Les pays de l'UE se sont dotés lundi de nouvelles règles pour pouvoir empêcher l'export vers la Libye de canots gonflables et moteurs hors-bord utilisés par les migrants cherchant à rejoindre l'Europe par la Méditerranée. La décision a été prise lundi lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE à Bruxelles, largement consacrée à la Libye, où embarquent la quasi-totalité des migrants arrivant sur les côtes italiennes. Le Conseil de l'UE "a introduit des restrictions sur l'exportation et l'approvisionnement en Libye de bateaux gonflables et de moteurs hors-bord", a-t-il indiqué dans un communiqué, précisant que le but était de "briser davantage le +business model+ des passeurs et des trafiquants d'êtres humains". Cette décision donne aux pays européens "une base juridique pour empêcher l'exportation ou la fourniture de ces produits en Libye quand il existe des motifs raisonnables de croire qu'ils seront utilisés par des passeurs et des trafiquants d'êtres humains". Les pays européens ont par ailleurs prolongé le mandat de la mission européenne EUBAM, qui assiste les autorités libyennes dans le contrôle de leur frontière sud, par laquelle passent de nombreux migrants avant de tenter la traversée de la Méditerranée. Ils n'ont cependant pas encore prolongé celui de la mission navale européenne "Sophia", lancée en 2015 pour s'attaquer en mer aux passeurs, dont certains déplorent le manque de résultats. Le mandat de Sophia "expire à la fin du mois de juillet, nous avons encore deux semaines et je ne vois pas de problèmes particuliers avec quelque pays que ce soit sur ce point", a cependant assuré la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. "On doit vraiment réfléchir maintenant à la façon pour l'opération Sophia de jouer aussi son rôle dans les eaux territoriales" libyennes, a plaidé le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. Plus de 86.000 migrants sont arrivés depuis le début de l'année sur les côtes italiennes. Face à cet afflux, Rome se plaint d'être livrée à elle-même et appelle ses partenaires européens à davantage de solidarité. Ceux-ci se sont engagés début juillet à renforcer leur soutien à la Libye. Ils ont aussi appuyé le projet d'un "code de conduite" préparé par Rome pour les ONG menant des opérations de sauvetage en Méditerranée, accusées par certains de créer un "appel d'air" pour les migrants et les passeurs. Le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a, lui, déploré les conditions d'accueil des migrants en Libye, dans des centres de détention qui "ne correspondent nullement aux normes requises". Cette situation et la forte instabilité dans le pays rendent impossible selon lui de reproduire avec Tripoli l'accord migratoire conclu en 2016 avec Ankara, qui prévoit notamment le renvoi systématique vers la Turquie de tous les migrants y ayant transité. "La fermeture de la frontière maritime avec la Libye est tout aussi illusoire", a ajouté M. Asselborn.