Le pétrole new-yorkais et londonien a terminé en hausse jeudi, soutenu par une baisse plus marquée que prévu des stocks américains de pétrole brut et un premier recul de la production dans le pays depuis plusieurs semaines. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février, référence américaine du brut, a gagné 20 cents pour clôturer à 59,84 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février, dont c'est le dernier jour de cotation, a clôturé à 66,72 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 28 cents par rapport à la clôture de mercredi. Selon un rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie (DoE) jeudi, les réserves commerciales de brut ont chuté de 4,6 millions de barils lors de la semaine achevée le 22 décembre, contre un recul attendu de 3,75 millions de barils selon les analystes. La production américaine a quant à elle baissé pour la première fois après sept semaines de records consécutifs depuis que ces statistiques ont commencé à être compilées en 1983, à 9,75 millions de barils. "Cela dit, on reste à des niveaux de production très élevés et la barre des 10 millions de barils par jour sera bientôt franchie", a commenté Gene McGillian de Tradition Energy.
Fermeture d'oléoducs Le pétrole américain a clôturé près de son plus haut niveau depuis deux ans et demi atteint mardi, à 59,97. Le pétrole londonien également, ayant atteint mardi un plus haut depuis la même période à 67,02 dollars. Les exportations américaines ont par ailleurs surpris dans le rapport du DoE, s'affichant en recul à 1,21 million de barils par jour contre 1,86 million de barils par jour une semaine auparavant, les analystes s'attendant à un chiffre supérieur suite aux perturbations liées à la fermeture d'un oléoduc en mer du Nord, limitant la distribution de brut dans la région. L'oléoduc de Forties, par lequel passent habituellement l'équivalent d'entre 400.000 et 450.000 barils de pétrole chaque jour, est fermé depuis le début du mois, mais son opérateur Ineos a affirmé mardi que les réparations étaient désormais finies et que des tests de pressurisation étaient en bonne voie. Les marchés suivaient également les conséquences d'une explosion mardi sur un oléoduc en Libye qui transporte habituellement, selon les analystes, entre 70.000 et 100.000 barils par jour. "Aux dernières nouvelles, il ne s'agirait que de réparations mineures qui ne prendraient qu'une semaine, ce qui est assez court pour un oléoduc situé dans le désert", a commenté Kyle Cooper d'IAF Advisors. Tous ces éléments n'ont pas permis aux volumes d'échanges de décoller franchement, de nombreux investisseurs ayant quitté les salles de marché pour la semaine entre Noël et le Nouvel An. Le marché sera d'ailleurs fermé à Londres vendredi, où ne se tiendront que des échanges électroniques.
Baisse des stocks américains Les stocks de pétrole brut ont baissé plus fortement que prévu aux Etats-Unis la semaine dernière, selon des chiffres publiés jeudi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 22 décembre, les réserves commerciales de brut ont chuté de 4,6 millions de barils pour s'établir à 431,9 millions, quand les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur un recul de seulement 3,75 millions de barils. A ce niveau, les réserves commerciales de brut sont en baisse de 11,1% par rapport à la même époque en 2016 et se maintiennent dans le milieu de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les réserves d'essence ont de leur côté gonflé de 600.000 barils, soit moins que la progression de 1,35 million de barils prévue. Elles s'inscrivent en repli de 0,5% par rapport à la même période l'an dernier et restent dans la partie supérieure de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les stocks de produits distillés (fioul de chauffage, etc.) ont avancé de 1,1 million de barils alors que les analystes anticipaient une stagnation. Ils sont en repli de 14,3% par rapport à leur niveau un an auparavant et s'inscrivent dans le milieu de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut du terminal de Cushing (Oklahoma, sud), ont baissé de 1,6 million de barils à 51,4 millions.
Recul de la production La production de brut a pour sa part baissé après sept semaines de record de suite depuis que ces statistiques ont commencé à être compilées en 1983, les Etats-Unis extrayant en moyenne 9,75 millions de barils par jour contre 9,79 mbj la semaine précédente. Elle se maintient toutefois à un niveau très élevé. La cadence des raffineries a augmenté, les infrastructures opérant à 95,7% de leurs capacités contre 94,1% la semaine précédente. Les exportations d'or noir ont reculé, à 1,21 million de barils par jour contre un bond à 1,86 million la semaine précédente. Les analystes avaient anticipé une poursuite du rebond sous l'effet de la fermeture d'un oléoduc en mer du Nord depuis le début du mois, limitant la distribution de brut dans la région. Les importations ont quant à elles continué à progresser, à 7,99 mbj contre 7,83 mbj la semaine précédente. Concernant la demande sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 20,6 mbj, en hausse de 3,5% par rapport à la même période l'an dernier. La demande d'essence lors des quatre dernières semaines a progressé de 2,0% par rapport à la même période l'an dernier et celle des produits distillés a avancé de 0,7%
Une semaine pour réparer l'oléoduc libyen Les autorités libyennes estiment qu'il faudra une semaine environ pour remettre en état un oléoduc endommagé par une explosion criminelle. Des hommes armés ont fait sauter mardi une section de cet oléoduc de la compagnie pétrolière Waha Oil et réduit l'acheminement de brut vers le terminal portuaire d'Es Sider. La perte de production est estimée à entre 70.000 et 100.000 barils par jour, selon la compagnie nationale pétrolière libyenne (NOC). Cette attaque a eu un effet sur les marchés pétroliers et fait monter les prix du baril de Brent. "Nous estimons que les réparations prendront environ une semaine à compter d'aujourd'hui", a dit mercredi le président de la NOC, Mustafa Sanallah, dans une réponse écrite à des questions de Reuters. "Il n'y aura pas d'effet majeur sur nos activités de marché, juste un petit changement", a-t-il ajouté. L'explosion s'est produite à 130 km au sud d'Es Sider et les dégâts portent sur une section de 30 à 35 mètres de long de l'oléoduc. Des équipes de la NOC devaient se rendre sur place dans la journée pour procéder à une estimation précise. La région où a eu lieu l'attaque était contrôlée par les combattants du groupe Etat islamique (EI) avant qu'ils soient chassés de la ville de Syrte par les forces gouvernementales libyennes il y a un an. Waha Oil est une filiale de la NOC et participe à une co-entreprise avec les sociétés américaines Hess, Marathon Oil et ConocoPhillips. La compagnie produit 260.000 barils par jour, a indiqué son président le mois dernier. La compagnie pétrolière libyenne Waha Oil a dit jeudi qu'elle prévoyait de remettre en état "d'ici très peu de jours" un oléoduc qu'elle exploite et qui a été endommagé mardi par une explosion. L'explosion provoquée par des hommes armés à environ 130 km au sud du terminal portuaire d'Es Sider a réduit la production libyenne de pétrole de jusqu'à 100.000 barils par jour , selon la compagnie nationale NOC, maison mère de Waha. Une équipe est sur place pour réparer l'installation, a précisé Waha dans un communiqué, en évoquant sans autre précision une "attaque terroriste". La région du sud-ouest de la Libye où s'est produit l'incident avait été par le passé le théâtre d'attaques du groupe Etat islamique (EI).
L'oléoduc de Forties fonctionne à moitié de sa capacité L'oléoduc pétrolier et gazier britannique de Forties, l'un des plus gros en mer du Nord, redémarre progressivement après les travaux de réparation et transporte environ la moitié de sa capacité normale, apprend-on mercredi d'une source de marché proche de l'opération. Forties transporte habituellement quelque 450.000 barils par jour de pétrole brut de la Mer du nord. L'opérateur Ineos a remis en marche l'oléoduc en début de semaine et s'est engagé à ce qu'il fonctionne à plein régime début janvier. Ineos n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter cette information de source du marché. L'oléoduc joue un rôle important sur le marché mondial, car le pétrole de Forties est le plus grand constituant du standard du Brent, qui sert de référence pour les transactions de pétrole en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. La fermeture de l'oléoduc le 11 décembre, après la découverte de fissures à la suite d'une inspection de routine, a poussé le cours du Brent au-dessus des 67 dollars le baril, à ses plus hauts niveaux depuis juin 2015. Il retombait de 62 cents à 66,40 dollars mercredi vers 14h00 GMT. Ineos, société pétrochimique qui a racheté en octobre le système d'oléoducs de Forties à BP, avait fait état le 13 décembre d'une situation de force majeure qui l'obligeait à suspendre ses obligations contractuelles. Forties transporte également un tiers de la production totale de gaz naturel offshore britannique.