Le 19e congrès du Parti communiste chinois (PCC) a surtout marqué les esprits par le grand succès politique de Xi Jinping. Formellement, ce succès a été fixé dans la nouvelle rédaction de la Charte du PCC qui comporte une annexe sur l'"Idée de Xi Jinping sur la nouvelle ère du socialisme avec une spécificité chinoise", a écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Aucun de ses prédécesseurs n'avait eu l'honneur de voir son nom accolé à un tel texte, même si théoriquement les élaborations datant de leur règne continuent de figurer dans la charte. Le nom de l'architecte de la réforme chinoise Deng Xiaoping a été inscrit dans la charte après sa mort en 1997 pendant le 15e congrès du PCC. Ce faisant, Xi Jinping a pratiquement égalé Deng Xiaoping dans la succession des dirigeants du PC et s'est rapproché autant que possible du statut de Mao Zedong. En octobre 2016, le 6e plénum du Comité central a proclamé Xi Jinping "noyau du CC" et "noyau du parti". Ce dernier a tenté de matérialiser son succès politique au congrès en promouvant ses partisans aux postes clefs de l'appareil du parti. Les changements et les remaniements au sommet de la direction du parti et de l'Etat se poursuivront jusqu'au printemps prochain. Un accent a été mis sur la nécessité de développer les systèmes de régulation juridique. A ces fins sera créé un autre groupe dirigeant du CC pour l'administration générale de l'Etat sur la base des lois. Il sera très probablement présidé par Xi Jinping en personne et ses compétences incluront la législation, l'application de la loi, le suivi constitutionnel et le fonctionnement du système judiciaire. Pendant le congrès, le président chinois a réaffirmé la ligne visant à poursuivre la lutte contre la corruption qui, selon lui, est la principale menace pour le parti, et a accentué son idée d'institutionnaliser le mécanisme de lutte contre ce fléau. A cet effet, il a été décidé de créer un nouvel organe de contrôle appelé à réunir les fonctions de contrôle des commissions du parti pour vérifier la discipline et les organes de contrôle public. Cela transformera le système de contrôle actuel à deux voix - séparément pour les membres du parti et séparément pour tous les autres - en créant un réseau commun d'organes de contrôle sur toute la verticale du pouvoir, du niveau des districts au Centre. La situation critique dans le domaine de l'environnement, qui demeure un puissant élément social irritant et suscite beaucoup de colère, a soulevé la question de la mise en place d'un autre méga-régulateur pour un contrôle global de l'exploitation rationnelle du terrain et d'autres ressources naturelles. En qualité de leader incontestable du parti, Xi Jinping s'efforce d'agir habilement, de ne pas abuser de ses pouvoirs et d'éviter de prendre des décisions hâtives. Il fait à la fois preuve d'une attention particulière pour la continuité et le respect des traditions et du cérémonial. Le congrès a montré que le système de gouvernance collective mis en place par Deng Xiaoping était révolu. Il cède aujourd'hui la place à un système modifié compte tenu des réalités actuelles, qui pourrait être qualifié de système d'autoritarisme doux avec une spécificité chinoise. De ce point de vue, la Chine entre effectivement dans une nouvelle ère. Le parti de type dirigeant la mènera sur la voie de la construction d'une puissance socialiste modernisée.