Investir dans les énergies renouvelables, est considéré comme un pôle économique d'excellence chez les connaisseurs de l'économie, car les grandes puissances se trouvent en pleine concurrence pour s'améliorer dans ce domaine. Provenant de deux grandes sources naturelles : le Soleil et la Terre, les énergies renouvelables n'engendrent pas ou peu de déchets ou d'émissions polluantes. Plus que ça, elles participent à la lutte contre l'effet de serre et les rejets de CO2 dans l'atmosphère, facilitent la gestion raisonnée des ressources locales, génèrent des emplois. Dans le secteur des énergies renouvelables, la géopolitique mondiale est en train de prendre un nouveau visage. En 2015 déjà, les pays en développement dépassaient pour la première fois les pays développés pour leurs investissements dans les énergies renouvelables : 19% du total mondial pour les premiers contre 8% pour les seconds. La championne toute catégorie était alors la Chine, avec 17% des investissements mondiaux à elle seule, soit 102,9 milliards de dollars. Selon le classement du cabinet EY, publié en 2016, les Etats-Unis, la Chine et l'Inde sont, dans l'ordre, les trois pays les plus attractifs en matière d'énergies renouvelables. En Algérie, contrairement aux pays mentionnés en haut, le jour où on investira réellement dans ce domaine semble lointain, malgré qu'on en a vraiment besoin surtout en cette conjoncture économique, où la création d'emploi fait partie des priorités du gouvernement. En effet, lors de son passage, hier matin, dans l'émission l'“Invité de la rédaction” de la chaîne 3 de la Radio algérienne, le professeur Chems-Eddine Chitour, enseignant à l'Ecole polytechnique d'Alger a, une nouvelle fois, plaidé pour l'investissement dans les énergies renouvelables. Commentant la décision du gouvernement d'aller vers une révision de la loi sur les hydrocarbures et l'exploitation du gaz de schiste, considérés comme nécessaires, le Professeur Chitour, pense " que c'est un mauvais signal que de dire maintenant aux citoyens qu'on va revenir aux hydrocarbures, après avoir expliqué depuis des années qu'il faut des investissements hors-hydrocarbures ". " Certes, il faut exploiter, rationaliser et augmenter les réserves d'hydrocarbures, mais il ne faut pas changer de logiciel ", a plaidé le Professeur Chitour. A force de ne parler que du développement et de l'exploitation des énergies fossiles, " on a étouffé toute velléité de développement des autres possibilités de production de l'énergie ", regrettera-t-il.
Le potentiel de l'Algérie en gaz de schiste est important Sur la question du gaz de schiste, l'invité de la radio chaîne 3 estime que " si on veut aller vers son exploitation, cela doit se faire dans un cadre d'une stratégie globale, qui intègre le développement de l'exploitation des énergies renouvelables". Le Professeur Chitour reconnaît que le potentiel de l'Algérie en gaz de schiste est important, avec des réserves estimées à 20.000 milliards de m3, par le département américains de l'énergie, les 3èmes au monde après celles de la Chine et de l'Argentine. Mais c'est un potentiel, ajoutera-t-il, qu'il faut " exploiter de façon rationnelle ", car soulignera-t-il, " il n'y a pas pour le moment d'avancées technologiques majeures pour rendre le gaz de schiste respectueux de l'environnement ". Plus explicite, le Professeur Chitour, qui fait savoir qu'il est de ceux qui suivent l'actualité, citera l'exemple de l'Etat de l'Oklahoma aux USA qui enregistrait 3 tremblements de terre par année, mais après s'être engagé dans l'exploitation du gaz de schiste il enregistre 3 tremblements de terre par jour. " La fracturation hydraulique (technique d'exploitation du gaz de schiste, ndlr) fragilise le sol, sans parler des produits chimiques et des quantités phénoménales d'eau douce qu'il faut utiliser ", a-t-il argumenté. Le Professeur Chitour estime que l'exploitation du gaz de schiste doit être réfléchie et rationnelle et l'inscrire dans le cadre d'un modèle et d'un bouquet énergétiques qui mettent l'accent sur le développement des énergies renouvelables propres. S'agissant de la révision de la loi sur les hydrocarbures pour une meilleure attractivité du marché, le Professeur Chitour estime, qu' " après plus de 55 ans d'activités dans le pétrole et le gaz, le moment est venu pour notre pays de réaliser son autosuffisance et cesser d'être dépendant totalement vis-à-vis des compagnies internationales, en matière d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures ". L'apport des compagnies étrangères doit être un complément, et pour cela on doit relancer la formation dans le secteur, a conclu le Professeur Chitour.