La Sierra Leone s'apprête à organiser ce jour des élections générales avec l'espoir de redémarrer son économie ralentie lors des dernières années durant lesquelles le pays a été frappé par une épidémie d'Ebola et des entraves au développement dans tous les secteurs d'activité. Quelque 3,1 millions électeurs sont en effet appelés à choisir, parmi 16 candidats dont deux femmes, le successeur du président Ernest Bai Koroma, à la tête du pays depuis 10 ans au pouvoir. Ils devront également élire les 132 députés de ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, dont le sol regorge de diamants mais qui reste l'un des plus pauvres au monde. Pour cette quatrième présidentielle depuis la fin de la guerre civile (120 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1991 2002), la victoire devrait à nouveau se jouer entre les deux partis qui dominent traditionnellement la vie politique. Un tête-à-tête qui oppose le Congrès de tout le Peuple (APC, actuellement au pouvoir) au Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP, opposition) et dont les résultats sont attendus dans les jours suivant le scrutin. Promesses politiques et économiques pour attirer les électeurs L'APC a désigné comme candidat l'ancien ministre des Affaires étrangères, Samura Kamara, un économiste de 66 ans, proche du pouvoir depuis les années 1990, y compris quand le pays était dirigé par des juntes militaires, mais peu connu du grand public. Après avoir été gouverneur de la Banque nationale de Sierra Leone (2007-2009) puis détenu le portefeuille des Finances (2009-2012), il obtient le ministère des Affaires étrangères, qu'il quitte en octobre 2017 pour se lancer dans la course à la présidentielle. S'inscrivant dans la continuité de M. Koroma, qui le soutient ouvertement, il a promis lors d'un débat télévisé que l'APC «fera plus dans les domaines des routes, de l'électricité, de la santé et de l'éducation». L'actuel chef de l'Etat entend rester aux commandes de l'APC après les élections. Le président sortant laisse un pays miné par l'inflation --le prix du riz a quintuplé pendant son mandat--, une dette publique en hausse et un taux de chômage des jeunes "identique, voire pire" qu'à son arrivée, souligne l'analyste politique Lansana Gberie. Tout en reconnaissant que «tout n'a pas été parfait», M. Koroma plaide pour la poursuite du «bon travail entamé». Quant à la principale formation de l'opposition, le Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), elle a choisi comme candidat Julius Maada Bio, 53 ans, qui avait été battu par Ernest Bai Koroma en 2012. Ce militaire de formation, a pris le pouvoir en janvier 1996 en évinçant le chef de la junte, le capitaine Valentine Strasser, dont il était le vice-président. Trois mois plus tard, il rétablit le multipartisme. M. Bio, qui a axé sa campagne sur la lutte contre la corruption (alors qu'il est accusé par ses opposants d'avoir «détourné» de l'argent pendant son bref passage au pouvoir), risque toutefois de perdre des électeurs au profit de l'un des anciens hommes forts du SLPP, Kandeh Yumkella, 58 ans, qui se présente à la tête d'une nouvelle formation, la Grande coalition nationale (NGC), qu'il a fondée après avoir quitté le SLPP il y'a moins d'un an. Salué par ses partisans pour s'intéresser plus aux problèmes du pays qu'à chercher des soutiens régionaux ou ethniques, M. Yumkella, qui utilise avec efficacité les réseaux sociaux, séduit un électorat plus urbain et plus éduqué que la moyenne nationale. Il a promis un «plan d'urgence» pour l'éducation s'il est élu, avec une attention particulière pour l'enseignement technique. Ancien diplomate de l'ONU, spécialisé dans les solutions énergétiques pour les pays en voie de développement et dans le changement climatique, il jouit d'une bonne image auprès des pays et organisations internationales qui accordent une aide financière cruciale au pays.