La wilaya de Tipasa s'est particulièrement distinguée en 2017 par sa détermination à traiter le dossier de la spéculation foncière et des constructions anarchiques devenues un véritable casse-tête pour les autorités publiques, qui se sont engagés à y mettre le holà avec l'application jusqu'à présent de 85 décisions de démolition. Le phénomène des constructions anarchiques et des atteintes au foncier forestier, maritime et agricole de la wilaya, est allé crescendo ces dernières années, à tel point que le wali de Tipasa, Moussa Ghelai, n'a pas hésité à le qualifier de "véritable catastrophe". Une situation, qui a acculé les autorités, toujours selon le chef de l'exécutif, à entrer dans une véritable confrontation avec "la mafia du foncier", à travers une batterie de mesures, ayant pour finalité la démolition de tout ce qui a été construit illégalement. La prise en charge du dossier fut engagée, dès le début de l'année 2017, par tous les services techniques et administratifs concernés, qui ont décidé, de concert, de mettre un terme aux constructions anarchiques, ayant proliféré sauvagement tout le long du littoral de la région, sur les abords des cours d'eau, dans les forêts et même sur les hauteurs de la ville donnant vue sur mer. Si certaines constructions anarchiques étaient érigées sous forme de maisons individuelles, d'autres, par contre, faisaient office de véritables châteaux ou de villages dits "touristiques", avant que ne soit révélé au grand jour le fin mot de l'histoire s'avérant n'être qu'une escroquerie à grande échelle. Le coup de starter de l'opération fut donné par la direction de l'urbanisme de la wilaya de Tipasa, dont les éléments ont procédé, en application des instructions du wali, au constat de pas moins de 984 infractions liées à des constructions anarchiques. Un chiffre jugé en hausse comparativement aux années passées, selon la directrice du secteur, Hakima Hamza, qui a assuré de la détermination des autorités locales à traiter le dossier avec toute la rigueur qui lui sied. Les contraventions constatées ont donné lieu à l'application de 85 décisions de démolition, sur un total de 309 décisions délivrées par différentes communes concernées. Ce nombre de décisions appliquées est faible et demeure en deçà des objectifs fixés par les autorités publiques, a déploré la directrice de l'urbanisme, réaffirmant la volonté des autorités de la wilaya à restituer la réputation perdue de Tipasa, au même titre que les biens de l'Etat, d'autant plus qu'il s'agit de "l'édification illégale de véritables villas de luxe et non de simples constructions relevant de catégories déshéritées de la population". Selon les chiffres fournis par la direction de l'urbanisme, la daïra de Koléa est classée en tête de liste des localités les plus exposées à la spéculation foncière, avec 138 infractions constatées, suivie par Fouka (133), et le chef-lieu de Tipasa (83). Les infractions constatées dans les autres daïras de la wilaya fluctuent entre 50 et 117.
Les monts et forêts convoités par les courtiers du foncier Outre ses belles plages dorées, Tipasa c'est aussi de luxuriantes forêts de pin d'Alep couvrant des montagnes aux courbes enchanteresses, en plus de plaines fertiles, qui ont de tout temps attisé les convoitises des conquérants de tout acabit, représentés aujourd'hui par les courtiers du foncier, dont l'action est dirigée par de véritables bandes organisées, qui n'hésitent pas à rogner dans le territoire de la wilaya chaque année un peu plus, selon le wali. D'où la situation catastrophique de tout le secteur urbanistique de cette wilaya sensée être une devanture touristique par excellence pour l'Algérie, a déploré M. Moussa Ghelai, citant pour preuve les milliers de touristes étrangers et diplomates, qui visitent annuellement Tipasa pour ses paysages enchanteurs et ses sites archéologiques de renommée mondiale. Le chef de l'exécutif n'a pas hésité à pointer du doigt certains responsables et élus locaux, dont la complaisance aurait, selon lui, "laisser libre court à la mafia du foncier". Néanmoins, cette démarche engagée par les autorités de Tipasa commence à apporter ses fruits. En effet, une bande de malfaiteurs composée de six personnes, a été mise hors d'état de nuire dans la wilaya pour les chefs d'inculpation d'escroquerie, atteintes sur des biens fonciers, déforestation, construction sans autorisations et faux et usage de faux dans des documents officiels, selon un communiqué rendu public en septembre dernier par les services de la Gendarmerie nationale de la wilaya. Cette affaire, qui avait défrayé la chronique partageant la presse nationale entre partisans et opposants, avait également vu la mise sous contrôle judiciaire du chef des services techniques de la commune de Tipasa, au moment où un mandat d'amener a été délivré à l'encontre du principal mise en cause, qui se trouvait à l'étranger. Selon les accusations portées contre les mis en cause dans cette affaire, ces derniers seraient impliqués dans une grande escroquerie ayant eu pour théâtre les monts Chenoua, où un chimérique projet de village touristique du nom de "Taline", devait voir le jour. La valeur des montants escroqués dans cette affaire a été estimée à 1,5 milliard de da, a indiqué une source sécuritaire à l'APS. Les membres de cette bande vendaient des parcelles de terrain avec de faux papiers en exigeant des acheteurs d'édifier des constructions selon un cahier de charge défini. Sachant que plus de 200 actes nuls de transfert de propriété ont été établis de cette façon, selon le même communiqué rendu public à propos de cette affaire dont le dossier est toujours en instruction par le juge d'instruction près le tribunal de Tipasa.