A défaut de prédire le séisme, la protection des vies et des biens nécessite de concevoir et de construire parasismique. Et le besoin de développer, en Algérie, la recherche en génie parasismique s'impose dès lors que le nord du pays est situé dans une zone à forte sismicité, d'où l'importance d'une généralisation des constructions conformes aux normes parasismiques. Depuis le séisme dévastateur de mai 2003, d'énormes progrès ont été faits pour la protection parasismique à travers, notamment, l'amélioration de la réglementation. Cependant, beaucoup reste à faire quant à l'application des textes sur le terrain. Récemment, le CTC (organisme national de contrôle technique de la construction), a été épinglé par les experts, qui ont critiqué la façon dont cet organisme a géré le séisme de 2003 de Boumerdès. Ils estiment que le séisme de 2003 a représenté un déclic pour les pouvoirs publics, parce qu'il a permis de revoir la réglementation du contrôle technique de construction. La nouvelle législation prévoit que le CTC vérifie le niveau de conformité des travaux par rapport aux normes algériennes ou à défaut celles en vigueur en Algérie, des documents techniques réglementaires (DTR) en vigueur en Algérie, l'avis technique valide, agréments, certificats ou rapports d'essais préalables, et le guide technique et règles professionnelles. La cartographie parasismique, qui date de 1978 et qui a servi de base au premier règlement parasismique en 1981, est régulièrement affinée par des études par région en faisant intervenir les paramètres de la géologie en plus de la sismicité historique. Il y a eu des études pour Chlef, Aïn Defla, Mascara, Tlemcen et Alger et d'autres études sont en cours et qui vont toucher les wilayas de Constantine, Annaba, Guelma, Skikda et Oran, jusqu'à atteindre la côte au sud de l'Atlas saharien. Aussi, la loi 04/05 du mois d'août 2004 modifiant et complétant la loi d'aménagement et d'urbanisme de 1990, exige de tous les nouveaux constructeurs d'avoir un permis de construire, mais aussi qu'il y est dans les plans d'exécution le béton armé pour respecter les règles parasismiques. Toutefois, l'application à la lettre des dispositions de la nouvelle réglementation trouve une certaine réticence de la part des collectivités locales. "Il faudrait que les municipalités soient intransigeantes, toutes les nouvelles constructions sans permis doivent être démolies. C'est un grand chantier à entreprendre", martèlera le directeur du Centre de recherche appliquée en génie parasismique ( CGS), d'autant plus que "la loi responsabilise les APC pour démolir toute construction érigée sans permis de construire et si elle ne le fait pas, c'est la wilaya qui doit se substituer dans le mois qui suit. Il y a une grande action à entreprendre, des formules à trouver pour que cette loi soit respectée", ajoutera-t-il. En ce qui concerne les constructions individuelles qui constituent un véritable casse-tête pour les pouvoirs publics, et dont le CTC a la charge de contrôler uniquement les programmes collectifs, où il y a l'intervention d'un entrepreneur, l'expert suggère de prendre le Japon pour exemple où c'est l'architecte qui est responsable du suivi de la construction. Rappelons, toutefois, que l'Etat algérien a financé, en 2006, à raison de 1,6 milliard de dinars, un grand projet d'études parasismiques confié au laboratoire de génie parasismique du CGS, situé à Sebala, dans la commune d'El Achour, à Alger. Le projet comporte, en fait, la réalisation d'un laboratoire d'essais dynamiques de structures et de matériaux qui permettra la réalisation d'essais d'un certain niveau technologique en dotant la recherche d'un outil expérimental moderne et performant.