie et de lanceurs de roquettes à portée de l'une des villes les plus densément peuplées de la Terre, qui est la capitale de la Corée du Sud", a-t-il dit sur CBS News. "Ce régime est une menace pour la région, pour le Japon, pour la Corée du Sud. Et en cas de guerre, il serait un danger pour la Chine et la Russie également." "Ce serait une guerre catastrophique si cela dégénérait en combats, si nous ne résolvions pas cette situation par des moyens diplomatiques."
Ligne rouge Le chef du Pentagone s'est refusé à dire ce que pourrait être, pour Washington, une "ligne rouge". Ce tir laisse penser que Pyongyang tente de renforcer sa position dans l'éventualité de futures négociations avec Washington, a estimé Cho Han-Bum, de l'Institut coréen pour l'unification nationale. "Le Nord, en dépit de ses provocations en série, n'a pas franchi la ligne rouge ultime, qui serait un essai nucléaire ou un test réussi de missile intercontinental", a-t-il dit. "Ce tir est une façon de dire au monde: +il ne sera pas facile de nous obliger à suspendre nos programmes militaires même si vous nous ramenez à la table des négociations+." A Séoul, le nouveau président Moon Jae-In, perçu comme moins dur que son prédécesseur vis-à-vis de Pyongyang, a convoqué une réunion du conseil de sécurité nationale, selon Yonhap. "Que le Nord répète une telle provocation après l'investiture de notre nouvelle direction (...) constitue un défi direct à nos demandes de paix et de dénucléarisation de la péninsule coréenne", a déclaré le ministère sud-coréen des Affaires étrangères. Ces derniers mois, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a assisté à de nombreux tests à caractère militaire, et encore il y a une semaine quand il a supervisé l'essai d'un missile balistique de portée intermédiaire. Un tir condamné lundi par le Conseil de sécurité des Nations unies qui a menacé Pyongyang de sanctions renforcées. Certains experts redoutent en outre que Pyongyang ne réalise prochainement un sixième essai nucléaire. Vendredi lors d'une rencontre bilatérale avec Shinzo Abe, Donald Trump avait affirmé que le "problème Nord-Coréen" serait "résolu à un moment donné". La Chine, seule alliée de Pyongyang, et les Etats-Unis négocient depuis des semaines une nouvelle résolution qui resserrerait l'étau autour de la Corée du Nord mais aucun texte n'a encore émergé de ces tractations.