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Pour la Banque d'Angleterre : Le Brexit pèse déjà sur l'économie britannique
Publié dans Le Maghreb le 07 - 08 - 2017

La Banque d'Angleterre a abaissé sa prévision de croissance au Royaume-Uni pour 2017, mettant en avant les conséquences négatives sur la consommation et l'investissement des incertitudes entourant le Brexit.
L'institution n'a par conséquent pas touché à sa politique monétaire, en laissant inchangé son taux d'intérêt à 0,25%, a-t-elle annoncé jeudi, à l'issue de sa réunion.
Elle ne modifie pas son dispositif mis en place il y a un an afin de contrer les effets du vote pour le Brexit et éviter toute sortie de route de l'économie.
La BoE se montre un peu plus pessimiste sur l'évolution prochaine de la croissance économique dans le pays, ce qui l'a conduit à abaisser sa prévision à 1,7% pour 2017, contre 1,9% précédemment.
Les attentes pour 2018 ont également été revues à la baisse à 1,6% contre 1,7% précédemment.
La hausse du produit intérieur brut (PIB) a connu un net coup de frein au premier trimestre, à 0,2% par rapport au trimestre précédent. La croissance s'était très légèrement raffermie à 0,3% au deuxième trimestre.
Le flou entourant le Brexit "pèse sur les décisions des entreprises et des ménages et pénalise à la fois la demande et l'offre", a constaté Mark Carney, gouverneur de la BoE lors d'une conférence de presse.
Il en a profité pour rappeler qu'une transition en douceur vers la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne était souhaitable, alors que les négociations avec Bruxelles ont tout juste commencé et doivent durer deux ans.
Selon la BoE, les incertitudes sur le Brexit commencent à peser sur les investissements des entreprises, qui jouent de prudence avant d'y voir plus clair sur l'avenir du pays en dehors de l'UE.
L'institution relève également que la croissance est pénalisée par la baisse du pouvoir d'achat des ménages, du fait d'une inflation élevée.
"Les ménages ont d'abord ignoré les incertitudes liées au Brexit, mais plus récemment, alors que les conséquences de la chute de la livre se sont manifestées dans les magasins et ont pesé sur les revenus réels, ils ont réduit leurs dépenses, affectant l'économie", a expliqué M. Carney.

Resserrement monétaire moins probable
La BoE s'attend à ce que l'inflation atteigne 3% en octobre, en raison de la baisse de la livre observée depuis le vote pour le Brexit en juin 2016 et qui a pour effet de renchérir le coût des biens importés. Elle n'a pas modifié ces attentes concernant la hausse des prix attendue à 2,8% au quatrième trimestre 2017 et 2,4% pour la même période de 2018.
La décision de maintenir les taux a été validée par six membres du comité de politique monétaire, deux s'étant prononcés pour un relèvement de 0,25 point de pourcentage. L'écart s'est agrandi entre les deux camps puisqu'il y a un mois le statu quo ne l'avait emporté que par 5 voix contre 3.
Il faut dire que le mandat de Kristin Forbes, qui s'était prononcée pour une hausse lors de la réunion précédente, est arrivé à son terme. Sa successeur, Silvana Tenreyro a voté pour le maintien des taux.
Ce changement dans la répartition des votes laissait penser aux marchés que l'hypothèse d'une hausse des taux prochaine devenait moins probable.
En conséquence, la livre s'affaiblissait assez nettement face au dollar et à l'euro. La devise britannique revenait au plus bas depuis novembre 2016 face à la monnaie européenne.
"Avec une croissance des salaires sous les 2% cette année et des entreprises prudentes sur l'investissement, nous pensons toujours que la Banque d'Angleterre ne devrait pas augmenter ses taux cette année", estime James Smith, économiste chez ING.
Enfin, cette réunion de la BoE s'est tenue alors que le personnel de maintenance, d'accueil et de sécurité de l'institution mène depuis mardi une grève de trois jours pour réclamer des hausses de salaires.
M. Carney a jugé que la situation était "regrettable" mais a assuré que la direction de la Banque était prête à reprendre les discussions à tout moment.

Conséquences du Brexit sur le tourisme
Un an après le vote pro-Brexit, la Bretagne, dont les Britanniques sont la première clientèle touristique étrangère, s'inquiète des répercussions possibles sur cette activité importante pour son économie, même si les effets concrets ne sont pas encore chiffrés.
Forte de sa proximité historique avec le Royaume-Uni, la Bretagne a très tôt réagi à l'annonce du Brexit en étant la première région à dresser, en décembre 2016, par l'intermédiaire du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser), une cartographie des secteurs économiques "les plus exposés" au Brexit.
Outre la pêche et l'agriculture, le transport et le tourisme ont été identifiés comme particulièrement vulnérables.
Alors que la saison touristique bat son plein et que les grandes vacances des Britanniques viennent de commencer, les acteurs du secteur se montrent prudents, voire pessimistes, sur l'avenir.
"Nous accueillons 635 000 touristes britanniques par an qui représentent 385 millions d'euros dépensés", rappelle Anne Gallo, présidente du comité régional du tourisme (CRT) de Bretagne. "Nous constatons une baisse de cette clientèle, ça nous a interpellés, mais cela a commencé avant le Brexit", ajoute-t-elle, précisant qu'il y a "une forte concurrence avec l'Espagne, le Portugal et l'Italie". Face à ce constat, le CRT a augmenté de 10% en un an ses dépenses de communication à destination du Royaume-Uni.
L'entreprise la plus souvent citée comme symbolisant les liens qui unissent le Royaume-Uni et la Bretagne est la Brittany Ferries, qui affichait un effectif moyen de 2.770 salariés en 2016 et un chiffre d'affaires de 455 millions d'euros. Selon le Ceser, elle tire 80% de son chiffre d'affaires de l'activité "passagers", la plupart britanniques, qui payent en livres quand l'entreprise dépense en euros.
"Les premiers chiffres chez Brittany Ferries font état d'une baisse de 6,8% du nombre de passagers britanniques par rapport à l'an dernier, même si les lignes bretonnes sont moins impactées que les normandes", indique Anne Gallo. Interrogée, la compagnie n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

Baisse du pouvoir d'achat
Les acteurs de l'hôtellerie et de la restauration sont eux plus partagés: beaucoup estiment qu'il est trop tôt pour se prononcer. "Le nombre de Britanniques est identique à 2016 même si le ticket moyen en restauration a diminué, mais nous tirerons de véritables conclusions fin août", résume Karim Khan, président de l'Umih Bretagne, principal syndicat du secteur.
"Il n'y a pas réellement d'impact, les tendances de réservation sont plutôt bonnes, mais nous restons prudents", juge de son côté Frédéric Bessonneaud, du Domaine des Ormes, qui compte 85% de clients britanniques.
La dépréciation de la livre, qui a chuté d'environ 15% en an, et ses conséquences sur le pouvoir d'achat des Britanniques, inquiètent aussi beaucoup.
"C'est le principal facteur d'influence sur la décision de venir en Bretagne et sur les dépenses sur place", estime le Ceser, pour qui à court terme, "une baisse du nombre de nuitées touristiques britanniques est à prévoir, avec des conséquences directes, en termes de retombées économiques pour la région, et d'emplois".
La Bretagne n'est pas seule à s'inquiéter. Dans une note de conjoncture, le CRT de Normandie relève que la clientèle britannique est jugée "en baisse" en juillet par 48% des professionnels interrogés, même si la mauvaise météo a également joué.
"Les Britanniques sont notre premier marché étranger, ils viennent en Normandie en tant qu'écoliers, puis en famille en été, puis hors saison quand les enfants sont partis", rappelle Alison Weatherhead, du CRT de Normandie. "Nous retenons notre souffle et attendons de voir les conclusions des négociations (sur le Brexit) qui ont à peine démarré."
"La baisse du pouvoir d'achat des Britanniques ne peut qu'accentuer la baisse de fréquentation déjà enregistrée avant le Brexit, notamment dans les campings où ils représentent 85% des étrangers", prévient de son côté Franck Louvrier, vice-président du conseil régional des Pays de la Loire chargé du tourisme.
Pour continuer à attirer cette clientèle, la région tente de coller "davantage à ses souhaits" en développant par exemple le "slow tourisme" à travers les croisières fluviales.


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