Les cours du pétrole, après être nettement montés dans le sillage de la fermeture d'un oléoduc important en mer du Nord, ont terminé en baisse mardi à New York et à Londres, avant les données hebdomadaires sur les réserves américaines. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier, référence américaine du brut, a perdu 85 cents pour clôturer à 57,14 dollars sur le New York Mercantile Exchange. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a terminé à 63,34 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,35 dollar par rapport à la clôture de lundi. "Le principal événement de ces derniers jours a été la fermeture de l'oléoduc de Forties, qui a fait bondir les prix du Brent et dans une moindre mesure du WTI", a rappelé Mike Lynch de SEER. Le Brent est même monté en cours de séance jusqu'à 65,83 dollars, son plus haut niveau depuis juin 2015, avant ensuite de baisser. L'oléoduc de Forties, qui relie de nombreuses plateformes pétrolières à l'Ecosse et représente un débit quotidien compris entre 400.000 et 450.000 barils, a été arrêté suite à la découverte d'une fuite. Selon son opérateur Ineos, il est "encore trop tôt pour dire combien de temps les réparations vont prendre mais il s'agit sans doute plus d'une question de semaines que de jours". Or le pétrole de Forties a une importance particulière pour les prix du marché. "Il ne s'agit pas que de 450.000 barils par jour. Ce volume devait représenter plus de la moitié du pétrole utilisé pour fixer le prix du pétrole de Brent pour janvier. C'est ce standard qui est utilisé comme référence en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie", a rappelé Tamas Varga, analyste chez PVM. Les prix du baril de WTI comme de Brent ont toutefois reflué dans la journée. "Mais il s'agit de prises de bénéfices après les niveaux atteints plus tôt en séance", a commenté David Madden, analyste chez CMC Markets. "Les investisseurs semblent dire qu'après l'accord passé fin novembre par l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et ses partenaires" par lequel ils se sont engagés à limiter leur production, "il faudrait vraiment voir des signes d'un rééquilibrage entre l'offre et la demande sur le marché mondial pour faire monter les prix", a aussi avancé Gene McGillian de Tradition Energy. Les marchés attendaient à cet égard la publication mercredi des données hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE) sur les réserves de pétrole des Etats-Unis. Pour la semaine achevée le 8 décembre, les analystes tablent sur une baisse des réserves de brut de 2,9 millions de barils, et sur une hausse de celles d'essence de 2,3 millions de barils, ainsi qu'une hausse de celles de produits distillés de 1,2 million de barils, selon la médiane d'un consensus compilé par Bloomberg. Les chiffres du DoE seront précédés mardi après la clôture européenne par les données de la fédération professionnelle de l'American petroleum institute (API), qui sont jugés moins exacts que ceux du DoE par les marchés.
… et continue d'avancer en Asie Les cours du pétrole continuaient de grimper mardi en Asie, en particulier le contrat européen qui dépasse les 65 dollars pour la première fois en deux ans et demi, dans la foulée de la fermeture d'un important oléoduc en mer du Nord. Vers 04h50 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en janvier, prenait 28 cents à 58,27 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en février, gagnait 65 cents, à 65,34 dollars. "L'oléoduc de Forties au Royaume-Uni a été fermé à cause de fuites", a relevé Shane Chanel, analyste chez ASR Wealth Advisers. "C'est significatif car cet oléoduc fournit près de 40% du brut de la mer du Nord". C'est un élément "positif" pour les investisseurs car "cela soulage un peu les inquiétudes sur la surabondance de l'offre et cela va soutenir les cours à court terme". Les marchés craignent cependant que la hausse des cours ne provoque un appel d'air pour les producteurs américains et une augmentation de la production de brut aux Etats-Unis qui réduirait à néant les efforts de l'Opep pour rééquilibrer le marché. Selon les analystes, les investisseurs auront l'oeil rivé sur le décompte hebdomadaire des puits de pétrole actifs aux Etats-Unis.
Ryad va réduire ses exportations vers l'Asie L'Arabie saoudite a annoncé une réduction de ses exportations de brut à destination de ses clients asiatiques en janvier, pour accélérer un rééquilibrage du marché international de brut. Un porte-parole du ministère saoudien de l'Energie a déclaré que l'entreprise publique Aramco allait maintenir "un approvisionnement constant à destination des Etats-Unis et de l'Europe, tandis que les exportations vers l'Asie allaient être réduites de 100.000 barils par jour" par rapport aux niveaux de décembre. "Cela est conforme à notre volonté de tenir, et même de dépasser, nos engagements" pris le 30 novembre lors de la prolongation de l'accord de réduction de la production, a-t-il annoncé. L'accord passé entre pays producteurs a étendu jusqu'à la fin 2018 la réduction de la production de 1,8 million de barils par jour (mbj) afin d'enrayer une chute des prix du pétrole. L'accord a été signé par 24 pays producteurs, dont la totalité des 14 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et la Russie. "Nous espérons qu'en montrant ainsi l'exemple, nos partenaires au sein de l'Opep, ainsi que les autres, feront de même" en respectant à 100% les termes de l'accord et contribuer ainsi "à accélérer la stabilisation du marché", a dit le porte-parole. L'accord avait permis un rebond du prix du pétrole, qui est passé de moins de 30 dollars le baril début 2016 à plus de 60 dollars le baril actuellement.