Lors d'une conférence de presse animée à l'issue d'une visite d'inspection de plusieurs projets dans la wilaya d'Alger, en compagnie du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, le ministre des Ressources en Eau, Hocine Necib a annoncé samedi à Alger la réception en mars prochain de la première drague algérienne pour le désenvasement de barrages, affirmant que cette opération s'inscrit dans le cadre de la mobilisation des capacités nationales dans le domaine des ressources en eau en vue de réduire la facture d'importation des équipements destinés au secteur. Le ministre a indiqué que cette drague, équipée de techniques de pointe, est actuellement en construction par des ingénieurs algériens avec un taux d'intégration de 70%, dans un premier temps, ce qui permettra de réduire la facture d'importation de tels équipements utilisés dans le désenvasement des barrages et partant, augmenter la capacité de stockage. La mobilisation des potentialités nationales dans le domaine des ressources en eau en vue de réduire les importations ne se limite pas à ce projet, a affirmé le ministre faisant état de préparations pour la fabrication d'équipements destinés au traitement des eaux des barrages avec un taux d'intégration de 80%, sachant qu'ils étaient importés auparavant, ainsi que tous les appareils électromécaniques destinés aux stations de traitement des eaux usées, désormais fabriqués localement. Dans ce contexte, le ministre a fait savoir que ses services ont lancé un projet pour la fabrication locale d'un appareil de mesure de données relatives aux barrages ainsi qu'un autre pour la gestion à distance de toutes les données relatives aux barrages nationaux, en partenariat avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. M. Necib a fait état, à ce propos, d'une instruction de confier les missions de réalisation des études relatives au secteur à des entreprises nationales, sauf dans des cas exceptionnels, et ce, dans le but de non seulement réduire la facture des importations mais aussi de valoriser les compétences nationales. Par ailleurs, et concernant la révision de la tarification de l'eau, M. Necib a indiqué que cette option "n'est pas exclue", précisant qu'en cas de révision, le principe retenu sera "celui qui consomme plus, paye plus", ce qui prémunira les petites bourses des effets d'une éventuelle augmentation. S'agissant des créances des factures impayées, le ministre a affirmé que l'Algérienne des Eaux (ADE) était pénalisée par de tels comportements, appelant cette dernière à prendre les mesures nécessaires pour pallier la situation afin de réaliser son équilibre financier. Au sujet des raccordements illicites aux réseaux de distribution, dont les auteurs exploitent l'eau sans payer de facture, M. Necib a fait état de 10.000 cas enregistrés au niveau de plusieurs wilayas, dont 3.000 font l'objet de poursuites judiciaires car ayant refusé le règlement à l'amiable, appelant les auteurs de ces raccordements illicites "à se conformer à la loi sous peine de poursuites judiciaires". Pour ce qui est du problème d'approvisionnement en eau qu'a connu l'été dernier le complexe sidérurgique El-Hadjar (Annaba) et ayant provoqué une grève pour l'approvisionnement en eau au niveau de la wilaya, le ministre a dit qu'un programme d'urgence sera lancé à partir d'avril prochain pour répondre aux besoins des citoyens et à la demande de ce pôle industriel et éviter ainsi la répétition de ce scénario. Il a rappelé la décision prise pour assurer l'autonomisation de tous les pôles industriels existant et à venir en matière d'approvisionnement en eau, et ce, en leur consacrant les quantités nécessaires via des stations de dessalement et de traitement des eaux usées. Quant à la visite d'inspection de plusieurs projets au niveau de la capitale, M. Necib, qui s'est félicité des dispositifs d'approvisionnement en eau potable à l'est d'Alger, qui ne souffre d'aucun problème grâce aux barrages de Keddara et Taksebt, a noté les difficultés que connaissent les systèmes d'approvisionnement des régions Ouest à partir des eaux souterraines et de dessalement, notamment en raison de l'insuffisance des capacités de stockage, des problèmes de maintenance (équipements, réseaux collectifs et réseaux électriques) et de l'arrêt, de temps à autre, des stations de dessalement, à l'image de celle de Fouka (wilaya de Tipasa) qui connaît des arrêts fréquents dus à la qualité de l'eau de mer, entraînant des perturbations dans l'approvisionnement de certaines communes. Dans ce sens, le ministre a fait état de plusieurs mesures en prévision de la saison estivale 2018, dont la réalisation de 42 puits profonds permettant de mobiliser 45.000 m3 supplémentaires par jour, le parachèvement du dédoublement de la canalisation de Gué de Constantine- Station de pompage 3 à Tessala El Merdja pour le transfert de 200.000 m3/jour de l'est à l'ouest de la capitale afin de couvrir le déficit enregistré dans cette région, outre la sécurisation de la station de traitement des eaux de Mahelma à partir du barrage de Douéra. Le ministre des Ressources en eau a évoqué en outre plusieurs opérations visant essentiellement à renforcer les capacités de stockage à l'ouest d'Alger à travers la réalisation de trois châteaux d'eau à Sidi Abdellah (10.000 m3), à Rahmania (10.000 m3) et Douéra (30.000 m3) ainsi que des stations de pompage au niveau de ces sites qui devraient être réceptionnées avant le Ramadhan prochain. A cela s'ajoute le projet de réalisation à Zéralda d'une nouvelle station de dessalement de l'eau de mer, approuvé par le Gouvernement récemment, d'une capacité de 300.000 m3. Grâce aux importants investissements consentis par l'Etat pour la diversification des ressources en eau, "nous pouvons dire qu'Alger est maintenant sécurisée en matière d'approvisionnement en eau potable", a déclaré M. Necib, rappelant que le volume d'eau produit actuellement permet de garantir un approvisionnement H24 de l'ensemble des 57 communes que compte la capitale. La wilaya d'Alger est approvisionnée en eau à hauteur de 59% grâce à 06 barrages et à hauteur de 22% grâce aux stations de dessalement d'El Hamma et de Fouka ainsi que par des eaux sous-terraines grâce à 190 forages exploités, à hauteur de 19%. Pour ce qui est des projets des trois châteaux d'eau en réalisation et du dédoublement de la canalisation de 18 km entre Gué de Constantine et la Station de pompage 3 à Tessala El Merdja, le ministre a mis l'accent sur la nécessité de les livrer dans les délais fixés. Par ailleurs, M. Necib a inspecté en compagnie du wali de la wilaya d'Alger, Abdelkader Zoukh, la station de pompage de Bouzaréah qui vient d'être réhabilitée et mise en service récemment et le centre de contrôle à distance de la distribution d'eau de Kouba.
Un taux de remplissage de 53% à fin décembre 2017 M. Necib a indiqué, par ailleurs, que le taux de remplissage des barrages au niveau national était de 53% fin décembre dernier, affirmant que les réserves ont atteint 3,5 milliards m3, ce qui permettra de satisfaire la demande pour deux ans au moins. Les quantités d'eau stockées depuis le début de la saison des pluies, soit d'octobre à fin décembre 2017, sont estimées à 500 millions m3, un volume qui n'a pas été enregistré depuis 5 ans pour la période considérée, a déclaré M. Necib. Concernant le volume global disponible actuellement, M. Necib a avancé l'estimation de 3.5 milliards m3 au niveau national, ce qui permettra, a-t-il dit, de satisfaire la demande pour deux ans au moins. Le ministre a fait état par ailleurs du faible niveau de certains barrages, notamment le barrage d'Aïn Dalia à Souk Ahras qui a enregistré un déficit "historique" ainsi que le barrage de Skikda et celui de Bordj Bou-Arreridj. Il a déclaré que, globalement, le taux de remplissage des barrages était de 53%, qualifiant de "bon" ce taux à cette période de l'année puisque, selon les statistiques, 70% des eaux de pluie stockées durant les 10 dernières années ont été enregistrées au cours de la période janvier-mars de chaque année. M. Necib a estimé que si la même tendance est enregistrée au cours de cette année, le taux de remplissage des barrages sera "très satisfaisant", ajoutant que les réserves des barrages ne représentent que 31% sur 10,4 milliards m3 mobilisés chaque année pour satisfaire la demande, et que le reste provient des eaux souterraines (64%), des stations de dessalement (4.5%) et des stations de traitement des eaux usées (0.5%).