A la fin du mois d'octobre dernier, le prix du baril de Brent a atteint 60 dollars: il s'agit non seulement d'un niveau psychologique, mais aussi du résultat d'une grande unification de pratiquement toutes les puissances pétrolières du monde au sein de l'OPEP ou, plus précisément, de l'OPEP+Russie. L'accord de réduction de la production de pétrole de 1,8 million de barils par jour par rapport au niveau d'octobre 2016 - la Russie assure 300 000 barils de cette baisse - a été signé à l'époque où les prix du baril se chiffraient à 40 dollars. Cet engagement est entré en vigueur en janvier 2017 et aurait dû expirer en juin, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Ses initiateurs espéraient que cette période serait suffisante pour que les stocks excessifs s'épuisent et que les prix atteignent le niveau désiré de 60 dollars le baril. La diminution des réserves excessives s'est pourtant avérée lente, alors que les prix ont atteint 50 dollars, mais n'avaient visiblement aucune envie de progresser davantage. En mai 2017 les participants à l'accord ont prolongé ce dernier jusqu'au 31 mars 2018, mais certains ont indiqué en automne que l'entente était inefficace, que l'objectif n'avait pas encore été atteint et qu'il fallait probablement renoncer à l'engagement. La première visite du roi saoudien Salmane ben Abdelaziz Al Saoud en Russie et sa rencontre avec le président Vladimir Poutine au Kremlin ont renforcé les espoirs sur la persistance de l'accord. La hausse des prix enregistrée en octobre dernier est, selon les experts, liée aux réformes politiques et à la campagne anticorruption en Arabie saoudite, où on a arrêté 11 princes et 38 fonctionnaires. Fin novembre, les producteurs de pétrole se sont entendus à prolonger l'accord jusqu'à la fin de l'année 2018. Le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak a expliqué que le marché n'avait absorbé que 50% des réserves excessives. Il a également souligné avec satisfaction en octobre, que la hausse des prix résultant de l'accord avait permis au budget russe d'obtenir environ 1 000 milliards de roubles supplémentaires (14,54 milliards d'euros). A la fin du mois de décembre, le prix du pétrole a atteint 64 dollars le baril, alors les médias spéculaient sur son hausse éventuelle à 70 dollars. Les participants à l'accord se sont entendus à se réunir en juin prochain pour analyser l'état du marché et statuer sur l'avenir du groupe "OPEP+Russie". Selon Alexandre Novak, ils pourraient corriger l'entente afin d'augmenter la production ou de la réduire davantage. "Comme nous sommes incapables de prédire à 100% le délai de la stabilisation du marché, notre position est souple, explique le ministre. Si le marché n'arrivait à s'équilibrer, il serait nécessaire de penser ce qu'il faudra faire dès janvier 2019. Si la situation s'améliorait, nous adopterions une décision visant à éviter sa surchauffe".
L'attentat contre l'oléoduc libyen entraîne une hausse record des cours L'attentat qui a été perpétré sur l'oléoduc de Zaggut en Libye a provoqué une vive réaction du marché énergétique mondial. Les experts ont déjà estimé les pertes de productions à 100 000 barils par jour. Suite à l'attaque les échanges en bourse se sont ouverts ce 27 décembre par une montée en flèche des quotas pour atteindre un record depuis deux ans. Le baril Brent a franchi la barre de 67 dollars - un record depuis 2015, écrit mercredi 27 décembre le site de la chaîne Russia Today (RT). Ce matin il a été annoncé que la veille les combattants du groupe islamiste radical Brigades de défense de Benghazi ont fait exploser l'oléoduc acheminant le pétrole brut jusqu'au terminal pétrolier d'Es-Sidr. C'est ce que rapporte le quotidien The Libya Times. D'après l'agence de presse Reuters, les attaquants sont arrivés dans la zone près de Marada à bord de deux voitures pour y poser des explosifs. L'Armée nationale libyenne (LNA) a reconnu les faits comme étant un attentat. D'après la Corporation pétrolière nationale de la Libye (NOC), l'explosion s'est produite sur la ligne à 15 km au nord de Marada et à 130 km au sud de Sidr. Le communiqué de la NOC souligne que les pertes de production suite à l'attentat pourraient s'élever à 70.000-100.000 barils par jour. L'opérateur de l'oléoduc est la compagnie pétrolière al-Waha (filiale de la NOC) qui achemine 260.000 barils par jour. La hausse record des prix du baril après la réduction des fournitures libyennes a provoqué une réaction hystérique du marché et est spéculative. C'est ce qu'a expliqué le chef du service analytique de Veles Capital Ivan Manaenko. Ce dernier estime que ce facteur exercera un effet à court terme sur la montée du cours pétrolier. D'après Ivan Manaenko, toute l'attention des acteurs du marché des matières premières se concentre aujourd'hui sur les informations concernant les réserves pétrolières aux Etats-Unis. Jeudi 28 décembre, l'Agence de la sécurité énergétique (EIA) compte publier de nouvelles statistiques. La semaine dernière les réserves du pétrole brut aux USA se sont réduites de 6,5 millions de barils au lieu de 3,8 millions attendus. Sachant que les réserves générales des hydrocarbures (hormis la Réserve pétrolière stratégique des USA) ont atteint leur minimum depuis 2 ans - 436 millions de barils. Dans le même temps, la production du pétrole américain a augmenté de 10% en 2017. Selon l'EIA, en décembre la production journalière a atteint 9,8 millions de barils contre 8,9 millions en début d'année. Depuis janvier le nombre de puits de forage aux Etats-Unis a augmenté de 218 unités jusqu'à 747. Ces informations sont rapportées par la compagnie de services pétroliers Baker Hughes. Comme l'indique Ivan Manaenko, pendant les derniers jours de l'année et en début d'année prochaine on assistera à une correction des prix sur le marché des ressources énergétiques.
Le pétrole new-yorkais finit l'année au-dessus de 60 dollars Le pétrole new-yorkais a clôturé l'année 2017 au-dessus de 60 dollars vendredi, une première depuis juin 2015, soutenu par une stagnation du nombre de puits de pétrole actifs aux Etats-Unis et la baisse des stocks de brut. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février, référence américaine du brut, a gagné 58 cents pour clôturer à 60,42 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a pris 71 cents dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), pour finir à 66,87 dollars, tout près de son record de deux ans et demi atteint mardi à 67,02 dollars. "C'est une très belle manière de finir l'année et cela souligne la forte demande observée cette année", a réagi Phil Flynn de Price Futures Group. Les prix ont été poussés à la hausse vendredi au lendemain d'un rapport du département américain de l'Energie (DoE) faisant état d'une baisse des stocks de brut aux Etats-Unis. "Les stocks de pétrole brut sont en baisse depuis six semaines consécutives, ils sont inférieurs de 50 millions de barils à ceux de l'année dernière à la même époque", a commenté Robert Yawger de Mizuho USA. Les prix ont également été portés par une stagnation du nombre de puits de pétrole actifs aux Etats-Unis, une statistiques dévoilée chaque vendredi par la société Baker Hughes. L'augmentation du nombre de puits est un indicateur avancé d'une hausse à venir de la production. "C'est la deuxième semaine de suite où aucun puits n'est ajouté (au décompte global des puits actifs dans le pays). Il s'agit peut-être d'une pause en raison des vacances mais c'est peut-être aussi le signe d'une pause dans le forage", a réagi M. Flynn. Le rapport du DoE avait déjà noté cette semaine un recul de la production hebdomadaire de brut aux Etats-Unis pour la première fois après sept records de suite. Sur l'année le pétrole new-yorkais s'inscrit en hausse de 12,40%. "De nombreuses personnes ont dit que l'accord de réduction de la production de brut par l'Opep n'aurait pas d'impact sur le marché cette année, que la production de schiste (aux Etats-Unis) remplacerait ces coupes, que l'Opep tricherait, ou que la demande serait terne. Or tout cela s'est révélé faux", a-t-il ajouté. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires ont prolongé fin novembre un accord visant à abaisser l'offre mondiale pour diminuer les réserves de brut et ainsi faire remonter les prix. "Les tensions géopolitiques, entre l'Iran et l'Arabie saoudite d'un côté, et les difficultés au Venezuela et au Nigéria de l'autre ont également soutenu les prix" tout au long de l'année, a indiqué M. Flynn.
L'or noir progresse en Asie Les cours du pétrole continuaient de progresser vendredi en Asie, portés par un dollar affaibli et une baisse plus marquée que prévu des stocks américains de brut. Vers 07H20 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en février gagnait 33 cents à 60,17 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mars, prenait 36 cents à 66,52 dollars. Le dollar est affaibli par des incertitudes sur les retombées économiques aux Etats-Unis après l'adoption définitive à Noël par le Congrès des baisses d'impôt massives. Face à l'euro, il évolue actuellement à ses plus bas niveaux depuis un peu plus de trois mois. Cela rend le baril de pétrole, dont le prix est libellé en dollars, moins cher pour les détenteurs d'autres devises. Par ailleurs, le rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie (DoE) publié jeudi a fait état de réserves commerciales de brut en chute de 4,6 millions de barils lors de la semaine achevée le 22 décembre, contre un recul attendu de 3,75 millions de barils selon les analystes. La production américaine a quant à elle baissé pour la première fois après sept semaines de records consécutifs depuis que ces statistiques ont commencé à être compilées en 1983, à 9,75 millions de barils. Autant de signes d'un clair resserrement du marché. "L'élément moteur pour le marché du pétrole cette année a été l'introduction des réductions de production de l'Opep et de la Russie, respectées et étendues", a résumé auprès de Bloomberg News Ric Spooner, analyste chez CMC Markets basé à Sydney. "Cela a permis une réduction des stocks, malgré des hausses de production aux Etats-Unis, en Libye et au Nigeria", a-t-il ajouté. Les cours du pétrole ont opéré une nette remontée ces deux dernières années après une surabondance d'offre qui avait fait plonger les cours en 2015. Le pétrole américain a franchi mardi en séance le seuil des 60 dollars le baril qu'il n'avait plus atteint depuis deux ans et demi. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et d'autres gros producteurs, dont la Russie, se sont mis d'accord pour respecter des quotas de production afin de tenter de réduire les stocks mondiaux et faire remonter les cours. Ils ont convenu fin novembre de prolonger ces plafonds de production jusqu'à fin 2018. Les marchés suivaient également les conséquences d'une explosion mardi sur un oléoduc en Libye qui transporte habituellement, selon les analystes, entre 70.000 et 100.000 barils par jour. "Aux dernières nouvelles, il ne s'agirait que de réparations mineures qui ne prendraient qu'une semaine, ce qui est assez court pour un oléoduc situé dans le désert", a commenté jeudi Kyle Cooper, d'IAF Advisors. Tous ces éléments n'ont pas permis aux volumes d'échanges de décoller franchement, de nombreux investisseurs ayant quitté les salles de marché pour la semaine entre Noël et le Nouvel An. Le marché sera d'ailleurs fermé à Londres vendredi, où ne se tiendront que des échanges électroniques.