Le candidat d'opposition à la présidentielle en Sierra Leone Julius Maada Bio, largement battu vendredi par le président sortant Ernest Koroma, a dénoncé un scrutin entaché de fraudes. «Le processus a été entaché de fraudes et les résultats ne reflètent pas la volonté des Sierra-Léonais», a-t-il déclaré dans un communiqué au lendemain de la prestation de serment de M.Koroma pour un second mandat présidentiel de cinq ans remporté avec 58% des suffrages. M.Bio, un ex militaire de 48 ans, candidat du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), est arrivé en 2e avec 37,4% des voix. «Le parti s'inquiète des irrégularités électorales comportant des listes falsifiées et non estampillées de résultats, des bulletins de vote pré-imprimés, des bourrages d'urnes et des votes en surnombre à Kono (est du pays, riche en diamant), à l'ouest et dans la province du nord», a-t-il déclaré. «Ces faits et de nombreuses autres mauvaises pratiques discréditent les résultats», selon le candidat battu. M.Bio n'a toutefois pas indiqué ce qu'il ferait pour contester les résultats, mais il a pressé ses partisans de «rester calmes et de respecter la loi». Evoquant les allégations du SLPP, la responsable de la Commission nationale des élections, Christiana Thorpe, a demandé au SLPP de transmettre les preuves de ces irrégularités à la police. La plupart des observateurs internationaux avaient cependant souligné que le scrutin avait été libre, mené dans le calme et bien organisé, malgré quelques incidents dans les procédures de vote et un accès inégal aux médias pendant la campagne qui a profité au président sortant. M.Koroma a en effet dominé la couverture médiatique et utilisé les ressources de l'Etat pour sa campagne, selon les observateurs. Ces élections présidentielle, parlementaire et locales étaient les premières qui soient entièrement organisées par le gouvernement depuis la fin en 2002 d'un conflit qui a fai 120.000 morts en 11 ans. Elles étaient considérées comme déterminantes pour la consolidation de la démocratie en Sierra Leone. Les résultats des élections parlementaires et locales devaient être annoncés hier. La guerre dans ce pays fut l'une des plus sanglante d'Afrique, avec des chefs rebelles armés grâce à la vente de «diamants du sang», qui recrutaient des enfants-soldats et qui coupaient les membres des civils pour les terroriser.