LVMH a vu ses résultats annuels bondir grâce aux performances de Louis Vuitton, son principal centre de profits, et s'est montré confiant pour l'année 2018 dans un environnement qui s'annonce encore porteur pour le luxe. Le groupe aux 70 marques, qui a intégré cette année Christian Dior Couture dans ses comptes, a atteint de nouveaux records de ventes et de résultats, porté notamment par le puissant rebond de la demande chinoise. "Le marché est porteur, la conjoncture mondiale favorable a soufflé dans les voiles de toutes nos marques, qui ont mis sur le marché des produits très désirables", s'est félicité Bernard Arnault, PDG du groupe, lors d'une conférence. "Le mois de janvier confirme les tendances observées en fin d'année 2017", a-t-il ajouté, se disant "confiant et prudent pour 2018" compte tenu des risques de bulle liés aux taux bas, de la hausse de l'euro ou des risques géopolitiques. Comme l'an dernier, il a prédit une crise à venir, se disant "convaincu" qu'elle adviendrait dans les cinq ans. En 2017, LVMH a doublé sa croissance organique à 12% par rapport à 2016, faisant deux fois mieux que le marché mondial du luxe dont la hausse est estimée à environ 6%. Son résultat opérationnel courant a grimpé de 18% à 8,29 milliards d'euros et sa marge à 19,5%, contre 18,7%. Cette performance s'explique surtout par le puissant moteur Louis Vuitton, qui compte pour plus de la moitié du résultat opérationnel du groupe et qui tourne à plein régime. La griffe, dont les ventes sont estimées à plus de 8,0 milliards d'euros, signe une croissance à deux chiffres, profitant à plein du rebond de la clientèle chinoise qui compte pour 30% de son chiffre d'affaires, comme de l'appétit des Américains pour ses sacs réalisés en collaboration avec Supreme, la marque new-yorkaise qui habille les skateurs.
Navire amiral de la place vendôme Elle profite aussi de l'ouverture de son dernier navire amiral place Vendôme, à Paris, et récolte les fruits d'une stratégie payante. Dans un marché tiré par les classes moyennes-supérieures des pays émergents, elle a élargi son offre à une très large gamme permettant aux jeunes consommateurs d'acquérir sacs ou petite maroquinerie à des prix plus accessibles. Louis Vuitton compte, avec une poignée de concurrents comme Gucci ou Saint Laurent (propriétés de Kering), Moncler ou Hermès, parmi les griffes qui gagnent des parts de marché et qui signent les meilleures performances du secteur. Pour compenser la hausse de l'euro, les prix seront "très probablement relevés" chez Vuitton, "si les mouvements monétaires deviennent trop forts", a indiqué Bernard Arnault. La division mode-maroquinerie, qui loge le malletier, a signé une croissance organique de 13% en 2017 et a fait mieux qu'attendu au quatrième trimestre avec une progression de 10% malgré des comparatifs plus difficiles. Pour Céline, qui vient de recruter le designer star Hedi Slimane, les ventes pourraient atteindre 2,0 à 3,0 milliards d'euros d'ici à cinq ans, contre près d'un milliard aujourd'hui, a prédit le PDG. Ailleurs, toutes les divisions ont signé une croissance organique à deux chiffres en 2017, à l'exception notable des vins et spiritueux, deuxième division la plus rentable du groupe. La croissance organique y a ralenti à 7%, pénalisée par des ruptures de stocks de cognac "VS", les eaux-de-vie d'Hennessy les plus jeunes et les moins chères, après plusieurs années de ventes explosives aux Etats-Unis.
L'effet Rihanna Les tendances ont été très solides dans les parfums et cosmétiques (Dior, Guerlain, Givenchy), dont les ventes ont bondi de 14% dopées notamment par le succès de Fenty Beauty, la marque de cosmétiques lancée en collaboration avec la chanteuse Rihanna. Dans les montres et la joaillerie, la hausse a atteint 12% grâce surtout au succès de l'italien Bulgari, tandis que dans la distribution sélective (+13%), la marche en avant s'est poursuivie pour la chaîne de parfumeries Sephora, devenue la deuxième marque du groupe par la taille avec des ventes estimées à environ sept milliards d'euros. Sephora, qui signe une croissance à deux chiffres depuis plusieurs années, ouvre plus d'une centaine de magasins par an dans le monde et réalise une percée dans le digital. Son site américain est devenu, de loin, son premier "magasin" au monde. Seule ombre au tableau: Marc Jacobs "reste encore loin d'un retour à l'équilibre", selon le directeur financier du groupe, Jean-Jacques Guiony. En Bourse, le titre LVMH recule de 1,7% depuis le début de l'année, après un gain de 35,3% en 2017 et de 25% en 2016. A ces niveaux de cours, il se traite sur des multiples de valorisation de 22,32 fois les bénéfices estimés pour 2019, contre 21,59 pour le suisse Richemont. Les analystes de HSBC estiment que le potentiel de hausse du titre apparaît maintenant limité, compte tenu d'un ralentissement attendu de la croissance des résultats en 2018, lié à des effets de base et à la vigueur de l'euro. Au total, les ventes du groupe ont progressé de 13% à 42,63 milliards d'euros, en ligne avec les attentes. Le résultat net a bondi de 29% à 5,13 milliards et le dividende proposé a été relevé de 25% à 5,00 euros.