A cause de l'exiguïté de son espace, le port de Béjaïa risque la saturation, ce qui rend l'option d'une cogestion irréversible. L'évolution de l'activité au port de Béjaïa, siège d'une croissance annuelle estimée à 10 % en moyenne, offre paradoxalement des signes de congestion de plus en plus forts dus essentiellement à l'exiguïté de son espace naturel, ont indiqué des responsables de l'entreprise portuaire. Cependant, ce port qui s'étend sur une cinquantaine d'hectares dans lesquels cohabitent des activités et des usages multiples, dont le transport des marchandises, le trafic passager, la réparation navale, la pêche et l'industrie agroalimentaire, l'infrastructure est selon les responsables “à l'étroit”. M. Achour, directeur d'exploitation de l'entreprise portuaire de Béjaïa a signalé que «le port n'est pas encore saturé mais au rythme où vont les choses on va vite y arriver». Selon lui, outre les limites des aires de manutention et de stockage qui posent déjà de réels problèmes de gestion, le port reste confronté à l'atrophie des réseaux routier et ferroviaire, dont la contrainte gène les dégagements et le transbordement du fret, hors de la plate-forme. La congestion est ressentie encore plus intensément au niveau du terminal à conteneurs. Avec un traitement de 30 conteneurs par heure, une performance dans le bassin méditerranéen, la plate-forme, aux jours d'affluence, ne sait plus où stocker ses réceptions. Pour sa part, M. Ouzegdouh, directeur marketing de B.M.T (Béjaïa Mediterranean Terminal), s'est dit préoccupé surtout par «l'absence de grandes solutions viables et immédiates». Selon lui, «hormis l'option d'aménagement de terrains d'entreposage, voire de plates-formes logistique extra-muros, peu de pistes s'offrent comme solution». «Nous avons envisagé la possibilité de gerber en hauteur, en portant les niveaux actuels de trois à quatre étages. Mais hélas, on a été confrontés à une contrainte liée à la solidité du sol. Et malgré la mobilisation de fonds à cet effet, on a dû renoncer”, a-t-il expliqué. Par ailleurs, encouragée par l'expérience réussie de la navette par rail entre Béjaïa et Rouiba, l'entreprise entend en faire autant avec la région des Hauts-Plateaux, notamment Sétif et Bordj Bou Arréridj où elle compte aménager de nouvelles zones de stockage. «Ça sera des aires d'entreposage, d'empotage et dépotage», a expliqué M. Ouzegdouh, qui estime qu'une grande partie du fret débarqué à Béjaïa, est l'apanage des opérateurs de cette région. Selon le directeur marketing de B.M.T, la solution reste, pour l'heure, l'unique alternative à développer. A moyen terme, elle peut aider à semer les jalons pour le développement des activités logistiques, quasiment inexistantes, et préfigurer, par-là même, l'implantation d'entreprises prestataires des réseaux de distribution modernes et quasi-industriels. Egalement, le même responsable a noté qu'une étude, fondée sur un aménagement du port de Béjaïa, par phase (échéances 2010, 2015, 2020), prévoit un gain sur la mer, d'un espace de l'ordre de 50 hectares, soit le double des capacités actuelles. La concrétisation de cette étude est de nature à bouleverser complètement la situation du port, qui va, dans la foulée, non seulement améliorer son attractivité au plan de la navigation et de la sécurité, en agrandissant ses tirants d'eau, mais aussi, capter les gros navires de type Panamax et, par conséquent, de plus grand flux de marchandises. Enfin, avec une croissance annuelle estimée à 10 % en moyenne, grâce à son partenariat avec le group singapourien Portec, seul le port de Béjaïa peut réaliser un traitement de 24 conteneurs par heure. Durant l'année 2007, le port de Béjaïa a manutentionné 15 millions de tonnes de marchandises, dont plus de 100 000 conteneurs.