Yves Guillemot le P-DG d'Ubisoft, appelle Vivendi, premier actionnaire (27%) de l'éditeur de jeu vidéo avec qui il est en désaccord, à "se comporter en actionnaire responsable", dans une interview aux Echos publiée hier. Il demande au groupe dirigé par Vincent Bolloré de ne pas entraver le développement du groupe en bloquant des résolutions soumises lors de l'assemblée générale d'Ubisoft prévue le 22 septembre, notamment celles concernant des plans de rémunération destinés aux talents du groupe. "Ubisoft n'est pas un jouet, mais une équipe olympique. Quand les collaborateurs se dépassent pour faire les meilleurs jeux de l'industrie, ils doivent être associés aux performances à moyen et long terme de l'entreprise", relève-t-il. A l'assemblée générale 2016, Vivendi s'était abstenu de voter les résolutions proposées par la direction d'Ubisoft, empêchant la mise en place de plans d'actions et d'autres éléments de rémunération pour certains salariés. Ubisoft va soumettre à nouveau cette année ces plans parmi d'autres résolutions extraordinaires, qui doivent être adoptées à plus des deux tiers des voix, et qui pourraient être mises en échec Si Vivendi s'abstenait. Vivendi, qui s'est emparé de l'éditeur de jeux mobiles Gameloft (fondé par la famille Guillemot) à l'issue d'une OPA, contrôle quelque 27% du capital d'Ubisoft, et souhaite renforcer son activité de jeu vidéo. La direction d'Ubisoft, qui a qualifié la montée au capital par Vivendi d'"hostile" est opposée à tout rapprochement avec le géant des médias et cherche à empêcher une prise de contrôle rampante ou une OPA du groupe de Vincent Bolloré. A l'AG du 22 septembre Ubisoft soumettra aussi au vote la nomination de deux administratrices indépendantes mais a refusé d'accorder un siège à son conseil d'administration à Vivendi. "Nous considérons (Vivendi) comme un concurrent. De plus, la réputation de Vivendi dans les conseils d'administration n'est pas exemplaire au vu de leur comportement dans le passé. Ils sont tournés vers leur intérêt", a averti Yves Guillemot. "Je crois que nos actionnaires ont plutôt intérêt à ce qu'Ubisoft soit dirigé par l'équipe actuelle, en toute sérénité, plutôt qu'en conflit avec des membres du conseil d'administration représentant Vivendi", a-t-il poursuivi.