Le pétrole a terminé en hausse lundi après la prise de contrôle par les forces irakiennes du siège du gouvernorat de Kirkouk, une province riche en brut que se disputent Bagdad et la région autonome du Kurdistan. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre, référence américaine du brut, a gagné 42 cents pour clôturer à 51,87 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a fini à 57,82 dollars, en hausse de 65 cents par rapport à la clôture de vendredi. La province de Kirkouk (nord-est), qui ne fait pas partie de la région autonome du Kurdistan irakien, est au cœur d'un contentieux entre Bagdad et Erbil que le récent référendum sur l'indépendance kurde a encore exacerbé. Depuis dimanche, l'armée a repris plusieurs zones et infrastructures de la région dont les Kurdes s'étaient emparées en 2014 dans le chaos né de la percée fulgurante de l'Etat islamique (EI). Parmi elles, le champ pétrolier de Baba Gargar. Selon un haut responsable du ministère irakien du Pétrole, le pompage des deux principaux --Havana et Bay Hassan-- a aussi cessé lundi après-midi, les "techniciens kurdes ayant quitté les puits avant l'arrivée des forces irakiennes".
Perturbations temporaires? "Jusqu'à présent la menace la plus immédiate (dans la région) était la fermeture par la Turquie du flux de pétrole passant par l'oléoduc allant de Kirkouk à Ceyhan", a souligné James Williams de WTRG Economics. Avec l'avancée des forces irakiennes, "on ne sait pas vraiment si Bagdad cherche juste à contrôler Kirkouk ou si l'intention est de prendre le contrôle de l'ensemble du Kurdistan", a-t-il noté. "A quel point la production est perturbée ? Ce n'est pas complètement clair, mais l'inquiétude grandit sur une escalade de la situation alors que des échanges de tirs ont déjà eu lieu", a aussi expliqué Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Les six champs pétroliers de la zone fournissent 340 000 des 550 000 barils par jour (b/j) qu'exporte en moyenne le Kurdistan irakien. Les Kurdes géraient jusqu'à présent directement trois de ces champs pétroliers, qui produisent 250 000 b/j. Les trois autres -dont Baba Gargar- étaient gérés officiellement par la NOC, institution publique en charge du pétrole, mais les recettes revenaient aux Kurdes. Le Kurdistan exporte normalement le pétrole via un oléoduc de 1 000 kilomètres de long reliant Kikourk à Ceyhan en Turquie. Ce dernier "va être difficile à protéger, et il nous paraît probable qu'il soit paralysé au moins temporairement dans un futur proche, qu'il s'agisse d'une intervention irakienne, turque ou d'un sabotage", a estimé Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. Mais pour Neil Wilson, analyste chez ETX Capital, "toute perturbation des exportations ne devrait être que temporaire, car aucune des parties n'a intérêt à ce que la production soit arrêtée trop longtemps". Les investisseurs surveillaient aussi la situation autour de l'Iran alors que Donald Trump a refusé de certifier vendredi le fait que Téhéran respecte ses engagements. Cela pourrait conduire le Congrès américain à rétablir les sanctions économiques qui empêchaient l'Iran, actuellement sixième producteur mondial, d'exporter ses extractions. L'Union européenne s'est toutefois montrée déterminée lundi à préserver l'accord nucléaire iranien.
Hausse en Asie Dans les échanges matinaux, les cours du pétrole poursuivaient leur hausse, l, profitant des tensions géopolitiques liées à la remise en cause par Donald Trump de l'accord sur le nucléaire iranien. Vers 03h30 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en novembre, prenait 42 cents à 51,87 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en décembre, gagnait 65 cents à 57,82 dollars. Donald Trump a annoncé vendredi son refus de "certifier" l'accord sur le nucléaire iranien, plaidant pour son durcissement par le Congrès et menaçant de retirer les Etats-Unis de l'accord négocié par Barack Obama si ses demandes ne sont pas satisfaites. Cette décision a déclenché de vives inquiétudes parmi les alliés des Etats-Unis sur la crédibilité de Washington pour mener à bien des négociations avec Pyongyang si l'accord avec l'Iran n'est plus honoré. "L'attitude de Trump a effrayé les investisseurs qui craignent des perturbations de l'offre", a estimé Jeffrey Halley, analyste chez OANDA. "La situation est d'autant plus compliquée que sa décision place ouvertement l'administration américaine contre les autres signataires de l'accord de 2015."