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Inde : L'audacieux pari de l'énergie solaire
Publié dans Le Maghreb le 13 - 03 - 2018

Bien qu'elle ne réside qu'à un jet de pierre d'une centrale thermique qui se dresse dans la campagne indienne, Aparna Singh ne jure plus que par le panneau solaire qu'elle a installé sur son toit.
"Il joue vraiment un rôle vital dans nos vies car en Uttar Pradesh (région pauvre du nord du pays, ndlr) l'électricité est erratique. Parfois nous ne l'avons que dix heures par jour, parfois pendant deux mois le transformateur attend d'être réparé", explique cette dynamique professeure d'anglais, tout juste rentrée de l'école et encore vêtue de son sari-uniforme. Dans son fruste logement de briques, les 80 watts fournis par le soleil lui permettent d'allumer la nuit les ampoules des trois pièces qu'elle habite avec son mari et leur fils adolescent, de faire tourner des ventilateurs et charger leurs téléphones portables, même lors des coupures de courant. Sur les toits d'immeubles, sur les trains, dans les champs, les panneaux solaires fleurissent à travers toute l'Inde. Une transition énergétique mise en lumière par le sommet de l'Alliance solaire internationale dimanche à New Delhi, que coprésident le Premier ministre indien Narendra Modi et le président français Emmanuel Macron. Troisième pollueur de la planète, avec 4% des émissions, l'Inde est engagée dans un vaste effort de développement des énergies renouvelables. New Delhi a promis à la COP21 de réduire l'intensité carbone de son PIB de 35% d'ici 2030 par rapport à 2005. Le géant démographique d'Asie du Sud doit jongler entre ses besoins de croissance gigantesques et sa lutte contre l'empreinte de l'homme sur la planète, perceptible dans la terrible pollution atmosphérique qui frappe les villes indiennes et la menace que le réchauffement climatique fait peser sur ses terres agricoles.

Réfrigérateur ou télé ?
Grâce notamment à la chute du coût des panneaux photovoltaïques, le solaire y progresse à la vitesse de la lumière. Un engouement porté aussi bien par le secteur privé que par l'action publique. Ainsi la start-up Simpa, qui a fourni son kit solaire à Aparna et sa famille, a équipé en quelques années 100 000 personnes qui n'ont pas, ou mal, accès à l'électricité. Ses clients, des populations rurales ou de petites échoppes, peuvent s'équiper via un petit prêt, remboursable en modestes mensualités. "Aujourd'hui le solaire est à parité, et même en-dessous des tarifs de l'énergie thermique. Donc c'est intéressant pour le gouvernement indien de développer cette énergie, ainsi que l'éolien d'ailleurs", explique Philippe Serres, responsable Asie du Sud de l'agence française Proparco, qui a pris une participation dans cette entreprise. Pour atténuer la dépendance du pays au charbon, le nationaliste hindou Narendra Modi a fixé un objectif très ambitieux: multiplier la production solaire par 25 en sept ans, pour la porter à 100 gigawatts (GW) en 2022. L'Inde a d'ores et déjà installé pour près de 20 GW et table sur une croissance exponentielle au cours des années à venir. New Delhi vise à produire 40% de son électricité à partir d'énergies renouvelables à l'horizon 2030. Le charbon, particulièrement polluant, resterait cependant la première source d'énergie du pays. "La capacité additionnelle installée d'année en année est aujourd'hui tirée par le renouvelable, et notamment le solaire. Donc le charbon croît mais moins que le solaire", précise M. Serres. Pour son équipement, Aparna Singh a déboursé au total l'équivalent de 270 euros, remboursés sur un an. Grâce à cette source d'électricité, elle réfléchit désormais, avec son époux, à l'éventuel achat d'un réfrigérateur ou d'une télévision.
En tout cas, "mon fils ne peut maintenant plus prétexter le manque de lumière, il est obligé d'étudier !", s'esclaffe cette institutrice.

Macron se mobilise autour du solaire
Au deuxième jour de sa visite à New Delhi, le président français Emmanuel Macron a appelé à la mobilisation pour aider les pays les plus pauvres à mieux profiter de l'énergie solaire en suivant l'exemple de l'Inde. M. Macron s'est joint dimanche à une vingtaine de dirigeants venus d'Asie, d'Afrique ou d'Océanie pour lancer officiellement l'Alliance solaire internationale (Asi), une coalition issue de la COP21. "Nous devons lever tous les obstacles et changer d'échelle" pour développer l'énergie solaire, a lancé M. Macron à l'ouverture du sommet de l'Asi, qu'il copréside avec le Premier ministre indien Narendra Modi. À l'issue de cette réunion, le président français s'offrira, avec son épouse Brigitte, une escapade au Taj Mahal, lieu incontournable pour les dignitaires étrangers en déplacement en Inde. Les questions d'énergie occupent une place importante dans cette visite de trois jours car Emmanuel Macron et Narendra Modi inaugureront lundi une centrale solaire de 100 MW à Mirzapur, près de Varanasi (Bénarès), construite par le groupe français Engie. Samedi, les deux dirigeants avaient évoqué le délicat projet de construction d'une centrale nucléaire de six réacteurs de type EPR par le groupe français EDF à Jaitapur, sur la côte sud-ouest de l'Inde. La délégation française s'est félicitée d'une "avancée majeure" de ce dossier en discussion depuis une décennie et espère que les travaux pourront débuter fin 2018 pour cette "plus grande centrale nucléaire du monde".

Résultats concrets
En lançant l'Alliance solaire, Paris et New Delhi se présentent en pointe de la lutte contre le réchauffement climatique, en particulier après l'annonce du retrait des Etats-Unis de Donald Trump de l'accord de Paris de 2015. "Avec M. Modi, nous sommes obsédés par les résultats concrets", a déclaré M. Macron, en citant l'Indien Gandhi pour qui "une once de pratique vaut mieux qu'une tonne de discours". L'Asi veut offrir l'"écosystème" rassemblant les solutions technologiques, les ressources financières et les capacités de production de masse pour les 121 pays situés entre les tropiques du Cancer, a expliqué M. Modi. Car ces pays présentent "le paradoxe d'être les plus ensoleillés au monde tout en profitant le moins de l'énergie solaire", selon l'ex-ministre française de l'Ecologie Ségolène Royal, présente en Inde comme envoyée spéciale pour la mise en œuvre de l'Asi. L'objectif de l'Asi est de mobiliser 1.000 milliards de dollars pour développer 1 TW d'énergie solaire en 2030. L'effort français s'élèvera à un milliard d'euros de prêts et de dons d'ici à 2022, a annoncé M. Macron. "L'enjeu de cet engagement, c'est d'aller beaucoup plus vite en utilisant l'argent public pour débloquer les investissements des entreprises privées", a expliqué Rémy Rioux, directeur général de l'Agence française de développement (AFD).

Exemple indien
L'Inde est présentée comme un exemple à suivre car ce pays, troisième pollueur de la planète, veut multiplier sa production solaire par 25 en sept ans, pour la porter à 100 gigawatts (GW) en 2022. En Inde et dans plusieurs pays d'Afrique comme la Côte d'Ivoire, l'un des acteurs de ce changement est le projet Solar Mamas, qui forme des grand-mères analphabètes à l'installation de panneaux solaires, avec la mission d'électrifier au moins 50 maisons chacune dans leur village. Solar Mamas se concentre sur les grands-mères car "on est sûr qu'elles ne vont pas partir en ville dès leur formation terminée, mais bien retourner dans leur village et améliorer la vie de leur famille", explique une formatrice. "C'est en éclairant les villages que nous créerons des emplois pour les jeunes qui n'ont qu'une issue, l'immigration", a expliqué à New Delhi Mahamadou Issoufou, le président du Niger, un pays où "le taux d'électrification n'est que de 12%". Après le sommet de l'Asi et une rencontre avec la communauté française expatriée, le couple Macron rejoindra la Taj Mahal d'Agra, à 170 kilomètres au sud de la capitale indienne. Les photos de dirigeants étrangers devant le mausolée de marbre blanc du XVIIe siècle sont des incontournables des voyages officiels en Inde. Le Taj Mahal a subi ces derniers mois les foudres d'une frange des nationalistes hindous, qui renient cette construction de l'empereur moghol Shah Jahan pour sa femme morte en couches. Une controverse qui s'inscrit dans une remise en cause plus générale ces temps-ci en Inde de l'héritage musulman du pays.

Vente de six EPR à l'Inde
Paris et New Delhi ont affirmé samedi leur objectif de débuter à "la fin 2018" les travaux pour la construction en Inde de la plus "grande centrale nucléaire du monde", avec six réacteurs de type EPR. EDF et son homologue indien Nuclear Power Corporation of India (NPCIL) ont signé à New Delhi, au premier jour de la visite en Inde du président Emmanuel Macron, un accord portant sur le schéma industriel du projet de centrale de Jaitapur (côte sud-ouest). L'Elysée a indiqué espérer que l'accord définitif sur la construction de la centrale soit signé "avant la fin de l'année". Dans une déclaration commune, le président français et le Premier ministre indien Narendra Modi ont "encouragé EDF et NPCIL à accélérer les négociations contractuelles" en ce sens, en réaffirmant "l'objectif de débuter les travaux fin 2018". "Une fois achevé, le projet de Jaitapur constituera la plus grande centrale nucléaire du monde avec une capacité totale de 9,6 GW", précisent les deux dirigeants. Ce dossier très complexe est en négociation depuis une décennie et suscite une contestation locale en raison de craintes environnementales. Une manifestation de villageois s'est d'ailleurs tenue samedi sur le site. Lors de la précédente visite d'un président français en Inde, celle de François Hollande en janvier 2016, EDF et NPCIL avaient notamment signé un protocole de coopération relatif à la construction de six EPR. L'accord signé samedi "rend une marche arrière très difficile" pour la partie indienne, a estimé la présidence française, ajoutant que cette signature démontrait "la volonté" de M. Modi "d'avancer sur le sujet". Pour MM. Macron et Modi, "en plus de la fourniture d'énergie renouvelable, elle (la centrale) permettra à l'Inde d'atteindre son objectif de 40% d'énergie non fossile d'ici à 2030", selon la déclaration commune. Deuxième pays le plus peuplé au monde avec 1,25 milliard d'habitants, l'Inde est le troisième pollueur de la planète, avec 4% des émissions, et s'est engagée à la COP21 dans un vaste effort de développement des énergies renouvelables.

'Etape décisive'
"Nous sommes fiers d'accompagner la transition énergétique de l'Inde", a tweeté Jean-Bernard Lévy, le P-DG d'EDF. La signature de l'accord "marque une étape décisive" et "permet "d'envisager avec confiance la suite de ce projet capital pour l'Inde et pour EDF", a-t-il ajouté, cité dans un communiqué. Cet accord définit "le schéma industriel du projet, les rôles et responsabilités des partenaires ainsi que le calendrier prévisionnel pour les prochaines étapes", a précisé EDF dans son communiqué. EDF interviendra en tant que "fournisseur de technologie EPR" et assurera pour les deux premiers réacteurs "l'ensemble des études d'ingénierie ainsi que l'achat de composants". Pour les quatre autres, "une partie de la responsabilité des achats et des études pourra être confiée à des entreprises locales". NPCIL sera responsable de la construction de l'ensemble des six réacteurs et des infrastructures et bénéficiera durant cette phase d'une assistance d'EDF et de ses partenaires industriels, ajoute EDF. L'EPR est un réacteur nucléaire à eau pressurisée de troisième génération. EDF en construit deux exemplaires à Taishan (Chine), un autre est en cours de construction en France à Flamanville (Manche) et l'électricien français doit encore construire deux réacteurs à Hinkley Point (Angleterre). Les annonces commerciales sont toutefois à prendre avec précaution en Inde, où l'environnement des affaires est notoirement compliqué et lent. Le pays a bondi de trente places dans l'index de facilité des affaires de la Banque mondiale, mais pointe tout de même à la 100e place.


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