La Banque d'Angleterre (BoE) s'est montrée prudente jeudi, en abaissant ses prévisions pour la croissance et l'inflation, et alors que son Comité de politique monétaire (CPM) a laissé, à l'unanimité pour la première fois depuis juillet, son taux directeur à 0,50%. Lors de la réunion de son CPM achevée le 4 février, la banque centrale britannique a également maintenu à 375 milliards de livres (environ 495 milliards d'euros) le montant total de son programme de rachats d'actifs, dit d'"assouplissement quantitatif", lancé en mars 2009 et épuisé depuis novembre 2012. "Les publications du +Super jeudi+ (comme est surnommée la publication simultanée de la décision de politique monétaire, des minutes de la réunion du CPM et le rapport trimestriel sur l'inflation) ont dans l'ensemble été plutôt prudentes et ont confirmé qu'une hausse des taux d'intérêt n'est toujours pas à l'ordre du jour", a commenté Ruth Miller, spécialiste du Royaume-Uni chez Capital Economics. Pour la "Vieille dame de Threadneedle Street", comme est surnommée la BoE, la prudence est de mise car "la croissance mondiale a de nouveau marqué le pas sur les trois derniers mois, alors que les économies émergentes ont continué à ralentir et que l'économie des Etats-Unis a crû moins qu'attendu", ont révélé les minutes de la réunion du CPM.. Alors qu'il appelait à une hausse de 25 points de base du taux d'intérêt depuis août dernier, Ian McCafferty s'est cette fois rangé à la majorité, dans un contexte d'inflation toujours très faible au Royaume-Uni. Pour les économistes de Barclays, le changement de position de M. McCafferty devrait avoir été motivé par le fait que la livre britannique a cessé de s'affaiblir depuis la réunion du CPM de janvier, ainsi que par l'absence de pression inflationniste au niveau national et par un ralentissement de l'activité économique du pays. "La hausse des salaires a été plus faible qu'anticipé et le coût du travail devrait monter un peu moins rapidement que prévu lors du rapport sur l'inflation de novembre, contribuant à une reprise plus lente de l'inflation", a ainsi relevé le CPM dans un communiqué accompagnant sa décision monétaire.
Referendum sur l'UE dans le collimateur En outre, le rapport trimestriel de conjoncture de l'institution, publié en même temps que la décision monétaire, a montré une révision à la baisse des prévisions de la banque centrale pour l'inflation et la croissance en 2016. Ainsi, la BoE s'attend désormais à une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 2,2% en 2016, contre 2,5% dans son rapport de novembre, tandis que la hausse des prix devrait s'afficher selon elle à 0,8% au quatrième trimestre 2016 sur un an, contre 1,2% estimé il y a trois mois. L'étendue de la récente baisse des prix des matières premières implique que l'inflation devrait "rester sous 1% jusqu'à la fin de l'année", et la hausse des prix pourrait ne pas atteindre le niveau cible de 2% avant la fin 2017 voire le début 2018, a estimé la BoE. L'institution a également abaissé ses prévisions pour 2017, de 2,6% à 2,3% pour la croissance sur l'année calendaire et de 2% à 1,9% pour l'inflation sur un an au quatrième trimestre de 2017. "Etant donné que le CPM n'a envoyé aucun signal laissant à penser qu'il pourrait être en train de réfléchir à préparer le terrain pour une hausse des taux et comme un referendum sur l'appartenance (du Royaume-Uni) à l'UE (Union européenne) semble se profiler pour juin, les chances d'une hausse des taux au cours du premier semestre de cette année semble très faibles", a prévenu Mme Miller. Et le marché ne s'attend dans l'ensemble plus à une hausse de taux avant 2017. Mark Carney, le gouverneur de la BoE, a d'ailleurs répété jeudi lors d'une conférence de presse que le moment n'était pas venu de relever les taux, même s'il a tout de même insisté sur le fait que le prochain mouvement sur les taux seraient plus probablement une hausse qu'une baisse.