A première vue, la publication, avant-hier, par l'Insee, des chiffres de l'inflation en janvier a de quoi rassurer : les prix à la consommation ont reculé de 0,1 % par rapport à décembre, interrompant les hausses enregistrées depuis plusieurs mois. Ce chiffre, pourtant, n'est qu'un trompe-l'oeil, la baisse recouvrant plusieurs mouvements en sens contraire.De manière traditionnelle, les prix ont, d'abord, été tirés à la baisse par les soldes, avec une diminution des prix de l'habillement de 7,4 % par rapport à décembre. Plus inhabituel, les tarifs des services de transport ont reculé de 2,1 %, conséquence de la ristourne accordée suite aux grèves de novembre. Enfin, les tarifs des communications ont baissé de 0,3 %, accompagnant, cette fois, l'entrée en vigueur de la loi Chatel mettant fin à la surtaxe de certains numéros téléphoniques. Mais ces baisses de prix, dont certaines ne sont que ponctuelles, ne font qu'estomper des hausses plus durables sur les produits alimentaires et les médicaments. Amplifiant la tendance observée depuis déjà quelques mois, les prix de l'alimentaire hors produits frais ont augmenté de 1,2 % sur un mois, ce qui porte la hausse sur un an à + 4,4 %, un rythme inhabituel pour ce poste qui représente près de 15 % de la consommation des ménages." Nous avions prévu mais légèrement sous-estimée la diffusion de la hausse des cours des matières premières aux prix de l'alimentaire ", note Pierre-Olivier Beffy, chef de la division synthèse conjoncturelle à l'Insee. Les prix alimentaires en grandes surfaces ont nettement accéléré en janvier (+ 2,39 %), confirme une étude du panel Nielsen pour " LSA " publiée mercredi. Concession aux pêcheurs pour compenser la hausse des cours du gazole, l'instauration d'une taxe de 2 % sur le poisson a également poussé à la hausse les prix du frais. " Il va falloir mettre de la concurrence, faire attention à ce que, notamment dans les grandes surfaces, les prix ne s'envolent pas ", a déclaré Nicolas Sarkozy, hier. " Faire une augmentation, même minime, de la TVA... Je ne suis pas sûr que les gens vont considérer que c'est une aide au pouvoir d'achat ", a-t-il conclu, évoquant le débat sur le financement de la protection sociale. Sur les douze derniers mois, les prix progressent désormais de 2,8 %, niveau le plus élevé depuis 1992. Et l'Insee estime que le seuil de 3 % devrait être atteint en février, en raison du regain de hausse des cours du pétrole et de la poursuite de l'inflation alimentaire. Ce niveau, d'ailleurs, est en réalité déjà atteint : l'indice des prix " harmonisé " au niveau européen, qui tient compte des prix des dépenses de santé réellement payés par le consommateur, après remboursement par l'assurance-maladie, fait ressortir une inflation en hausse de 3,2 % en janvier. L'écart de 0,4 point avec l'indice des prix à la consommation s'explique pour moitié par " l'impact de la mise en place de la franchise médicale sur les médicaments (50 centimes par boîte), les transports sanitaires et les actes paramédicaux ", explique Pierre-Olivier Beffy. En outre, les prix étant restés sages au premier semestre 2007, l'inflation va rester élevée au moins plusieurs mois et continuer d'alimenter le débat sur le pouvoir d'achat. L'Insee a ainsi relevé sa prévision de hausse des prix à 2,8 % sur un an à fin juin. La revalorisation anticipée du SMIC (" Les Echos " du 29 janvier), automatique dès que l'inflation atteint 2 % par rapport à mai, devrait intervenir en mai ou en juin.