Les Européens ont donné vendredi un coup de pouce financier à la force militaire constituée par cinq pays africains pour lutter contre les groupes djihadistes actifs dans la région du Sahel, mais l'argent tarde à être débloqué, ont regretté les dirigeants africains lors d'une conférence des donateurs du G5 Sahel à Bruxelles. "Il faut éviter que le Sahel devienne un sanctuaire pour les groupes jihadistes, car le Sahel c'est la porte à côté de l'Europe", a mis en garde le secrétaire général de l'Union africaine (UA) Moussa Faki Mahamat. "Le combat que nous menons contre le terrorisme au Sahel, nous le menons aussi pour le reste du monde. Pour cette raison, l'Union européenne et la communauté internationale doivent être solidaires avec le Sahel", a pour sa part insisté le Nigérien Mahamadou Issoufou, président en exercice du G5 Sahel. L'UE a répondu à l'appel avec le doublement de sa contribution financière à la force militaire conjointe du G5 Sahel, portée de 50 à 100 millions d'euros.
'Stabiliser le Sahel' Les Européens ont tout intérêt à aider à stabiliser le Sahel "devenu une terre où se sont développés les trafics d'êtres humains, de drogue, d'armes, qui nourrissent ce terrorisme", a plaidé le président français Emmanuel Macron à l'issue de la réunion organisée au siège de la Commission européenne. Trente-deux chefs d'Etat et de gouvernement ont participé à cette conférence et apporté leur soutien politique et financier aux dirigeants du Mali, de la Mauritanie, du Tchad, du Niger et du Burkina Faso engagés dans la constitution de cette force commune. "Au total, avec les contributions des autres donateurs, 414 millions d'euros ont été mobilisés vendredi pour la force (du G5 Sahel). Cela va bien au-delà des attentes", a annoncé la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, qui coprésidait cette conférence. "Mais à ce jour, seulement 50 millions d'euros, ceux engagés par l'UE en juillet, ont été débloqués", a-t-elle déploré. "Nous souhaitons que les ressources promises soient débloquées le plus rapidement possible", a renchéri le président du Niger. "L'effort financier doit être rendu pérenne", a insisté le président du G5 Sahel. "480 millions d'euros sont nécessaires pour la première années, mais 75 millions d'euros devront ensuite être mobilisés chaque année, en sachant que nous ne savons pas combien de temps va durer ce combat", a expliqué M. Issoufou.
Chaudron libyen Le président du G5 Sahel a ensuite appelé à mettre un terme au chaos en Libye. "Tant que nous n'arriverons pas à éteindre le chaudron en Libye, il sera difficile de créer les conditions de la sécurité au Sahel", a-t-il souligné. "Il faut une victoire militaire, mais sur le long terme, il faut aussi le développement", a-t-il enfin rappelé. La France et l'Allemagne ont annoncé vendredi des contributions bilatérales importantes en aide au développement: 1,2 milliard d'euros sur cinq ans pour la France, 1,7 milliard pour l'Allemagne. L'Union européenne a pour sa part budgétisé 8 milliards d'euros pour l'aide au développement sur la période 2014-2020. "Le prix de ne pas avoir la paix se paie chaque jour", a estimé Mme Mogherini. Deux soldats de la force anti-djihadiste française déployée en Afrique de l'Ouest ont été tués mercredi par l'explosion d'une mine au passage de leur véhicule sur une route dans le nord-est du Mali. Les participants à la conférence ont observé une minute de silence à leur mémoire. "Ces deux morts viennent après plusieurs opérations fortes que nous avons menées sur le sol malien qui ont conduit à plus d'une trentaine de victimes du côté des terroristes. Nous continuerons à mener l'offensive aux côtés des forces du G5 Sahel pour éradiquer le terrorisme jihadiste dans la région", a assuré Emmanuel Macron. Une nouvelle opération est d'ailleurs en cours dans le nord du Mali depuis jeudi, a précisé le président Issoufou. La force du G5 doit compter 5.000 soldats bien entraînés et équipés pour patrouiller les points chauds et rétablir l'autorité dans les zones de non-droit. Elle devrait être pleinement opérationnelle à la mi-2018. Elle opérera aux côtés des 4.000 soldats de la force française Barkhane et des 12.000 hommes de l'opération Minusma de maintien de la paix des Nations unies au Mali.