La politique générale agricole à moyen et long terme est le premier dossier mis sur la table mercredi lors du Conseil des ministres réuni sous la présidence du chef de l'Etat.. C'est sur la base d'un état des lieux mettant en exergue les atouts et les faiblesses du secteur, que le rapport sur la politique agricole a tracé les perspectives de développement à moyen et long termes. Il est prévu d'inscrire ces perspectives dans le cadre de la consolidation des résultats capitalisés par le Plan national de développement agricole et rural (PNDAR), sous réserve d'ajustements fondés sur l'analyse des bilans des dernières années d'application de ce plan. Partant de ces considérations, la politique agricole va reposer, note-t-on dans le communiqué du Conseil des ministres, sur le renforcement de la sécurité alimentaire du pays qui consistera, entre autres, à donner la priorité aux produits alimentaires de base que sont le blé, le lait, les huiles, la pomme de terre, les légumes secs, les viandes rouges et blanches et les œufs. Il s'agit-là, en fait, d'une orientation qui se veut comme "réponse" à une conjoncture particulière à savoir la hausse des prix des produits de base induite par l'envolée des cours des matières premières sur le marché international. Car notre industrie agroalimentaire dépend quasi totalement du marché mondial en ce qui concerne les matières premières ; c'est le cas de la poudre de lait, la semence de la pomme de terre, le blé et les huiles alimentaires. Autrement dit, l'encouragement pour les cultures des graines oléagineuses, comme le préconise le groupe privé Cevital pour ce qui est des huiles, ou encore l'encouragement de l'élevage bovin en ce qui concerne la filière lait, constituent la seule option permettant de neutraliser l'impact des fluctuations des marchés extérieurs. Ceci dit, notre agriculture est carrément à réinventer. La formulation de toute politique agricole publique devra découler d'une évaluation aussi rigoureuse que précise des besoins actuels et futurs des populations, en partant de données chiffrées parfaitement maîtrisées. Le secteur agricole se doit de relever le défi de la production à travers la modernisation et le remembrement des terres agricoles pour créer de véritables exploitations agricoles dignes de ce nom. La mécanisation des exploitations et la fertilisation du sol, la maîtrise des itinéraires techniques de production et des actions de formation et de recherche pour améliorer les rendements sont les éléments incontournables de l'agriculture d'aujourd'hui. Cependant, cette démarche ne pourra se traduire sur le terrain si la question du foncier agricole n'est pas réglée définitivement. La question du foncier liée au statut des terres du domaine de l'Etat, dont la complexité n'échappe à personne, entrave toujours l'essor du secteur agricole. La question foncière constitue encore un obstacle à la modernisation et au développement de l'agriculture. En ce sens, il appartient au gouvernement, nonobstant le statut juridique des terres, de se pencher, d'abord, sur le statut de l'exploitation agricole dont il devra définir les contours pour en assurer l'intégrité et la viabilité, et consacrer le statut de l'exploitant agricole pour en fixer les droits, mais aussi les obligations vis-à-vis de la collectivité nationale. Les partenaires de la politique agricole ne devront pas perdre de vue que le foncier, en général, et l'agriculteur, en particulier, sont au centre de la problématique agricole. Ces deux impératifs doivent sous-tendre la démarche des concepteurs de la politique agricole à moyen et long termes.