Selon le document, l'affaire Khalifa aurait coûté au Trésor public entre 1,5 à 7 milliards de dollars. Le cabinet londonien d'intelligence économique Oxford Busines Group a présenté, samedi dans la soirée, devant un parterre composé d'hommes d'affaires, de banquiers et d'ambassadeurs, son premier rapport sur l'Algérie : “Emerging Algeria 2006”. Le document de plus de 20 pages, en langue anglaise, offre un panorama détaillé de la situation politique et économique en Algérie, tout en mettant en avant les tendances lourdes des secteurs-clés de l'économie algérienne tels que le secteur bancaire, la fiscalité, le marché financier, les assurances, l'énergie, l'industrie ou encore les systèmes d'information et de télécommunications. “Le document distribué en 45 000 exemplaires devrait devenir un outil de référence de l'information économique et financière sur l'Algérie”, souligne Oxford Busines Group, qui explique que l'objectif principal de l'étude diffusée à l'international — Europe, Moyen-Orient et Amérique du Nord principalement — est de montrer la diversité du potentiel économique et financier algérien. L'étude présente également en détail les tenants de la réforme bancaire. Après avoir dressé un état des lieux du secteur, les analystes d'Oxford Busines School présentent les principales évolutions attendues en 2006, et les conséquences importantes que ces changements peuvent avoir sur l'ensemble de l'économie. En outre, Emerging Algeria 2006 publie dans ses colonnes des interviews avec le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, le ministre des Finances, Mourad Medelci, le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, le ministre délégué à la Réforme financière, et le ministre des Transports Mohamed Maghlaoui, le président de la Cosob M. Ali Sadmi, ainsi que des points de vue de certains chefs d'entreprise dont le P-DG de Cevital. Le secteur financier ne joue pas son rôle Le rédacteur en chef d' Oxford Busines Group en présentant “Emerging Algeria 2006” souligne que “le secteur bancaire est à la traîne”, en matière de réforme, en termes de portefeuille et de concurrence. “Le secteur bancaire algérien a changé de manière significative depuis 1995, mais il lui reste beaucoup de chemin à parcourir”, lit-on dans le rapport. C'est aussi le cas pour le secteur des assurances dont le taux de pénétration n'est que de 0,7 alors qu'il est estimé à 2,4 au Maroc. Le rapport fait référence à l'instruction du Chef du gouvernement, prise en août 2004 qui empêche les entreprises publiques de placer leurs fonds dans les banques privées. Le document souligne que la mesure est présentée comme une précaution au lendemain du scandale d'El Khalifa Bank. “Le justificatif est fallacieux, car il est fondé sur l'hypothèse incertaine que les filiales de groupe bancaire présentent les mêmes risques que les banques à capitaux nationaux”. Le document rapporte que l'affaire Khalifa aurait coûté au Trésor public entre 1,5 milliards de dollars à 7 milliards de dollars. Pour Oxford Busines Group, la réforme financière et bancaire avance, même si le rédacteur en chef d'OBG estime que “le secteur financier ne joue pas son rôle”. “La privatisation va de l'avant lentement, mais sûrement”, lit-on dans le document. Le processus de privatisation du CPA sera normalement achevé avant la fin de l'année. Oxford Busines Group insiste sur la nécessité de revoir “complètement” l'environnement lié à l'investissement. Le manque d'informations fiables sur les marchés et les sociétés constitue un véritable obstacle à l'investissement. Le rapport évoque l'urgence d'une nouvelle législation du travail. “L'Algérie a besoin d'un marché de travail beaucoup plus souple et plus régulé”, explique OBG, soulignant l'existence d'une population jeune qui “exerce une grande pression sur le marché du travail”. Mais au-delà des textes de loi, c'est leur application qui pose problème. Du coup, Oxford Business Group parle de la faiblesse de la gouvernance, du manque de responsabilité au niveau du gestionnaire moyen et de structure du marché non compétitive. Dès lors la mise en place d'autorité compétente et efficace s'impose. Oxford Busines Group met l'accent sur la nécessité de réformer l'enseignement mettant l'accent sur les langues étrangères. L'étude ne sous-estime pas l'importance du secteur de l'énergie qui demeure l'activité phare avec près de 40% de la valeur ajoutée, et dont les revenus alimentent la demande intérieure et donc la croissance. Elle met cependant en avant des initiatives fondamentales de projets de développement agricole, d'initiatives touristiques, de développement dans les télécoms ou encore de grands projets industriels. Huit mois de recherche en Algérie ont été nécessaires pour les experts d'Oxford Business Group pour confectionner ce travail de 200 pages sur l'Algérie. Le président d'Oxford Business Group, M. Kenneth Jeffreys, a souligné qu'“à peine achevé, le rapport sur l'Algérie a suscité une très forte demande de la part d'hommes d'affaires à travers le monde”. M. R.