Les cours du pétrole peinaient à remonter la pente mardi en Asie, plombés par les craintes d'un affaiblissement de la demande chinoise et le renforcement du dollar. Vers 05h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en septembre, prenait quatre cents à 47,83 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en octobre, gagnait huit cents, à 50,81 dollars. "Les marchés ont reculé de 2% durant la nuit à cause de données chinoises maussades et d'un dollar plus fort" qui renchérit les achats des investisseurs munis d'autres devises, a déclaré Stephen Innes, analyste chez OANDA. Après avoir résisté au premier semestre, la deuxième économie mondiale affiche des marques de fatigue. La production industrielle en Chine a fortement ralenti en juillet, s'essoufflant à l'unisson des ventes de détail et du marché immobilier. "Les marchés des matières premières sont sur les dents depuis la semaine dernière et les chiffres montrant la modération des échanges chinois, alors le net déclin de la production industrielle va continuer à peser en négatif", a-t-il ajouté. Les investisseurs vont aussi scruter les estimations privées des stocks de brut américain de l'API qui doivent être publiés mardi avant les chiffres officiels mercredi du département américain de l'Energie.
Doutes sur la demande chinoise La veille, les cours du pétrole ont terminé en forte baisse, emportés par les craintes d'un affaiblissement de la demande chinoise de brut. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a essuyé une perte de 1,23 dollar à 47,59 dollars sur le contrat pour livraison en septembre au New York Mercantile Exchange (Nymex). Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a fini à 50,73 dollars, en baisse de 1,37 dollar par rapport à la veille. "Le marché est déçu par les informations indiquant que la demande brut en Chine en juillet était nettement plus faible que son niveau de juin et craint que cela ne finisse par toucher le reste du marché", a expliqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates. Sam Sinclair, analyste chez Inenco, pointait lui aussi "le ralentissement de l'activité des raffineries chinoises, vue comme un baromètre clef de la demande asiatique". "La production des raffineries chinoises a augmenté de 0,4% en juillet par rapport à juillet 2016. A 10,71 millions de barils par jour, la production n'avait pas été aussi faible depuis septembre 2016", ont détaillé les analystes de PVM. La demande chinoise de brut, jusque-là dynamique, faisait partie des éléments apportant du soutien au marché. Les investisseurs essaient également de jauger la soif chinoise d'or noir en évaluant l'état de santé de son économie. "Les dernières données sur la production industrielle de la Chine et le montant de l'investissement dans le pays montrent que la croissance faiblit, et arrive en deçà des attentes, ce qui nourrit les craintes d'une demande mondiale de pétrole faible", a noté David Madden, analyste chez CMC Markets. La production industrielle en Chine a fortement ralenti en juillet, s'essoufflant à l'unisson des ventes de détail et du marché immobilier. Dans ce contexte, "le marché a ignoré les informations venant de Libye", a estimé Andy Lipow. "Il y a des problèmes de sécurité et 30% de la production de pétrole (d'un important champ pétrolifère) est à l'arrêt", a rapporté Phil Flynn. La Libye, pays riche en pétrole, a sombré dans le chaos depuis la chute du colonel Kadhafi fin 2011: plusieurs autorités rivales et des myriades de milices se disputent le pouvoir. Malgré la guerre civile, le pays avait réussi depuis fin 2016 à rouvrir les vannes de brut. Comme le Nigeria, la Libye a été exemptée de quotas de production, bien que tous deux fassent partie de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui a décidé de limiter ses extractions jusque mars 2018 afin de faire remonter les cours. L'Opep et d'autres producteurs, dont la Russie, ont cherché à limiter l'offre mondiale, mais cet accord semble s'être fissuré cet été, avec plusieurs pays produisant plus que leurs objectifs selon les données de l'Opep.