Les cinq chefs d'Etat du G5-Sahel étaient hier à Paris dans un mini-sommet présidé par le chef d'Etat français, Emmanuel Macron Dirigeants européens et africains se sont retrouvés hier en France pour accélérer la mise en oeuvre de la force régionale du G5 Sahel face aux jihadistes qui gagnent du terrain dans cette zone aux portes de l'Europe. Le président français Emmanuel Macron, qui a fait de l'installation de cette force, composée de contingents fournis par cinq pays sahéliens, une priorité de son action extérieure, a accueilli cette «réunion de soutien» hier au château de la Celle-Saint-Cloud, près de Paris. M Macron a convié les chefs d'Etat du G5 Sahel: le Malien Ibrahim Boubakar Keita, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, le Tchadien Idriss Déby et le Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz. Côté européen, la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays a déployé un contingent au Mali, et les chefs des gouvernements italien Paolo Gentiloni et belge Charles Michel ont répondu à l'appel. Plusieurs donateurs, dont l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et les Etats-Unis, sont également représentés. L'objectif est «d'accroître la mobilisation au profit du G5 Sahel sur les plans militaire, politique et financier», explique l'Elysée. «C'est une initiative qui monte en puissance mais il y a un problème de rythme», a expliqué la ministre française des Armées Florence Parly sur la radio RFI. «Il faut aller plus vite», a-t-elle insisté. Les groupes jihadistes, dispersés lors de l'intervention française Serval en 2013, ont retrouvé depuis un nouveau souffle dans le nord et le centre du Mali malgré la présence de 12.000 Casques bleus (Minusma) et de la force française Barkhane qui compte 4.000 hommes dans la région. Multipliant les attaques contre ces forces et l'armée malienne, ils ont étendu en 2017 leurs actions au centre et au sud du Mali, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso, qui sont aussi régulièrement touchés. Lancée en début d'année, l'initiative du G5 Sahel vise à former une force de 5 000 hommes, composée de soldats des cinq pays impliqués, d'ici la mi-2018. Cette force a déjà un quartier général, à Sévaré au Mali, et a récemment mené une première opération dans la zone des «trois frontières» entre Mali, Niger et Burkina Faso. «Elle fait partie de ces forces africaines de nouvelle génération qui s'imposent de plus en plus dans un contexte international marqué par l'érosion du concept onusien de maintien de la paix, inadapté à des conflits asymétriques dont le terrorisme est l'une des composantes principales», indique Crisis Group dans un rapport publié mardi. La France, en première ligne sur le terrain, espère réduire progressivement son engagement militaire. Ces jihadistes ne sont que quelques centaines - entre 500 et 800, selon les estimations - mais ils conservent une capacité à affaiblir des Etats extrêmement fragiles, au premier rang desquels le Mali. Au-delà de l'enjeu sécuritaire, il faut «combattre les problèmes à la racine: la faiblesse de l'Etat de droit et les abus de pouvoir», a souligné Corinne Dufka, chargée de l'Afrique à Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué publié hier. La lutte est aussi compliquée par les «défaillances» du processus de paix au Mali, qui peine à réconcilier les différentes parties et groupes du sud et du nord du pays. Les pays du G5 Sahel, parmi les plus pauvres du monde, sont par ailleurs incapables de mobiliser les 250 millions d'euros nécessaires à la force conjointe. Pour l'heure, l'UE a promis 50 millions d'euros, la France 8 millions (surtout en matériels), chacun des cinq pays fondateurs 10 millions, et l'Arabie saoudite devrait confirmer hier une contribution de 100 millions de dollars. Les Etats-Unis ont quant à eux promis aux cinq pays membres du G5 Sahel une aide bilatérale globale de 60 millions de dollars. Cette réunion sera complétée par un sommet en février à Bruxelles qui pourrait donner un rôle plus important à d'autres pays africains, absents hier, notamment le Sénégal. Sollicitée, l'Algérie a déjà fermement refusé de s'engager dans un projet qui va à l'encontre de ses principes institutionnels.