Les deux principaux partis sierra-léonais se déclaraient chacun "confiant" vendredi dans une avance significative aux élections, dont les premiers résultats partiels se faisaient attendre, 48 heures après le vote. De son côté, la mission d'observateurs de l'Union européenne (UE), dans une "déclaration préliminaire", a salué "jusqu'à présent un processus électoral transparent, crédible et bien organisé", ainsi qu'une campagne généralement pacifique, mais a déploré "une considérable augmentation des intimidations et des actes de violence dans la dernière semaine". Les habitants de ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest gangrené par la corruption se sont déplacés en nombre mercredi pour élire leur nouveau président et vice-président, membres du Parlement et conseillers locaux. La Commission électorale nationale (NEC) a fourni des taux très disparates de dépouillement des bureaux de vote d'une province à l'autre, allant de 0% à Kambia (nord-ouest) ou 7 % à Kono (est), à plus de 75 % dans la région Ouest, comprenant la capitale, Freetown. Saluant la "patience" des électeurs, elle a promis de publier des résultats partiels dans chaque province par tranches de 25, 50 et 75 % des bureaux de vote dépouillés, après validation informatique. L'APC, le parti du président sortant, Ernest Bai Koroma, qui ne pouvait se représenter, après deux mandats de cinq ans, a revendiqué dans un communiqué "une avance confortable" pour son candidat, l'ex-ministre des Affaires étrangères Samura Kamara. De son côté, le SLPP, principale formation de l'opposition, qui a présenté de nouveau l'ancien général Julius Maada Bio, battu par M. Koroma en 2012, s'est dit "confiant dans une victoire nette", a accusé dans un communiqué le parti au pouvoir de s'apprêter à proclamer M. Kamara vainqueur. Une nouvelle formation, la Grande coalition nationale (NGC), dirigée par un ancien cadre du SLPP, Kandeh Yumkella, a pour sa part mis en garde contre la diffusion de résultats officieux et annoncé son intention de saisir la NEC "de graves irrégularités dans le processus de vote". Si aucun des 16 candidats à la présidentielle n'obtient 55% des voix, un second tour sera organisé dans un mois, une hypothèse dans laquelle M. Yumkella, qui a émergé pendant la campagne, pourrait jouer le rôle d'arbitre entre les deux partis qui se succèdent au pouvoir depuis l'indépendance en 1961. Selon la chef de la mission de l'UE, Jean Lambert, "les électeurs ont eu un véritable choix entre les partis, dans un spectre politique élargi". "Toutefois, un grand nombre d'actes d'intimidation et de violence contre des candidats et des militants ont pesé sur le processus électoral", a-t-elle déploré, appelant l'ensemble des acteurs à accepter les résultats établis par la NEC. Malgré le "rôle constructif joué par la police" dans les bureaux de vote, "son intervention mercredi soir dans une salle du principal parti d'opposition et au domicile de son candidat à la présidence a été disproportionnée et aurait pu être interprétée comme une provocation", a-t-elle ajouté. L'UE a annoncé avoir déployé une centaine d'observateurs "dans plus de 400 bureaux de vote, dans toutes les provinces", auxquels s'ajoutent plus de 150 autres, de l'Union africaine, de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, et du Commonwealth.