La protestation populaire dans le nord du Maroc va en s'amplifiant et met à rude épreuve les autorités qui ont opté pour le «tout-sécuritaire» afin de contenir la situation qui leur échappe en s'aggravant de jour en jour, selon la presse locale. Samedi soir, pour la huitième nuit consécutive, des rassemblements ont eu lieu dans la ville d'al-Hoceïma et d'autres localités pour exiger la libération de Nasser Zefzafi, leader emprisonné du «hirak» («la mouvance»), mouvement qui anime la contestation populaire. «Un vrai rapport de force s'est installé dans les rues d'Al-Hoceïma», souligne dans son édition du week-end le quotidien l'Economiste qui résume à ses lecteurs la situation. «Avec d'un côté des manifestants aux fortes revendications à l'emploi, à la santé, à l'éducation, et de l'autre les forces de l'ordre». Le journal met en exergue le pourquoi de l'aggravation de la situation qu'il impute aux nombreuse arrestations qui ont, selon son analyse, «servi de carburant» aux manifestations populaire. En effet, une quarantaine de personnes, dont Nasser Zefazfi et les principaux membres actifs du «hirak», ont été interpellées depuis le 26 mai. Et, une trentaine d'entre elles restent toujours entre les mains de police qui les a accusées notamment «d'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat». Al-Hoceïma est depuis sept mois l'épicentre d'un mouvement populaire contestataire revendiquant le développement du Rif, région géographiquement enclavée, et surtout «marginalisée» par l'Etat, selon les dires des protestataires. Outre, Al-Hoceïma, la localité voisine d'Imzouren -autre haut-lieu de la contestation-, où les contestataire se veulent et se disent «pacifique», d'autres localités se joignent aux contestataires du Rif. «Des sit-in et manifestations de solidarité ont eu lieu dans une quinzaine de villes, nous ne sommes pas loin du grand soir (...)», s'inquiète le journal Maroc Hebdo, en se demandant «comment éviter l'embrasement?». La situation «s'aggrave de jour en jour» «La blessure du Rif, à force d'être négligée, a fini par s'infecter. (...) Et depuis, les promesses de progrès se sont transformées en menaces de poursuites pénales», accuse le journal Akhbar Al-Yaoum, pour qui «la situation s'aggrave de jour en jour». L'exécutif local a qu'Al-Hoceïma «fonctionne normalement», mettant en avant les nombreux chantiers mis en branle pour la région. Mais dans les rues, les manifestants continuent de clamer leur défiance contre l'Etat «policier», et de refuser toute médiation des édiles locaux qu'ils vilipendent depuis des mois pour leur «corruption». Alors qu'Al-Hoceïma «fait tache d'huile», «sommes-nous dans un remake plus ou moins actualisé du +20 février 2011+?», se demande Maroc Hebdo, en référence au mouvement populaire qui fit alors trembler les institutions. Le journal relève «quelques similitudes». «Un face-à-face qui nous rappelle un certain 20 février 2011», selon ce journal, qui y voit la «faute» de ceux qui, «dans les hautes sphères du pouvoir», ont voulu «étouffer dans l'£uf la renaissance d'un leadership partisan», «humilié la classe politique» et «vidé les élections de leur substance». Ce mouvement de contestation pacifique s'était notamment amplifié après la mort dramatique, en octobre 2016, du jeune poissonnier de la ville d'al-Hoceïma, Mohcine Fikri, écrasé par le presse hydraulique d'un camion-ordure en tentant de sauver sa marchandise saisie par la police. Depuis ce drame, le Hirak du Rif marocain prend de l'ampleur et suscite soutien et sympathie avec les populations auxquelles se sont joints les représentants locaux des principales formations politiques qui se sont pris rigoureusement aux autorités et demandé «la libération inconditionnelles de toutes les personnes arrêtée et la satisfaction des revendications légitimes exprimées par les populations». Plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme et des acteurs de la société civile se sont mobilisés en faveur du mouvement «al hirak» et ont appelé à la libération des détenus, dont deux cousins du défunt Mohcine Fikri.