Nicolas Sarkozy, arrivé hier en Inde pour une visite de quatre jours, a encouragé cette "démocratie" à "prendre toute sa place dans le G20". Voici un mois, le président américain Barack Obama avait également soutenu l'Inde pour un siège permanent. Le président français a laissé entendre en outre clairement qu'un accord sur la fourniture de réacteurs nucléaires serait signé au cours de son séjour, évoquant une "concrétisation" du partenariat bilatéral conclu en septembre 2008. "Areva devient un partenaire essentiel de l'énergie nucléaire indienne", a-t-il dit dans un discours prononcé au centre de satellites de l'agence spatiale indienne (Isro). Accompagné de sept ministres et d'une cinquantaine de dirigeants d'entreprises, Nicolas Sarkozy a entamé sa visite par Bangalore, la capitale technologique du pays. Cette première étape a été l'occasion d'annoncer le lancement de nouveaux programmes de recherche communs au Cnes français et à l'Isro, son homologue indien, qui construisent déjà en commun deux satellites d'étude du climat et des océans. Mais les Français attendaient surtout de cette visite des avancées dans les négociations sur la fourniture à l'Inde de deux réacteurs nucléaires de type EPR, un projet d'un montant de l'ordre de sept milliards d'euros. Dans une interview publiée samedi par le Times of India, Nicolas Sarkozy indiquait que les discussions à ces fins entre le français Areva et le groupe nucléaire public indien NPCIL "se poursuivent et que tout est mis en oeuvre" pour une signature pendant son séjour. L'enjeu porte sur deux accords cadres, l'un lié aux travaux préparatoires à la construction des réacteurs et l'autre sur la fourniture des deux réacteurs et de leur combustible par Areva, qui devraient être signés lundi à New Delhi. Ils marqueraient une première concrétisation du protocole d'accord conclu début 2009 dans la foulée de l'accord de 2008 qui traçait la perspective - que le président français semblait considérer comme acquise dans son discours - de la fourniture d'un nombre allant jusqu'à six EPR à l'Inde. Un contrat commercial n'est toutefois pas attendu à ce stade et pourrait se heurter à une nouvelle loi indienne qui engage la responsabilité des fournisseurs d'équipements en cas d'accident d'une centrale nucléaire. Même si ses discussions politiques ne sont pas prévues avant lundi, Nicolas Sarkozy a abordé dès sa première intervention les enjeux du G20 et son souhait de voir l'Inde soutenir les priorités qu'il entend défendre lors de sa présidence de ce forum : la réforme du système monétaire international, la lutte contre la forte volatilité des cours des matières premières et la réforme de la gouvernance mondiale. Sur le dernier point, il n'a pas manqué de rappeler que la France était de longue date en faveur de l'octroi à l'Inde du statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu. Sur le second, il a demandé le "soutien des paysans indiens pour faire comprendre au monde que le prix des matières premières agricoles ou autres ne peut pas être géré uniquement par la spéculation et connaître des évolutions erratiques". Quant à la réforme du système monétaire, un sujet qui rencontre peu d'écho à ce stade en Inde, il n'a pas manqué de souligner que la roupie "comptera un jour dans le concert des grandes monnaies du monde".