L'Opep et ses partenaires ont, incontestablement, remporté la première manche... En plus d'avoir fait rebondir significativement les prix, la baisse de 1,8 million de barils décidée par les pays Opep-non-Opep a dégonflé les réserves américaines. Touché! La cible a été atteinte. Le baril termine l'année au-dessus des 60 dollars. Une fière chandelle est due à l'Algérie, cheville ouvrière de l'accord de la baisse de la production des pays producteurs. En plus d'avoir fait rebondir significativement les prix, le retrait de 1,8 million de barils décidée par les pays Opep-non-Opep a dégonflé les réserves américaines. «Les stocks de pétrole brut sont en baisse depuis six semaines consécutives, ils sont inférieurs de 50 millions de barils à ceux de l'année dernière à la même époque», a fait remarquer Robert Yawger de Mizuho USA. Les prix ont également été portés par une stagnation du nombre de puits de pétrole actifs aux Etats-Unis, une statistique dévoilée chaque vendredi par la société Baker Hughes. Les cours de l'or noir ont terminé l'année à leurs plus hauts niveaux, depuis deux ans et demi. Le baril de light sweet crude pour livraison en février, référence américaine du brut, a enregistré un gain de 58 cents pour clôturer la semaine (vendredi) et l'année à 60,42 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Une première depuis juin 2015. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a engrangé 71 cents dollars sur l'Intercontinental Exchange, pour terminer à 66,87 dollars, tout près de son record de deux ans et demi. Il avait atteint 67,02 dollars le 26 décembre. Une performance saluée par les spécialistes. «C'est une très belle manière de finir l'année et cela souligne la forte demande observée cette année», a souligné Phil Flynn de Price Futures Group. Qui l'aurait cru? Très peu d'experts ont en effet pronostiqué une telle résurgence des cours de l'or noir. Les pays producteurs qui ont vu leurs revenus fondre comme neige au soleil, entraînant des mesures draconiennes qui ont affecté le quotidien de leurs populations, ont tiré leur dernière cartouche: la baisse de leur production. Avec comme objectif le rééquilibrage du marché et le rebond des prix. La décision a été prise le 28 septembre 2016 à Alger lors d'un sommet de l'Opep, qualifié d'historique, qui s'est tenu en marge du 15ème Forum international de l'énergie. Cela ne s'est pas fait sur un claquement des doigts. Il aura fallu d'abord aplanir les différends et ne pas froisser les susceptibilités qui régnaient au sein de l'organisation. La diplomatie algérienne est entrée en jeu pour réussir ce tour de force. Plus de deux ans de maturation ont été nécessaires, pour que l'initiative algérienne, qui avait pour but de mettre fin à la dégringolade des prix du pétrole se concrétise. Il y a eu dans un premier temps, l'espoir suscité par l'accord de Doha qui devait battre en brèche le statu quo imposé par l'Arabie saoudite, chef de file du cartel. Il a été torpillé par Riyadh et Téhéran lors du Sommet des pays producteurs qui s'est tenu le 17 avril 2016 au Qatar. La haine ancestrale que se vouent le Royaume wahhabite et la République islamique d'Iran a tué dans l'oeuf cette tentative, qui consistait à requinquer le baril. Après cet échec cuisant qui aurait dû déboucher sur un gel de la production des pays producteurs, l'offensive diplomatique sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non-Opep) à la dégringolade des prix du pétrole allait entrer en scène. La suite est connue. Après l'accord d'Alger conclu au mois de septembre 2016, l'Opep décide de retirer 1,2 million de barils par jour. Ses 11 alliés hors Cartel dont la Russie 600.000 barils par jour. Une mesure qui entrera en action le 1er janvier 2017. Elle devait prendre fin en mars 2018. Elle a été reconduite jusqu'à la fin de la même année. Ceux qui doutaient de son efficacité ont eu finalement droit à une cinglante réponse.«De nombreuses personnes ont dit que l'accord de réduction de la production de brut par l'Opep n'aurait pas d'impact sur le marché cette année, que la production de schiste (aux Etats-Unis) remplacerait ces coupes, que l'Opep tricherait, ou que la demande serait terne. Or, tout cela s'est révélé faux», a noté Phil Flynn de Price Futures Group. Les prix ont terminé l'année au-dessus des 60 dollars. L'Opep et ses partenaires ont, incontestablement, remporté la première manche...