Vivendi a annoncé une offensive tous azimuts pour parvenir à devenir "un leader mondial des contenus et des médias", avec le lancement d'une offre publique d'achat sur l'éditeur de jeux sur mobile Gameloft et une straté- gie de redressement des comptes de Canal+ passant par un projet d'alliance avec BeIN Sports. Le groupe a fait ces annonces à l'occasion de la présentation de ses comptes 2015, marqués par une chute de 59% du béné- fice part du groupe à 1,932 milliard d'euros, sous l'effet des cessions de l'année précédente (SFR, Maroc Telecom et GVT). Sur une base ajustée, le résultat net s'établit en hausse de 11,3% à 697 millions d'euros, pour un taux de marge opérationnel à 10,2%, soit des performances en ligne avec les objectifs annoncés. Vivendi a dévoilé à cette occasion un projet d'OPA sur Gameloft au prix de 6 euros par action --contre 5,48 euros à la clôture jeudi--, selon un avis distinct de l'Autorité des march és financiers (AMF), un niveau qui valorise la totalité de Gameloft à quelque 512 millions d'euros. Vivendi détient en date du 18 février 30,01% du capital et 26,72% des droits de vote de la société dirigée par Michel Guillemot, selon l'AMF. Gameloft est un actif "qui convient parfaitement à Vivendi", a souligné le président du directoire du groupe, Arnaud de Puyfontaine, au cours d'une conférence téléphonique. Le projet d'acquisition "s'int ègre parfaitement dans la strat égie de développement du groupe comme un leader mondial des contenus et des médias", détaille Vivendi dans un communiqué, notant que "le segment des jeux pour mobiles est celui qui devrait connaître la plus forte croissance" ces prochaines années. "Vivendi entend apporter à Gameloft de nouveaux leviers de développement, industriels et financiers", souligne-t-il. Mais la famille Guillemot, fondatrice de l'éditeur Gameloft, avait qualifié de l'entrée de Vivendi à son capital fin 2015 de "non sollicitée". Elle a déclaré son intention de prendre "les mesures nécessaires pour éviter une prise de contrôle rampante par des personnes qui pourraient remettre en cause la stratégie et la vocation mondiale de Gameloft", selon un avis de l'AMF publié lundi. Dans un communiqué, l'éditeur a annoncé que son "conseil d'administration a été convoqué la semaine prochaine. La société fera part de sa réaction après la tenue de son conseil". "D'ici là, aucun commentaire ne sera fait sur cette offre nonsollicit ée", ajoute le communiqué. DEPART DE PASCAL NÈGRE Vivendi confirme par ailleurs détenir 14,9% du capital d'Ubisoft, éditeur de jeux vidéo dirigé par un autre frère Guillemot, Yves. Le groupe de médias affiche sur l'année dernière un chiffre d'affaires en progression de 6,7% à 10,762 milliards d'euros (+1,4% à change et périmètre constant). Mais si la filiale de musique Universal Music Group (UMG) a vu son résultat opérationnel ajusté progresser de 5%, celui du groupe Canal+ a dévissé de 22%, pesant sur sa rentabilité du groupe l'an dernier. Canal+ a creusé sa perte opérationnelle en 2015 à 264 millions d'euros en France. Vivendi entend donc mener un plan de transformation de Canal+ pour "arrêter les pertes", qui passe notamment par un accord de distribution exclusive avec la chaine sportive BeIN Sports. Ce plan de transformation pourrait se traduire tout d'abord par une baisse des résultats opérationnels en 2016, pré- vient Vivendi, qui espère ramener cette filiale à l'équilibre en 2018. Pour UMG, Vivendi pré- voit une "croissance modérée des résultats cette année" et une "amélioration des résultats à partir de 2017". UMG France a annoncé de son côté le départ de son patron emblématique Pascal Nègre, qui dirigeait depuis 18 ans la maison de disque, qui sera remplacé par Olivier Nusse, actuellement directeur général du label Mercury Music Group et d'Universal Classic & Jazz France. Vivendi affiche une trésorerie de 6,4 milliards d'euros au 31 décembre, ce qui lui donne la possibilité de continuer ses emplettes. Le groupe précise explorer "des opportunités d'investissement dans plusieurs sociétés de production en Europe du Sud". Vivendi propose le versement d'un dividende ordinaire de 3 euros par action, représentant un montant total de 4 milliards d'euros.